La Lettre de l’ASES

Association des Sociologues Enseignants du Supérieur

30

décembre

2001

 

2001 - Une année mouvementée !

par Daniel Filâtre, président de l'ASES 3

L'enseignement de la sociologie face aux réformes pédagogiques : questions autour de l'évaluation après la réforme Bayrou sur le devenir professionnel des étudiants en sociologie.

par Charles Soulié et Charles Gadéa 15

Informations sur le CNU par J.-Y. Trépos

Bilan des sessions du CNU en 2001 37

La refondation de la Société Française de Sociologie : compte-rendu

Compte-rendu de la réunion du 26 octobre 46

Vie de l'ASES : "l'affaire Teissier"

Assemblée générale annuelle 48

Compte-rendu du CA élargi du 14 juin et du 6 octobre 2001 49


Prochaine rencontre publique de l'ASES

Faire une thèse : les doctorants parlent

19 janvier 2002 Sorbonne Amphi Durkheim 10h00

La lettre de l’ASES est le bulletin de liaison de l’ASES

Association des Sociologues Enseignants du Supérieur

Cette association Loi 1901 a été fondée en 1989 pour "défendre, améliorer et promouvoir l’enseignement de la sociologie. Elle vise à rassembler, à des fins d’information, de réflexion, de concertation et de proposition, les enseignants-chercheurs et les enseignants de sociologie en poste dans les universités et les établissements d’enseignement supérieur assimilés"

Le Conseil d’administration en est actuellement le suivant :

Régine Bercot

Yeza Boulhabel-Villac

François Cardi

Philippe Cibois (secrétaire général,
chargé du bulletin)

Sylvette Denèfle

Michèle Dion (trésorière)

Claude Dubar

Francis Farrugia

Daniel Filâtre (président)

Charles Gadéa

Sandrine Garcia

Suzie Guth

Monique Hirschhorn

Yvon Lamy

Salvatore Maugeri

Monique Legrand

Jean-Luc Richard

Nicole Roux

Patrick Trabal

Jean-Yves Trépos

Rédaction de la Lettre de l’ASES : c/o Philippe Cibois

22 bis rue des Essertes, 94140 ALFORTVILLE

tel/fax 01 43 75 26 63 ; cibois@francenet.fr

 

Contribution du Président de l’ASES pour La Lettre de l’ASES

Décembre 2001

2001 - Une année mouvementée !

L’année 2001 s’achève avec la parution de ce numéro 30 de La Lettre de l’ASES. Un an s’est écoulé depuis le numéro précédent et beaucoup d’entre vous ont déploré ce long silence. Que s’est-il donc passé ?

Chacun sait que la vie d’une association repose sur l’engagement de ses membres actifs. A l’ASES, ce sont les membres du Conseil d’administration qui préparent les débats et les rencontres, répondent aux demandes extérieures, organisent la publication de La Lettre de l’ASES, défendent avec d’autres bien sûr la place de la sociologie, animent les réseaux régionaux, informent les collègues de la 19° section, préparent et organisent la publication de l’annuaire… Vous ne serez donc pas étonnés d’apprendre que nous avons connu cette année une activité particulièrement soutenue. Ce numéro de la revue aurait dû paraître au printemps dernier comme prévu. Mais nous fûmes occupés par d’autres affaires qui ne nous ont pas permis d’en achever la préparation. Aussi avons nous décidé, lors du Conseil d’administration du 12 mai dernier, de reporter sa parution pour cet été, puis en octobre dernier de l’annuler in fine, faute d’avoir pu rattraper notre retard. Il manquera donc un numéro de notre revue qui aurait rendu compte des activités de notre association pour la fin 2000. Je me contenterai simplement ici de rappeler certaines étapes importantes qui ont marqué en 2001 la vie de l’ASES et celle de notre milieu professionnel.

Le débat public organisé par l’ASES en janvier 2001 " Situations locales et pratiques de recherche "

Comme je l’avais indiqué lors du rapport moral présenté en mars 2000 (voir La Lettre de l’ASES, n°29), nous avions décidé d’engager des réflexions autour des conditions d’exercice de notre métier dans les universités ou les établissements assimilés et parallèlement sur la composition de la communauté professionnelle des enseignants-chercheurs en sociologie-démographie et ses différenciations. Parce que ces questions méritaient d’être abordées à partir d’enjeux précis et que le débat sur la pratique de recherche dans les universités (rencontre du 18 mars 2000) avaient souligné cette diversité, nous avions décidé de faire porter notre rencontre de janvier 2001 sur le thème suivant " Situations locales et pratiques de recherche ". Ce débat s’est déroulé le samedi matin 20 janvier 2001, toujours dans cet amphi Durkheim de la Sorbonne, autour de trois interventions.

Tout d’abord, nous avons présenté, Philippe Cibois et moi-même, à partir d’une exploitation des données du ministère concernant l’ensemble des maîtres de conférences et des professeurs de la 19° section du CNU, un premier portrait des universités françaises en matière de recherche et de potentiel humain pour la sociologie. Quelques données marquantes qui donnent une première vision de la sociologie universitaire française en janvier 2000 (hors chercheurs CNRS ou autres): 633 enseignants-chercheurs dont 196 professeurs et 437 maîtres de conférences – les 2/3 d’hommes avec une sur-représentation des professeurs hommes (77,6% H et 22,4% F. alors que l’on notait respectivement 61.6% et 38,4% pour les Mcf) – un âge moyen de 49,8 ans dont 55,2 pour les professeurs et 47,4 pour les maîtres de conférences – des écarts très significatifs entre les universités que ce soit pour le rapport Pr/Mcf, la parité ou l’âge moyen). Ces premiers constats ont été affinés par Philippe Cibois notamment en croisant les écarts à la moyenne sur deux variables importantes : le rapport H/F et Mcf/Pr.

Ce panorama dont les résultats seront bientôt disponibles sur le prochain site remanié de l’ASES a entraîné une première discussion passionnante et un souhait : approfondir ces données pour augmenter de manière conséquente notre connaissance d’un milieu professionnel finalement numériquement assez faible mais très hétérogène si l’on y introduit la variable site. Appliquée aux activités de recherche, cette variable territoriale a confirmé si besoin était une grande disparité quant à l’organisation de la recherche. En ne considérant que les laboratoires reconnus par la DS7 de la MSU (essentiellement pour la sociologie et l’anthropologie), on voit se dessiner des situations bien différentes avec des universités où les sociologues disposent d’un ou de plusieurs laboratoires fortement structurés et d’autres situations où de toute évidence la pratique de recherche nécessite d’autres investissements. Nous connaissions cet état de fait notamment lors des débats de l’ASES où souvent de nombreux collègues nous livrent leur sentiment de vivre dans une autre université, bien éloignés des contextes parisiens ou des grandes universités de province.

Le second exposé présenté par Sandrine Garcia et Salvatore Maugeri a renforcé ces premiers constats. Issues de l’enquête qu’ils avaient lancée et à laquelle nombreux avaient répondu, leurs données font apparaître de manière renforcée les disparités précédemment esquissées mais surtout une situation assez grave où un très grand nombre d’enseignants-chercheurs se trouvent écrasés par de multiples tâches pédagogiques, administratives, de représentation et d’animation. Il s’en suit très souvent une recherche morcelée, " rognée " presque une recherche " d’urgence ". Pour plusieurs collègues, cette situation nouvelle mais progressive, caractéristique de l’université de masse et des multiples réformes successives qui l’ont marquée ces dix dernières années, aboutit à une remise en cause du droit de l’activité de recherche elle-même. Le débat qui s’en est suivi a été tellement riche qu’il est impossible de le restituer ici. Quelques lignes d’interrogation seulement. Comment assumer les différentes missions inscrites dans nos statuts? Comment articuler recherche fondamentale et recherche appliquée? Pourquoi si peu de délégation au CNRS ? Quelle réforme possible avec la R.T.T. ? Comment faire évoluer notre métier ?

La troisième intervention s’appuyait sur un ensemble de réflexions de Claude Dubar à partir de son expérience de directeur de laboratoire. Parce que c’est la recherche qui donne sens à notre activité professionnelle et qu’il devient encore plus urgent d’en repenser les règles de fonctionnement et les modes d’organisation, cet exposé a permis de débattre de manière concrète et distanciée des évolutions possibles sur de nombreux points : l’organisation d’un laboratoire, la répartition des charges, la constitution des équipes et des programmes, le rôle des ateliers de recherche, la formation et l’insertion des doctorants, les liens avec l’enseignement… Les partages d’expériences qui s’en sont suivi et les discussions ont finalement rendu encore plus urgente, si besoin était, la nécessité d’informer, de débattre, d’échanger et surtout d’agir auprès des structures concernées sur les conditions dans lesquelles les sociologues universitaires peuvent poursuivre des activités de recherche de qualité.

La réunion du CA qui a suivi cette rencontre a évidemment porté sur le rôle de l’ASES qui nous est apparu majeur. Comment mieux organiser à l’avenir nos actions ? Comment mieux informer ? Comment revendiquer auprès des instances publiques adéquates, C.P.U. – M.E.N. – C.N.R.S…. ? La position de Président m’autorise à souligner l’excellente qualité de nos rencontres. Plus que jamais sans doute, cette rencontre sur les situations et les pratiques de recherche n’a mis en évidence la légitimité et la justesse du pari qui a été fait il y a plus de 10 ans sur les missions de l’ASES : socialiser et structurer notre milieu professionnel, informer, débattre et proposer des règles communes, et surtout réfléchir aux évolutions en cours ou à venir en revendiquant la prise en compte des nos intérêts et de nos positions. Les exposés et les débats de ce 20 janvier valident parfaitement ces choix et l’urgence d’aller plus avant. L’utilisation des résultats d’une enquête a constitué une innovation à poursuivre de toute évidence, à peaufiner également. A mon sens, ils élargissent le débat dans un amphi Durkheim parfois trop éloigné de ceux et celles qui, trop distants (es) ou occupés (es), ne peuvent être présents (es). Comment soutenir des débats de ce type en Province ? Comment élargir ces discussions ? Comment accentuer notre évaluation des situations réelles dans lesquelles les sociologues enseignent et poursuivent leurs activités de recherche ?

Manifestement, l’ensemble des membres du C.A. sommes convaincus de l’urgence d’approfondir la connaissance et la mise en discussion des conditions et des enjeux dans lesquels nous inscrivons nos pratiques. Le choix des thèmes de nos débats n’est pas anodin. En allant au-delà des questions pédagogiques et de carrière, nous abordons depuis quelque temps les marges d’un espace à la fois plus collectif et individuel, la recherche et son environnement. C’est pourquoi nous avions décidé de programmer fin 2001 et début 2002, deux rencontres l’une sur le statut des doctorants et l’autre sur l’évaluation de la recherche (Thèse, Habilitation … ). La suite de l’actualité soulignera le bien-fondé de cette mise en agenda.

L’ASES dans la tourmente de " l’affaire Tessier "

Je ne sais quelle capacité de prédiction nous a conduit à réfléchir en janvier 2001 sur les pratiques de recherche et à poser l’urgence de mieux réfléchir à la disparité des situations locales ? L’actualité du printemps devait de toute évidence renforcer la légitimité de ce débat. Je ne reprendrai pas ici toute l’affaire Teissier. Vous en connaissez les étapes et sans doute l’essentiel des prises de position des sociologues. Je pense par contre qu’il est indispensable de situer la place de l’ASES dans cette affaire. Je rappellerai donc rapidement l’essentiel. Pour le reste, il vous appartient d’aller visiter notre site si vous ne l’avez pas encore fait.

Le 5 avril dernier, Madame Germaine Hanselmann (dite Elisabeth Teissier), astrologue médiatique très connue, soutient une thèse de sociologie sur l’épistémologie de l’astrologie à Paris V Sorbonne. A ce moment, une dynamique s’empare des médias ce qui permet au public d’apprendre l’événement. A cette occasion, cette doctorante obtient le garde de docteur en sociologie de l’université de Paris V et proclame qu’ainsi l’astrologie devient une science sociale et rentre à l’université après en avoir été chassée. Très vite, un débat s’instaure. Nous recevons au niveau du secrétariat de l’ASES des réactions de collègues scandalisés ou inquiets. Nos collègues Christian Baudelot et Roger Establet publient un papier dans le Monde le 17 avril. Alain Bourdin publiera dans Libération un autre papier défendant une position différente. A ce moment, par des échanges de courrier électronique, nous sommes persuadés que cette thèse est problématique au regard de nos principes et que les propos tenus par cette personne posent un problème sérieux à notre communauté. Dès le 17 avril, nous commençons à réfléchir à une réaction et à envisager une pétition ASES dénonçant les déclarations d’Elisabeth Teissier et demandant au Président de Paris V de surseoir à l’attribution du grade de docteur en sociologie dans l’attente d’une expertise indépendante. Nous adressons ce projet de pétition aux membres du CA, à quelques autres occupant ou ayant occupé des positions " institutionnelles " et à quelques collègues de Paris V. Les réactions sont dans l’ensemble favorables avec quelques divergences ce qui est normal. Nous refusons de nous attaquer nommément au directeur de la thèse ou aux membres du jury et le vendredi 20 avril, nous lançons cette pétition par le réseau ASES. Les réaction sont rapides. Dès le 25 avril, nous sommes à plus de 250 signatures. Pendant ce temps, le débat continue soit dans les journaux, soit à l’ASES et bien sûr dans d’autres lieux.. Le 30 avril, nous adressons le texte de la pétition et la liste de ses 300 signataires à la presse et dans une lettre ouverte au Président de Paris V.

Pendant ce temps, nous avons un débat au sein du CA de l’ASES sur la suite à donner à la pétition. Doit-on la publier à nos frais ? Cette pétition est-elle celle de l’ASES ou seulement à l’initiative de l’ASES. Après analyse plus fine, on constate que sur les 300 signataires, 55 sont membres de l’ASES. Nous recevons également des réactions de sociologues universitaires qui adoptent une autre position que celle que nous avons proposée dans le texte de la pétition. En clair quatre positions se dégagent :

- ceux qui soutiennent la pétition

- ceux qui en accord avec les prises de positions développées ont réservé leur engagement tant qu’ils n’avaient pas lu la thèse en question 

- ceux qui ont craint qu’une telle démarche ne soit interprétée comme une chasse aux sorcières 

- d’autres enfin ont considéré que l’humour ou l’ignorance constituaient une voie plus efficace.

A ce moment là, nous décidons d’ouvrir un site (Merci Philippe !) pour informer ceux qui le désirent et de faire de la rencontre du 12 mai qui devait porter sur l’évaluation en DEUG un débat ASES, très large sur cette affaire.

Par la suite, on voit apparaître d’autres articles dans la presse : ceux du directeur de thèse et d’un membre du jury, celui de Jean Copans et celui d’Odile Piriou. Pendant ce temps, nous avons connaissance du résumé de cette thèse, édifiant et qui conforte la justesse de nos positions. Certains collègues commence à lire la thèse en question. Philippe envisage d’en publier des extraits sur le site de l’ASES. Enfin, le 6 mai, le journal Le Monde publie une page sur cette affaire. La stupeur nous gagne lorsque l’on découvre que le journaliste ne mentionne à aucun moment notre démarche réduisant l’affaire Teissier à un débat entre sociologie compréhensive dont Maffesoli serait le chantre et sociologie rationaliste avec Baudelot et Establet et dénonçant nos fractures. Nous réagissons vivement par un courrier adressé au Monde dès le 7 mai, réaction que le journal n’a pas publiée (voir notre site). Parallèlement, j’ai un échange téléphonique avec le Président de Paris V, bien embarrassé par cette affaire mais contraint à ne pas pouvoir s’opposer à l’attribution du grade de docteur à Madame Hanselman puisque toutes les procédures ont été respectées et que dans ce cas, le jury reste souverain. Et bien évidemment, il renvoie la balle dans notre camp.

Cette chronologie n’a d’intérêt que de rappeler à ceux qui ne l’auraient pas eu, l’essentiel des éléments de cette affaire. Quel bilan peut-on en tirer ?

Il ne m’appartient pas ici d’en débattre sur le fond. Mais je pense que nous sortons plus forts de cet événement parce que si l’ASES a pris plusieurs initiatives en correspondance avec ses missions et son originalité, elle n’a jamais adopté ici ou ailleurs une politique unique. Nous avons pris l’initiative d’une pétition visant essentiellement deux choses : dénoncer une dérive médiatique et des propos inacceptables d’une part, et d’autre part, mieux évaluer ce qui se passait. Cette pétition a entraîné de nombreuses discussions, des réactions vives parfois, des interrogations. Nos messageries électroniques ont tourné à plein régime! Tout ceci était-il nécessaire ? Ma réponse est oui sans aucune hésitation.

Il eut été inacceptable que nous ne réagissions pas collectivement. Il eut été tout aussi impensable que nous ne permettions pas qu’il y ait débat. Certains nous ont condamné de ne pas être plus vindicatifs. D’autres à l’inverse de pilonner un travail scientifique sans l’avoir lu. Si l’on relit avec attention le texte de la pétition, on voit que la position que nous avons adoptée ensemble (au sein du C.A.) laisse place à beaucoup de réserves et de prudence mais aussi à des mises en question essentielles. Le texte a recueilli in fine 400 signatures.

Pourquoi ce débat est-il resté limité à notre seule communauté ? Il est vrai que nous n’avons pas publié notre texte et la liste des signataires. Il a été envoyé à la presse pour information. Mais il n’était pas la position officielle de l’ASES. J’ai indiqué ci-dessus les positions divergentes de la communauté des sociologues universitaires français. Nous devions les respecter et conserver les principes politiques de notre association. A mon sens, l’issue immédiate de cette affaire a eu lieu lors de notre rencontre-débat du 17 mai à ParisV. La salle était plus comble qu’à l’ordinaire. Beaucoup était présents. Une légère tension dans l’air due à la présence non prévue de Michel Mafessoli dont je dois saluer ici le courage d’avoir accepté ainsi de débattre. Nous avions choisi deux exposés contadictoires, l’un par Christian Baudelot et l’autre par Lucien Karpik que je remercie également et dont je salue la qualité critique. Trois questions cadraient notre rencontre :

- peut-il y avoir de notre part ou d’un groupe d’entre nous condamnation d’un travail de thèse que des collègues dûment patentés ont validé en respectant les procédures légales?

- quels arguments peut-on invoquer dans ce cadre ? Détournement scientifique – écart par rapport à une règle dogmatique – préjudice à la discipline – remise en cause d’une compétence…

- enfin, quelles armes pouvons nous mettre en place collectivement ? Quelles sont nos capacités de réaction collective et de régulation ?

Impossible là encore de tout restituer et toujours le même regret de réserver ces débats aux seuls présents. C’est évidemment tout l’intérêt de La Lettre de l’ASES. C’est aussi la raison qui me pousse à écrire plus longuement dans ce présent numéro.

Je soulignerai d’abord la qualité de cette réunion et l’excellente tenue des propos qui furent très divers, parfois vifs, d’autres fois plus distanciés. Trois pôles les ont construits.

Le premier autour de la mobilisation, du jugement collectif et des prises de position à partir de cet évènement. Chance pour notre discipline ou boite de Pandore qui libère tous les vieux démons, l’affaire "Teissier " donne à voir l’émergence d’un espace public autour de la sociologie et des sociologues mais aussi les limites de notre capacité d’action collective. Le second sur le statut de la discipline. Débattre de la thèse d’Elisabeth Teissier, c’est évidemment débattre de ce qu’est aussi la sociologie. Quels doivent être ses fondements ? Quelles relations vis à vis des autres approches disciplinaires? Pour certains, la sociologie est apparu comme le dindon des sciences dures. Pour d’autres, elle serait facilement instrumentalisée. Le troisième porte sur les normes professionnelles et les écarts à ces normes. Que doit être une thèse ? Pourquoi si peu de formalisation quant aux attentes ? Certains ont souligné le rôle fondamental du CNU et de l’ASES. D’autres ont stigmatisé l’existence de pratiques publiquement dénoncées et régulièrement validées. D’autres enfin ont revendiqué l’existence de débats plus clairs et transparents sur l’évaluation de l’activité scientifique.

C’est à mon sens sur ce chantier à venir que s’est terminé la rencontre. Et là, nous avions déjà dépassé l’affaire Teissier.

Les nouvelles orientations

Si l’on relit l’actualité de l’ASES de ces deux dernières années, on est contraint de constater un changement d’échelle dans les objectifs et les formes d’action mises en œuvre. L’affaire " Teissier " accentue encore ce processus pour deux raisons essentielles : elle oblige à hâter l’organisation de notre milieu professionnel autant pour la définition de nouvelles normes et règles que pour l’affirmation d’un cadre collectif d’action ; mais la mise en cause publique de ce que peut et doit être une thèse en sociologie nous contraint aussi à investir plus avant un domaine considéré jusque là comme du seul ressort du directeur de thèse. A la suite de la rencontre du 12 mai, il est apparu évident aux membres du CA que nous devions poursuivre nos échanges sur ce thème. Concevoir ensemble des normes sur la thèse et son évaluation, recadrer les modalités dans lesquelles les doctorants en sociologie préparent leur thèse, revenir même sur le mode d’encadrement des thèses étaient les lignes de réflexion que nous avions envie de mettre en œuvre pour les années futures. C’est pourquoi nous avons convoqué pour le 14 juin une réunion extraordinaire d’un CA sur ce thème en l’élargissant aux anciens responsables de l’association et en prenant en compte les contributions de plusieurs d’entre vous qui nous sont parvenues par le courrier électronique.

On ne sera pas étonné de la difficulté de l’exercice qui s’ouvre à nous. Débattre des normes d’une thèse, c’est aussi aborder les formes de régulation possibles : faut-il instituer des comités de thèses ? faut-il clarifier les frontières avec les autres disciplines ? faut-il codifier le statut et les contours précis de ce qui constitue un travail scientifique ? Comment définir le travail de co-encadrement d’une thèse ? Qui plus est, ces débats à venir posent aussi la question du rôle des équipes de recherche, des écoles doctorales, des conseils scientifiques des universités ! Dans un autre ordre d’idée, se pose bien évidemment la question de l’utilité de la thèse : doit-il s’agir d’un exercice académique ou professionnel ? Quelle est exactement la nature des compétences acquises qui se trouvent validées ?

Si ces questions ne sont pas nouvelles, les poser de manière publique dans le cadre de l’ASES leur donne une toute autre dimension. Au cours de la réunion du 14 juin, nous avons abordé longuement le rôle de notre association. Que doit-il être ? Pour certains, l’ASES est devenu peu à peu une sorte d’autorité morale où sont préconisées un certain nombre de règles et de référents déontologiques. C’est peut-être vrai mais je pense que c’est surtout la responsabilité qu’a pris depuis quelques années le CNU. L’ASES joue ici un rôle extérieur où se construisent en amont et se diffusent en aval ces règles et ces normes. Elle peut et doit sans doute se faire porteur d’un certain nombre de recommandations. Mais elle doit surtout engager ces débats et les enrichir.

C’est dans cette perspective que nous avons décidé de programmer pour l’année 2002 une suite de trois rencontres sur ce thème :

- en janvier (le 19), faire une thèse de sociologie : Quel est le statut du doctorant ? sa situation ? comment se passe la chartre des thèses ? Quels sont les rapports avec le directeur ou la directrice de thèse ? Quel rôle joue le laboratoire ?

- en mars (le 23), évaluer une thèse de sociologie : Que se passe-t-il réellement ? Y-a-t-il un cadre normatif précis ou des écoles différenciées ? Quelle doit être la composition du jury ? Que dire des rapports de soutenance ?

- en octobre (à définir), encadrer une thèse de sociologie : Comment préparer un doctorant (e) à la réalisation d’une thèse ? Que se passe-t-il dans ce face à face ou ce collectif ? Quel rôle exact pour le directeur ou la directrice de thèse ?Y a-t-il des expérimentations à faire partager ? Comment appliquer la chartre des thèses ?

Ces rencontres se préparent déjà et vous avez dû être contactés par Nicole Roux ou Salvatore Maugeri qui ont lancé une enquête sur le premier thème auprès des doctorants. La préparation de ces rencontres débats commencent à se codifier elle aussi. Nous nous efforçons de mener à l’avance des investigations soit sous forme de mini-enquêtes, soit sous forme de témoignages ou encore d’exposé d’un travail réalisé ou d’un rapport sur le thème. Pour la seconde journée, il est prévu de travailler à partir d’une étude sur les rapports de soutenance de thèses.

Pour l’année 2002, l’ensemble des membres du CA ont exprimé le souhait que des initiatives de débats se mettent en place dans les universités ou bien dans les réseaux régionaux. Le site est également à votre disposition. A terme, nous mettrons sûrement en place un forum qui désenclavera la province! De mon côté, j’invite à ce que s’engage ici et là une dynamique forte sur ce thème, des expérimentations, des débats, des remontées. Si l’ASES doit prendre par ce moyen un nouvel élan, elle ne saurait limiter son action à la question de la thèse. Les chantiers à ouvrir sont nombreux : la pédagogie, les revues, les normes d’encadrement, les relations avec les instances d’évaluation, le gouvernement des universités… Le 6 octobre dernier, nous avons abordé l’évaluation des étudiants en DEUG de sociologie et les effets des réformes. Rencontre passionnante dont vous trouverez ici le compte-rendu. Mais, il n’est pas possible d’achever ce papier sans rendre compte un instant d’une dernière manifestation récente qui, de mon point de vue, est fort importante et symbolique pour la sociologie française.

L’ASES et ses consœurs. Quelle organisation à venir du milieu des sociologues français ?

Lors du rapport moral présenté lors de l’assemblée générale du 18 mars 2000 (voir La Lettre de l’ASES n°29), j’annonçais que nous devions réfléchir aux relations à établir avec d’autres structures proches : l’association des enseignants de sciences économiques et sociales, la société française de sociologie (SFS), l’association européenne de sociologie (AES), l’association internationale de sociologie (AIS), l’association internationale des sociologues de langue française (AISLF)… Dans cet esprit, nous avions donné notre accord pour une rencontre à l’initiative de la SFS et avec la participation de l’ASES et de l’AISLF sur la difficile question de l’internationalisation de la recherche. A la fin de l’automne dernier, Claude Dubar, membre du conseil d’administration de l’ASES et nouveau président de la SFS nous a proposé de réfléchir ensemble à la conjoncture théorique de la sociologie en Allemagne, Royaume Uni et France en visant à nous interroger sur l’existence ou non d’une épistémologie commune à la recherche sociologique dans ces trois pays européens dont les chercheurs sont amenés à coopérer de manière plus intense. C’est évidemment avec un grand enthousiasme que l’ASES a donné un feu vert total à cette première que constituait la préparation d’un séminaire organisé en France avec plusieurs associations de sociologie sur un thème aussi essentiel. Pour diverses raisons, ce projet a dû être annulé : problèmes de financement et en parallèle difficultés internes à la Société Française de Sociologie. C’est alors que Claude Dubar a proposé de maintenir cette réunion regroupant nos trois associations en présentant un nouveau thème rendu urgent par la situation interne de la SFS : " pour un renouveau de l’organisation de la profession de sociologue en France ". J’ai donné mon accord total pour cette rencontre qui a eu lieu le 26 octobre dernier ; je devrais même dire mon enthousiasme partagé par Philippe, notre secrétaire général et par les membres du Conseil d’Administration de l’ASES. De son côté, Daniel Mercure, professeur à l’université de Laval à Québec et Président de l’AISLF a maintenu son voyage et confirmé sa venue.

Je dois saluer ici l’initiative et le courage de Claude, car la journée du 26 octobre fût, de mon point de vue, une grande rencontre pour la communauté des sociologues français. Nous étions plus de 120 réunis dans la grande salle de l’IRESCO ce matin là, sans trop vraiment connaître quelle serait l’issue de la réunion. Dès le début, l’objet était annoncé : Comment comprendre le relatif échec de la SFS ? Ne fallait-il pas profiter de la situation difficile que traverse la Société française pour repenser l’organisation collective de la sociologie et des sociologues. Quelle coordination ? Quelle structuration ? Fallait-il fusionner l’ASES et la SFS ?

Je ne reviendrais pas sur le programme fort bien pensé de la journée. Les exposés sur l’histoire de chaque association, les témoignages sur l’organisation de la profession dans les autres pays européens et nord-américains, les débats nombreux me sont apparus passionnants. Assez vite, l’idée d’une fusion entre ASES et SFS a été écartée et je suis de ceux qui pensent que ce serait pour le moment une erreur. L’ASES en tant qu’association professionnelle marche bien et répond à un vrai besoin. L’absence d’enjeux de carrière lui permet de développer un débat de plus en plus riche sur nos activités et nos modes de fonctionnement. L’affaire " Teissier " a mis en évidence son rôle essentiel de structuration et de socialisation. Certes, elle ne s’adresse qu’aux enseignants chercheurs. Peut-être faudra-t-il étendre son champ d’action également aux chercheurs ! De son côté, l’AISLF va bien et sa position internationale la place pour partie en dehors de ce débat, même si elle ne saurait s’en distancier. Par contre, l’existence d’une association scientifique des sociologues français est désormais posée publiquement. C’est toute la richesse de cette journée !

Faut-il laisser mourir la SFS ou engager son renouveau ? Il me semble que l’on s’oriente vers cette seconde voie. Les membres de la SFS sont conviés à une assemblée générale extraordinaire le 21 décembre prochain. En quittant le statut de société savante pour s’engager vers une action collective ouverte et dynamique, la SFS et les débats du 26 octobre dernier nous mettent tous au défi du dialogue et de l’innovation. D’ores et déjà, l’idée d’un colloque en 2002 sur ce thème est annoncée. Il sera déterminant car il portera sur l’organisation à venir de notre profession, celles des sociologues chercheurs, enseignants chercheurs et praticiens. L’ASES y prendra toute sa part comme beaucoup parmi nous, j’en suis convaincu.

Dans le numéro 28 de La Lettre de l’ASES, en juin 2000, j’annonçais des changements en cours dans le microcosme des sociologues. Je ne pensais pas si bien dire ! L’année 2001 aura été une année mouvementée pour les sociologues. J’en suis heureux !

Je ne vous présente pas l’organisation de ce numéro. Simplement, je vous souhaite une bonne lecture et de joyeuses fêtes de fin d’année.

Bien cordialement !

Daniel Filâtre

Président de l’ASES.

 

***

 

 

Site de l'ASES sur Internet

L'ancienne adresse reste toujours valide mais on peut y accéder d'une manière plus simple en utilisant l'adresse suivante :
http://www.printemps.uvsq.fr/ases.htm

Ou encore www.printemps.uvsq rubrique "liens"

Le site actuel ne reflète que l'affaire Teissier, le site sera rénové et disponible au milieu du mois de janvier 2002

Rencontre publique de l'ASES
du 6 Octobre 2001
L'enseignement de la sociologie face aux réformes pédagogiques : questions autour de l'évaluation après la réforme Bayrou

Contribution de Charles Soulié

Contribution de Charles Gadéa

Conte-rendu du débat

LES ETUDIANTS EN SOCIOLOGIE D’AUJOURD’HUI :

Matériaux pour une histoire disciplinaire

Charles Soulié

(charles.soulie@wanadoo.fr)

" Science, d’où prévoyance ; prévoyance d’où action. " A.Comte

Afin de contextualiser, tant socialement qu’historiquement, les débats relatifs aux questions d’évaluation après la réforme Bayrou, il nous semble important de fournir au préalable quelques données chiffrées relatives aux transformations récentes du public étudiant en sociologie. En effet, il est clair que les effets de cette réforme sont relativement variables selon les départements, disciplines, comme les établissements, qui la " réfractent " en quelque sorte en fonction de leurs traditions pédagogiques respectives, elles mêmes solidaires de leur régime démographique, des caractéristiques sociales et scolaires de leurs étudiants comme des enseignants, de leurs débouchés professionnels modaux, de leur position relative dans les différents espaces d’appartenance possibles, etc. L’objectif de cet article est simplement d’ouvrir quelques pistes, destinées à être prolongées dans des travaux ultérieurs.

La sociologie, une discipline de 1er cycle

En 1998/1999, 49,5% des étudiants de lettres et sciences humaines sont inscrits en premier cycle (Cf. Tableau n°1). Mais c’est le cas de 65,6% des étudiants de L.E.A (Langues Etrangères Appliquées), 56,4% des étudiants de psychologie, 54% des étudiants en sociologie contre, par exemple, 48,2% des étudiants en histoire, ou 39,4% de ceux en philosophie. Comparant philosophie et sociologie, on note d’ailleurs que la philosophie compte plus d’étudiants en second qu’en premier cycle. A l’inverse en sociologie, les effectifs diminuent de près de moitié du premier au second cycle. Avec les L.E.A, la sociologie est la discipline de lettres et sciences humaines où la décrue est la plus forte entre ces deux cycles. A croire que, contrairement à la philosophie, la sociologie soit une discipline particulièrement sélective en 1er cycle…

Globalement, on peut opposer les disciplines d’enseignement les plus canoniques (philosophie, lettres, histoire, etc.) manifestement structurées autour de leur second cycle et des concours de recrutement de l’enseignement secondaire, - lesquels concours fournissent à leurs enseignants, généralement passés par là, une échelle implicite d’évaluation des travaux étudiants, ainsi que des principes de structuration a priori des programmes d’enseignement -, à des disciplines plus modernes comme la psychologie, la sociologie, les L.E.A, aux débouchés professionnels plus incertains, mais aussi les arts et les langues, où le 1er cycle tient une place prépondérante. Mais ces chiffres nationaux se modulent ensuite en fonction des universités. Par exemple en 1998, 36% seulement des étudiants en sociologie de l’université de Paris V étaient inscrits en D.E.U.G, contre 65,2% de ceux de l’université de Rouen, ce qui se répercute ensuite sur le ratio maîtres de conférences/professeurs. De même, on peut penser au cas de l’E.H.E.S.S, qui est le plus important producteur de thèses de sociologie de France.

La sociologie a donc, et plus spécialement en province, un profil de discipline de 1er cycle, ce qui s’explique à la fois par son recrutement étudiant, comme par leurs objectifs professionnels. Ainsi, près de la moitié des étudiants du D.E.U.G de sociologie de Rouen présents en cours souhaite devenir travailleur social (les concours étant de niveau " bac plus deux "), tandis qu’une autre partie pense au professorat des écoles, ou à d’autres concours de la fonction publique. Mais bien peu envisagent de devenir sociologues, la sociologie n’étant manifestement pas une vocation pour la plupart d’entre eux, qui souvent auraient préféré s’inscrire en I.U.T, S.T.S., etc., plutôt que d’aller à l’université pour suivre une formation essentiellement théorique, à laquelle ils ne sont généralement guère préparés. En fait, et comme le dira en substance un intervenant lors d’une réunion publique de l’A.S.E.S : éducateur, assistante sociale et professeur des écoles sont les trois métiers que les étudiants en sociologie " peuvent penser en D.E.U.G."

La philosophie, discipline du couronnement ?

Dans l’enseignement supérieur, le public des différents établissements, facultés, disciplines, etc., est fortement différencié tant socialement que scolairement, l’enseignement supérieur offrant alors comme un microcosme (plus ou moins déformé) de la société française. Ainsi au niveau national, le taux d’enfants de cadres supérieurs/ professions libérales passe de 54% en médecine à 50,8% en classes préparatoires, 39,2% en droit, 37,9% en sciences et S.T.A.P.S, 33,6% en économie, pour atteindre finalement les 30,2% en lettres. Inversement, le taux d’enfants d’ouvriers passe de 6,7% en médecine à 14,2% en lettres. Aujourd’hui à l’université, ce sont donc les lettres et sciences humaines qui ont le recrutement le plus populaire.

Mais à l’intérieur même de cet espace, on note que c’est en sociologie, psychologie et sciences de l’éducation que le taux d’enfants de cadres supérieurs est le plus faible (23,1%) (cf. tableau n°1), alors qu’il atteint son maximum en philosophie (38,1%) ou dans les arts (35,3%), autant de disciplines apparemment éthérées et éloignées des nécessités tant pratiques que matérielles les plus communes. En accord avec ce recrutement, on note que la sociologie est aussi plus provinciale que les autres. Ainsi, la probabilité de rencontrer la figure classique de " l’héritier " est nettement plus élevée quand on s’intéresse par exemple au public de second cycle de la philosophie, ou de l’histoire, fréquentant les bancs d’une université parisienne intramuros, que lorsqu’on étudie le public de premier cycle d’une U.F.R de sciences humaines et sociales d’une université de province plus récente (sans parler des antennes universitaires délocalisées, dont le recrutement est encore plus local et populaire).

Les donnés fournies par Alain Chenu et relatives au recrutement scolaire montrent que parmi les nouveaux entrants en D.E.U.G, c’est en sociologie, psychologie et A.E.S que la part des Baccalauréats technologiques et professionnels est la plus élevée (plus de 30%, contre moins de 20% à l’histoire, aux arts et à la géographie, et moins de 10% aux lettres et à la philosophie, " la technique " et la philosophie ne faisant pas bon ménage ici non plus…), comme d’ailleurs celle des étudiants " en retard " au Baccalauréat. Comparant la composition des différents D.E.U.G de lettres et sciences humaines de l’université de Rouen en 1998/1999, on note aussi que c’est en sociologie que le taux de mentions au Baccalauréat est le plus faible (8,5%), alors qu’il s’élève à 14,3% en géographie, 19,7% en histoire, 27% en anglais, pour culminer finalement à 41% en philosophie, qui apparaît alors à nouveau comme " la discipline du couronnement ", du moins dans l’espace restreint des lettres et sciences humaines. Ce qui n’est pas sans produire des effets de domination symbolique entre membres de ces disciplines. Ainsi, on note que se dire philosophe pour un sociologue, ou mobiliser des références philosophiques, peut avoir quelque chose d’ennoblissant.

Des mutations profondes, aux conséquences encore mal identifiées

Il semble donc que le public de la sociologie soit devenu l’antithèse à peu près parfaite de celui de la philosophie. En effet, depuis son institutionnalisation dans les années 1960 (la Licence de sociologie datant de 1958), la sociologie a profondément évolué. Tout d’abord, elle est devenue une discipline de 1er cycle, ce qui n’était pas le cas autrefois. En effet, nombre des apprentis sociologues initiaux venaient d’autres disciplines comme la philosophie, l’histoire, etc., et rentraient donc pas équivalences dans cette discipline après avoir fait un premier, voire un second cycle ou une agrégation, ailleurs.

Cette prépondérance du 1er cycle en sociologie a des conséquences pédagogiques, et par conséquent scientifiques, indéniables. Ainsi, Alain Chenu (Op.cit., p 16) remarque déjà que le nombre de D.E.U.G délivrés annuellement par enseignant titulaire en sociologie est passé de moins de quatre à plus de six de 1977 à 1995, alors que le nombre de Maîtrises restait relativement stable, attendu qu’il oscillait entre un et deux. Concernant le 3èm cycle, il serait intéressant de rapporter précisément la production des thèses en sociologie au nombre de professeurs habilités, comme à l’évolution du nombre de D.E.S.S délivrés. En effet, le tableau n°2 montre que la concurrence entre la voie professionnalisante (représentée notamment par les D.E.S.S) et celle de la recherche (Doctorat) est de plus en plus vive. Ce qui n’est d’ailleurs pas sans peser sur les orientations scientifiques générales de la discipline. Mais ici encore, il faudrait pouvoir distinguer Paris de la Province, et sans doute ensuite les universités de la banlieue parisienne des établissements parisiens intra muros, tant la prééminence parisienne est forte dans la production des thèses. Ce tableau, ainsi que le suivant, permettent aussi de comparer l’évolution du nombre de D.E.U.G délivrés en sociologie et philosophie. Manifestement, certaines disciplines ont été plus malthusiennes que d’autres, ce qui explique aussi en partie la répartition par cycle de leurs étudiants, leur origine sociale et scolaire, tout comme l’évolution démographique de leur corps enseignant.

 

 

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

D.E.U.G

526

492

590

931

1.202

1.422

1.612

2.086

3.143

3.134

Licence

286

784

691

769

998

738

983

1.406

1.983

2.416

Maîtrise

80

253

402

471

575

454

574

681

751

1.057

Total

829

1.529

1.683

2.171

2.775

2.614

3.169

4.173

5.877

6.607

DESS

/

/

/

/

/

12

12

45

180

455

Doctorat

27

127

134

227

223

200

169

127

171

/

Tableau n° 2 : Diplômes délivrés en sociologie (1970-1997)

 

 

Sources : Piriou Odile (La sociologie des sociologues, ENS éditions, 1999, p 266), D.P.D et Doc thèses décembre 1999 (Doctorats nouveau régime, de troisième cycle, d’Etat compris. Les délais d’enregistrement des thèses étant parfois fort longs, les dernières années sont peut être incomplètes.)

 

 

 

1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

D.E.U.G

943

927

409

/

444

495

648

833

1.152

1.507

Licence

802

1.211

591

/

566

606

742

841

1.278

1.713

Maîtrise

873

734

495

346

350

422

464

541

732

976

Total

2.618

2.872

1.495

/

1.360

1.523

1.854

2.215

3.162

4.196

DESS

/

/

/

/

/

/

/

/

/

22

Doctorat

48

89

128

148

160

126

122

109

150

/

Tableau n ° 3 : Diplômes délivrés en philosophie (1970-1997)

Sources : Godechot Olivier (Le marché du livre philosophique en France de 1945 à nos jours, Maîtrise d’histoire, Paris I, 1996, p 83), Doc thèses décembre 1999, et D.P.D.

 

De même en s’élargissant, le public de la sociologie s’est fortement féminisé et popularisé. Concernant la répartition hommes/femmes, on note que si la sociologie est plus masculine que la moyenne (en 1998/1999, elle comptait 32,2% d’hommes, contre 28,9% à l’ensemble des lettres et sciences humaines), la philosophie compte aujourd’hui encore, et aussi étonnant que cela puisse paraître pour une discipline de lettres et sciences humaines, une majorité d’hommes (52,6%), tandis que la géographie (49,7%) et l’histoire (44%), autres disciplines de sciences sociales mais à agrégation, en ont une forte proportion. Or dans les années 1960, la sociologie comprenait presque autant d’hommes que la géographie, et même plus que l’histoire, le taux d’enfants de cadres supérieurs y étant plus élevé qu’en philosophie ou en histoire. Mais ces étudiants étaient souvent moins dotés scolairement que ceux de leur milieu, ce qui contribuait à en faire une discipline refuge.

La position relative de la sociologie dans l’espace des lettres et sciences humaines s’est donc considérablement transformée depuis les années 1960. Et il est manifeste qu’en lettres et sciences humaines, qui rappelons-le, est la faculté la plus ouverte aux classes populaires, l’ouverture récente aux " nouveaux publics " de l’enseignement supérieur, consécutive à la politique volontariste des 80% d’une classe d’âge au Baccalauréat (qui a elle même nécessité une profonde, et parfois douloureuse, révision des pratiques d’évaluation des enseignants du secondaire, ainsi qu’une redistribution des nouveaux venus entre les différentes séries du Baccalauréat) a plutôt était le fait de " disciplines d’accueil " et de premier cycle, mais aussi peut être aujourd’hui à vocation plus directement pratique ou utilitaire dans l’esprit de leurs étudiants, qui en raison de leurs origines sociales et scolaires se pensent plus rarement qu’autrefois comme de futurs " intellectuels ", comme la sociologie, la psychologie ou les langues, alors que le recrutement est resté relativement plus classique dans les disciplines canoniques. Cette évolution n’est sans doute pas étrangère non plus au mouvement de " professionnalisation " accru de ces disciplines (multiplication des D.E.S.S, ou Licences professionnelles par exemple), qui est nettement moins visible dans les disciplines canoniques, traditionnellement orientées vers la production d’enseignants du secondaire.

Mais cette ouverture à un public plus large, notamment en premier cycle, a permis aussi une expansion sans précédent du corps enseignant en sociologie, la conjoncture professionnelle ayant alors été particulièrement faste pour les docteurs recrutés lors de la période considérée, ce qui tend à en faire une " génération " " en soi ", en attendant peut être qu’elle le devienne un jour " pour elle-même ", notamment en se mobilisant. Ainsi en 1985, la 19ème section comptait 284 enseignants titulaires (81 professeurs et 203 maîtres assistants et maîtres de conférences), contre 632 en 1999 (196 professeurs et 436 maîtres de conférences et maîtres assistants). Le corps enseignant en sociologie a donc plus que doublé en moins de quinze ans, et on peut penser qu’une évolution démographique aussi rapide, tout comme les transformations du public étudiant et de ses attentes tant intellectuelles que professionnelles, elles mêmes en phase avec la conjoncture économique et idéologique générale, ont favorisé le développement de nouvelles conceptions de la sociologie, comme du métier d’enseignant chercheur dans cette discipline. Si les transformations structurelles évoquées succinctement ici touchent à des degrés divers les différentes disciplines, comme l’université dans son ensemble, il est manifeste que la position relative de la sociologie dans l’espace des disciplines en fait un observatoire privilégié.

Charles Soulié

 

 

1er cycle

2ème

cycle

3ème

cycle

 

Ensemble

% hommes

% cadres sup, prof lib

Lang et litt anciennes

75

1.685

651

2.411

/

/

%

3,1%

69,9%

27%

100%

22,1%

43 ,6%

Philosophie

5.863

6.648

2.372

14.883

/

/

%

39,4%

44,7%

15,9%

100%

52,6%

38,1%

Arts

25.166

17.823

2.113

45.102

/

/

%

55,8%

39,5%

4,7%

100%

34,1%

35,3%

Histoire

30.250

25.819

6.629

62.698

/

/

%

48,2%

41,2%

10,6%

100%

44%

30,4%

Litt Franç

27.847

23.328

4.788

55.963

/

/

%

49,7%

41,7%

8,5%

100%

21,2%

29,1%

Langues Etr

58.000

36.927

5.211

100.138

/

/

%

57,9%

36,9%

5,2%

100%

23,8%

27,5%

Géographie

12.261

9.146

1.967

23.374

/

/

%

52,4%

39,1%

8,4%

100%

49,7%

27,5%

L.E.A

22.819

11.304

677

34.800

/

/

%

65,6%

32,5%

1,9%

100%

20,4%

26,8%

Linguistique

3.635

3.267

2.944

9.846

/

/

%

36,9%

33,2%

29,9%

100%

20,8%

25,2%

Psychologie

34.921

21.284

5.709

61.914

/

/

%

56,4%

34,4%

9,2%

100%

16%

23,8%

Sociologie

13.759

7.424

4.251

25.434

/

/

%

54%

29,2%

16,7%

100%

32,2%

23,1/

Sciences édu

2.122

15.076

2.679

19.877

/

/

%

10,6%

75,8%

13,5%

100%

27,1%

19,5%

Total Lettres Scienc Hum

243.644

199.660

48.543

491.847

/

/

%

49,5%

40,6%

9,9%

100%

28,9%

28,4%

Tableau n°1 : Les étudiants inscrits dans les principales disciplines de lettres et sciences humaines en 1998/1999 dans les universités françaises (français + étrangers)

Remarques : Les D.E.S.S, D.E.A et Doctorats sont confondus dans la rubrique 3ème cycle. La source ne prend pas en compte les étudiants de l’E.H.E.S.S. Les étudiants inscrits en cycle 0, principalement concentrés en littérature française (n= 11.486), ont été extraits des effectifs globaux. Le total lettres et sciences humaines comprend les disciplines mentionnées ci dessus ainsi que les autres disciplines.

Source : Direction de la Programmation et du Développement, Ministère de l’Education Nationale.

 

 

***

 

 

 

 

 

 

 

L'Annuaire de l'Enseignement et de la Recherche en Sociologie

est disponible. On peut le commander en envoyant un
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Suzie Guth
Professeur de sociologie,
29, rue du Général de Gaulle
67640 LIPSHEIM

 

La réforme miraculeuse, ou
Quelques notes sur les effets de la compensation des notes

Charles Gadéa
Université de Rouen

Le département de sociologie de Rouen a mis en application la réforme Bayrou prévoyant une compensation entre unités d’enseignement en 1998-99.

Un premier constat des effets de ces nouvelles mesures peut être dressé à partir de la colonne E du tableau 1 ci-joint, qui nous donne le rapport des admis sur les présents à l’examen. Dès la première mise en application, le taux d’admission fait un bond absolument remarquable, et cela à tous les niveaux et dans les tous les départements de l’UFR Psychologie, sociologie et sciences de l’éducation. Laissons de côté le cas de la maîtrise, où le mémoire joue un grand rôle et où il n’est d’usage de se présenter à la soutenance que lorsqu’on est prêt, si bien qu’il est moins étonnant d’y obtenir un taux de 100 % des présents, même si, là aussi, l’augmentation par rapport à la situation antérieure est frappante. Plus troublants sont les résultats en DEUG et licence, où l’on voit les taux friser et atteindre des niveaux record de 100 %, en particulier en sociologie. Ainsi, par la magie de la réforme, ces étudiants que Charles Soulié vient de nous décrire comme défavorisés, peu dotés du point de vue social et scolaire, se sont transformés en petits champions qui décrochent à peu près tous, sans exception, les examens auxquels ils se présentent, à moins que ce soient les enseignants qui sont tous devenus des pédagogues de génie, capables de faire de véritables miracles.

Bien que de façon moins marquée, les taux d’admis rapportés aux inscrits s’inscrivent eux aussi globalement à la hausse, même si l’on voit souvent qu’à la troisième année, soit en 2000-2001, ils redeviennent proches de leur niveau de départ. Les effets magiques s’épuisent-ils ?

Tableau 1. Résultats aux examens de DEUG, Licence et Maîtrise dans l’UFR Psychologie, sociologie et sciences de l’éducation de l’Université de Rouen entre 1997-98 et 2000-01

A

B

C

D

E

F

(A-B)

(D/C*100)

(D/A*100)

inscrits

défaillants

présents

admis

%reçus/P

%reçus/I

PSYCHOLOGIE

DEUG1

1997-98

717

347

370

195

52,7

27,2

1998-99

707

293

414

313

75,6

44,3

1999-2000

623

346

277

228

82,3

36,6

2000-01

659

369

290

217

74,8

32,9

DEUG2

1997-98

399

51

348

190

54,6

47,6

1998-99

411

69

342

285

83,3

69,3

1999-2000

357

89

268

194

72,4

54,3

2000-01

330

63

267

217

81,3

65,8

LICENCE

1997-98

353

34

319

192

60,2

54,4

1998-99

330

117

213

202

94,8

61,2

1999-2000

280

89

191

183

95,8

65,4

2000-01

236

76

160

147

91,9

62,3

MAITRISE

1997-98

376

210

166

95

57,2

25,3

1998-99

355

255

100

99

99,0

27,9

1999-2000

335

226

109

108

99,1

32,2

2000-01

304

228

76

76

100,0

25,0

SOCIOLOGIE

DEUG1

1997-98

336

165

171

101

59,1

30,1

1998-99

422

196

226

176

77,9

41,7

1999-2000

430

259

171

157

91,8

36,5

2000-01

427

271

156

135

86,5

31,6

DEUG2

1997-98

140

19

121

86

71,1

61,4

1998-99

168

21

147

108

73,5

64,3

1999-2000

195

46

149

134

89,9

68,7

2000-01

185

42

143

106

74,1

57,3

LICENCE

1997-98

100

17

83

49

59,0

49,0

1998-99

116

40

76

72

94,7

62,1

1999-2000

88

25

63

63

100,0

71,6

2000-01

91

33

58

58

100,0

63,7

MAITRISE

1997-98

100

34

66

30

45,5

30,0

1998-99

84

55

29

29

100,0

34,5

1999-2000

79

48

31

31

100,0

39,2

2000-01

82

57

25

24

96,0

29,3

SC. DE L’EDUCATION

LICENCE

1997-98

347

122

225

156

69,3

45,0

1998-99

353

207

146

142

97,3

40,2

1999-2000

367

192

175

171

97,7

46,6

2000-01

561

272

289

273

94,5

48,7

MAITRISE

1997-98

207

144

63

30

47,6

14,5

1998-99

185

157

28

28

100,0

15,1

1999-2000

181

133

48

47

97,9

26,0

2000-01

151

127

24

24

100,0

15,9

Traitements C. Gadea, source D. Wormser, UFR Psychologie, sociologie, sciences de l'éducation

Le deuxième tableau, intitulé " comparaison des sessions de juin et septembre en 1999-2000 " va nous permettre d’observer de plus près cette transformation miraculeuse. Sa lecture est très simple : la première colonne nous indique les effectifs d’inscrits. Par exemple, en 1e année de DEUG de sociologie, il y a, cette année là, 430 étudiants. En deuxième colonne, nous trouvons le nombre de ceux qui se sont présentés aux examens de juin : 167, et le pourcentage par rapport aux inscrits : 38,8 %. Moins d’un étudiant sur deux s’est présenté à la session de juin. La troisième colonne nous donne les admis : 116 étudiants, soit 70 % des présents mais 27 % des inscrits. Les trois colonnes suivantes reprennent le même principe pour la session de septembre : 314 étudiants absents en juin ou ajournés devaient théoriquement se présenter en septembre. Parmi eux, 55 seulement étaient là, ce qui représente 17,5 %. Sur ces 55 présents, 41 ont été admis, soit à peu près les trois quarts.

Au total ont été admis soit en juin soit en septembre 157 étudiants, c’est à dire 92 % de ceux qui étaient présents à la session de juin, mais 36 % de ceux qui étaient inscrits.

En deuxième année et en licence de sociologie, les taux de présence sont plus forts, en tous cas à la session de juin. Les taux d’admission restant très élevés pour les présents, on obtient des taux d’admis sur inscrits beaucoup plus forts qu’en première année, à peu près le double.

Ainsi, l’éblouissement se dissipe et on commence à mieux discerner quelques ombres au tableau miraculeux. Il faut rappeler que l’un des principaux problèmes que visait à résoudre la réforme, du moins dans les déclarations de ses promoteurs, est celui du taux d’échec en DEUG, en particulier au cours des premiers mois à l’université. Il est évident que ce problème n’a nullement été résolu. Nous venons de voir qu’après deux ans de mise en application de la réforme, près de 60 % des étudiants ne se présentent pas à la session de juin et, sur les deux sessions, à peine plus d’un inscrit sur trois obtient son année complète.

On peut continuer avec le 3e tableau et confirmer ce constat en prenant un peu plus de recul. Le 3e tableau se lit comme le précédent, sauf qu’il concerne la sociologie seulement et en superposant les résultats des années 1999-2000 et 2000-2001, soit respectivement deux et trois ans après la mise en application de la réforme. On peut supposer à ce moment là que la réforme est rodée et les étudiants informés des chances plus élevées qu’ils ont d’obtenir leurs examens à condition qu’ils se présentent. On pourrait s’attendre à ce que les taux d’abandon soient maintenant moins élevés. Est-ce le cas ?

Tableau 2. Comparaison des sessions de juin et septembre en 1999-2000

Iere session

2e session

ensemble

inscrits

présents

Admis

inscrits

Présents

admis

admis

Effectif

Effectif

Effectif

Effectif

Effectif

Effectif

Effectif

% sur inscrits

% sur présents

% sur inscrits

% sur présents

% sur présents

% sur inscrits

% sur inscrits

% sur inscrits à la 1ère session

PSYCHOLOGIE

DEUG1

623

285

175

448

102

56

231

45,7

61,4

22,8

54,9

83,4

28,1

12,5

37,1

DEUG2

357

272

133

224

135

64

197

76,2

48,9

60,3

47,4

73,5

37,3

28,6

55,2

LICENCE

280

161

111

169

80

72

183

57,5

68,9

47,3

90,0

95,8

39,6

42,6

65,4

MAITRISE

335

31

31

304

79

78

109

9,3

100,0

26,0

98,7

99,1

9,3

25,7

32,5

SOCIOLOGIE

DEUG1

430

167

116

314

55

41

157

38,8

69,5

17,5

74,5

91,8

27,0

13,1

36,5

DEUG2

195

148

99

96

50

34

133

75,9

66,9

52,1

68,0

89,3

50,8

35,4

68,2

LICENCE

88

62

60

28

4

4

64

70,5

96,8

14,3

100,0

100,0

68,2

14,3

72,7

MAITRISE

79

14

14

65

17

17

31

17,7

100,0

26,2

100,0

100,0

17,7

26,2

39,2

SCIENCES DE

L'EDUCATION

LICENCE

367

143

124

243

56

52

176

39,0

86,7

23,0

92,9

97,8

33,8

21,4

48,0

MAITRISE

181

26

25

156

23

22

47

14,4

96,2

14,7

95,7

97,9

13,8

14,1

26,0

Traitements C. Gadea, source D. Wormser, UFR Psychologie, sociologie, sciences de l'éducation

Pas vraiment en DEUG1, car la différence dépasse à peine 1 % entre 2000 et 2001 à la session de juin, et devient nulle en septembre ; pas tellement en DEUG2, où la baisse du taux de présence en juin ne pouvant être compensée par la hausse de septembre, on voit au contraire davantage d’absents ; pas du tout non plus en licence, car c’est plutôt une chute qui se produit en juin, non compensée là non plus par l’amélioration de septembre qui concerne toujours de plus faibles effectifs ; pas davantage, enfin, en maîtrise, où les taux restent particulièrement faibles.

Tableau 3. Comparaison entre les années 1999-2000 et 2000-2001 (sessions de juin et septembre) pour la sociologie uniquement.

Iere session

2e session

ensemble

inscrits

présents

admis

inscrits

Présents

admis

admis

eff

eff

eff

eff

Eff

eff

eff

% sur inscri

% sur prése

% sur inscri

% sur prése

% presents

% sur inscri

% sur inscri

% inscrits

SOCIOLOGIE

DEUG1

430

167

116

314

55

41

157

1999-2000

38,8

69,5

17,5

74,5

91,8

27,0

13,1

36,5

2000-2001

427

173

93

328

57

41

135

40,5

53,8

17,4

71,9

89,4

21,8

12,5

31,6

DEUG2

195

148

99

96

50

34

133

1999-2000

75,9

66,9

52,1

68,0

89,3

50,8

35,4

68,2

2000-2001

185

124

69

108

66

36

106

67,0

55,6

61,1

54,5

77,9

37,3

33,3

57,3

LICENCE

88

62

60

28

4

4

64

1999-2000

70,5

96,8

14,3

100,0

100,0

68,2

14,3

72,7

2000-2001

91

44

38

46

13

13

58

48,4

86,4

28,3

100,0

100,0

41,8

28,3

63,7

MAITRISE

79

14

14

65

17

17

31

1999-2000

17,7

100,0

26,2

100,0

100,0

17,7

26,2

39,2

2000-2001

82

6

6

76

19

18

24

7,3

100,0

25,0

94,7

96,0

7,3

23,7

29,3

Traitements C. GADEA, source D. Wormser et tableau d'affichage sociologie

Il semble donc bien clair qu’on ne peut parler en aucun cas de succès de la réforme quant à son but affiché : réduire la proportion d’étudiants qui abandonnent leur formation et ne se présentent pas aux examens. Faut-il en conclure qu’elle n’a eu aucun effet ?

Non, pas du tout, bien au contraire. L’effet est éclatant, nous l’avons constaté tout à l’heure. Nous sommes arrivés à une situation où il suffit pratiquement de se présenter aux examens pour obtenir la moyenne grâce au système de compensation interne aux Unités d’Enseignement (UE), puis entre les UE.

Si cela permet aux étudiants de compenser des faiblesses par des points forts, on pourrait penser que cela ne peut avoir que des effets bénéfiques pour tout le monde : les étudiants sont satisfaits de réussir, les enseignants ont d’autant plus de motifs de s’en réjouir que le passage systématique dans l’année supérieure leur garantit des flux abondants d’inscrits, gage de postes à pourvoir. De plus, il est juste que s’ils possèdent un niveau global de connaissances suffisant, les étudiants passent dans l’année supérieure et qu’ils en tirent profit intellectuellement.

Malheureusement, ce n’est pas si simple. Ce système de compensation, tel qu’il est appliqué dans le département que nous étudions, c’est à dire sans exigence de note minimale et sans autre coefficient que celui qui est imposé par les textes officiels, le coefficient 2 dans la seule UE " enseignements fondamentaux " du premier semestre de DEUG 1(encadré), a pour résultat de conduire quasi mécaniquement –pour peu qu’ils le veuillent- vers la maîtrise et le troisième cycle des étudiants gravement déficients dans les matières fondamentales.

Extraits du livret de l’étudiant :

Modalités d’examen

" .. les Unités d’Enseignement se compensent entre elles [..]

Une Unité d’Enseignement est définitivement acquise et capitalisable lorsque la moyenne des notes des matières qui la composent atteint 10/20.

Au sein de chaque UE, la compensation des notes obtenues aux différents éléments constitutifs de l’UE s’effectue sans note éliminatoire.

Si l’UE n’a pas été acquise à la première session, seules les notes supérieures ou égales à 10, dans cette UE, sont reportées. "

Il suffit, pour s’en convaincre de se livrer à quelques simulations simples avec le logiciel APOGEE qui édite les relevés de notes et les résultats d’examen. A l’Université de Rouen, la formation de sociologie en DEUG1 comprend 6 unités d’enseignement, dont deux d’enseignements fondamentaux (une à chaque semestre). La simulation montre qu’un étudiant peut avoir une note aussi basse que 6 dans les deux groupes d’enseignements fondamentaux et être admis avec une moyenne de 10. Il faut pour cela qu’il obtienne 13 dans les autres UE. En réalité, il n’a pas besoin d’avoir 13 partout pour passer en 2e année, il suffit qu’il obtienne la moyenne dans 80 % des enseignements. Il peut donc se retrouver en 2e année en n’ayant acquis à peu près rien des fondements de la sociologie. La même chose peut se répéter en 2e année. Il peut arriver en licence en restant aussi dépourvu de connaissances en sociologie.

Que se passe-t-il en licence ? Il peut avoir 5 de moyenne dans les cours de sociologie générale de l’UE1 (stratification et mobilité sociale, école de Francfort, courants américains contemporains). Pour rester à 5 de moyenne sur 3 matières, il faut vraiment rater ses examens. Mais ce n’est pas tout, il peut également avoir de grosses lacunes dans les enseignements de spécialité, c’est à dire des UE qu’il a la faculté de choisir en fonction de ses préférences et ses points forts. Or, là aussi, il peut ne pas parvenir à la moyenne, plafonner à 8 et 9 sur 20 dans les UE correspondant aux " domaines de spécialité ", et cela ne l’empêchera pas de passer en maîtrise, pourvu qu’il ait 12 en moyenne dans les autres UE. Sera-t-il vraiment en mesure de faire un mémoire de maîtrise, puis un DEA ou un DESS ? A chacun d’en juger.

SIMULATION avec le logiciel APOGEE

Un étudiant obtenant les notes suivantes dans les différentes UE est admis avec une moyenne de 10

En DEUG1 de sociologie :

UE coeff note

UE1 Enseignements fondamentaux

2

6

UE2 Découverte

1

13

UE3 Méthodologie

1

13

UE4 Enseignements fondamentaux

1

6

UE5 Méthodologie

1

13

UE6 Culture générale

1

13

 

En licence de sociologie :

UE Coeff Note

UE1 Théories

1

5

UE2 Méthodes d’investigation

1

12

UE3 Atelier de sociologie

1

12

UE4 Domaines spécialisés

1

8

UE5 méthodes d’investigation

1

12

UE6 Atelier de sociologie

1

12

UE7 domaines spécialisés

1

9

Est-il aisé ou difficile d’obtenir des notes suffisantes, soit des 12 ou des 13, pour compenser ces lacunes ? Sans en fournir une preuve formelle, les résultats ci-dessous de la session de septembre 2001 (tableaux 4 et 5) peuvent laisser penser que cela n’est pas tout à fait impossible.

Tableau 4. Résultats de septembre 2001 en licence de sociologie (avant délibération du jury).

UE1

UE2

UE3

UE4

UE5

UE6

Note maxi

14,25

13,4

16

15,2

13,7

15

Note mini

7,7

9

10

7,6

8,1

5

Note moyenne

10,4

10,5

12,2

10,4

10,4

11,8

Tableau 5. Résultats en DEUG1 de sociologie (avant délibération du jury)

UE1

UE2

UE3

UE4

UE5

UE6

UE7

Note maxi

14,875

13,5

15,1

15,6

15,8

17,5

14

Note mini

4,125

5,833

8,75

4,6

6,5

1,5

9

Note moyenne

10,4

10,2

11,9

10,05

10,7

9,66

10,9

Il est vrai que de nouvelles données sont nécessaires pour que la démonstration soit pleinement établie, c’est à dire qu’on connaisse le nombre effectif d’étudiants qui se trouvent dans la situation envisagée. Mais il reste que la simulation suffit à prouver la possibilité de ce fait. D’autre part, descendre jusqu’à des notes comme 5 ou 6 de moyenne dans une UE suppose de pousser le raisonnement à l’extrême et il n’est pas nécessaire d’aller jusque là pour montrer qu’un niveau très insuffisant de connaissances en sociologie n’est pas un obstacle pour passer en maîtrise. Les résultats exposés suffisent à prendre la mesure des risques que fait courir à notre discipline l’application de cette réforme, du moins lorsqu’elle est appliquée de la même manière que dans le cas présent.

Le risque est d’abord que la sociologie se signale à l’attention non seulement comme capable de délivrer des titres de docteur à des astrologues et autres adeptes des " sciences " occultes, mais aussi comme une discipline où les examens sont donnés pratiquement à tous ceux qui se présentent, y compris s’ils ne maîtrisent à peu près rien de ses fondements. Le graphique ci-dessous présente des indices qui laissent craindre une évolution vers cette direction. On y voit l’évolution des résultats en 1ere année de DEUG entre 1992 et 1999, dans les divers UFR de l’université de Rouen. Trois grands groupes de disciplines peuvent être distingués : d’un côté, le droit et les sciences restent globalement stables, même après l’application de la réforme. Par contre, en psychologie, sociologie, sciences de l’éducation, et en STAPS, c’est le grand décollage en 98-99. Entre les deux, l’UFR lettres et sciences humaines (lettres, histoire et geo) semble avoir appliqué plus tôt la réforme et subi les effets dès 97-98, mais avoir pris ensuite des mesures pour contrôler la situation.

Mais le danger le plus grave qu’il convient d’avoir à l’esprit est que si la logique décrite par ce graphique devait durer, c’est à dire si les résultats de cet UFR, et du département de sociologie plus particulièrement, devaient se fixer au dessus de 90 % d’admis parmi les présents, cela voudrait dire que nous allons vers le contraire d’une démocratisation de l’enseignement supérieur. Cela à un double titre.

D’une part, démocratisation signifie que les jeunes d’origine populaire ont accès comme les autres à des formations de bon niveau et à des diplômes valorisants. Or nous sommes en train de nous orienter vers l’inverse : les formations et les diplômes de sociologie ne peuvent qu’être dévalorisés, puisqu’ils auront la réputation d’équivaloir à une simple attestation de présence aux examens. La situation que nous tendons à créer est celle d’un creusement des inégalités entre les disciplines qui auront contrôlé les effets de la réforme et celles qui n’auront pas su ou pas voulu le faire. En somme, nous sommes partis pour nous spécialiser dans la distribution de diplômes sans valeur aux jeunes d’origine populaire et pour laisser les filières et les disciplines valorisantes aux étudiants plus avantagés par leur origine sociale.

D’autre part, nous risquons d’aggraver les inégalités au sein même de la discipline. Si le cap n’est pas changé, les différences deviendront de plus en plus grandes entre des pôles d’excellence, dans les grandes universités et en région parisienne, qui attireront des étudiants et des enseignants performants, et des petites universités, en province, qui seront vouées à la gestion de la masse et des étudiants les plus faibles.

En d’autres termes, la question n’est pas de savoir si telle ou telle université particulière a plus ou moins bien ou plus ou moins mal anticipé et géré les effets de la réforme, le problème se pose au niveau de la discipline dans son ensemble. C’est sur l’ensemble de la discipline que rejaillit le discrédit si des diplômes sont distribués dans des conditions discutables, et sur l’ensemble de la discipline, sur son unité, sa force et sa morale collective, que pèsera aussi l’aggravation des inégalités.

Je suis bien conscient de n’avoir pas abordé tous les aspects du problème. Il faudrait notamment interroger les raisons qui font qu’à niveau égal, certains étudiants se présenteront aux examens alors que d’autres s’auto-élimineront. J’espère du moins avoir apporté des éléments qui rendront plus difficile de se duper à propos des fausses solutions et qui, peut-être, aideront à ouvrir un débat salutaire.

Charles Gadéa

***

Compte-rendu de la réunion du 6 octobre 2001

" L’enseignement de la sociologie face aux réformes pédagogiques : questions autour de l’évaluation après la réforme Bayrou "

L’objectif de cette matinée était de débattre des effets des réformes du premier et du deuxième cycle que nous avons connues récemment (réforme Bayrou). Quelles en ont été les conséquences sur nos conditions d’enseignement, sur les contenus, la pédagogie et l’évaluation ? De quelles manières a-t-on réagi dans les différentes universités ?

Devant une trentaine de collègues, Charles Soulié propose d’abord une description comparée des étudiants de sociologie d’aujourd’hui. Il apparaît qu’au niveau national, la sociologie se distingue, dans l’espace des lettres et sciences humaines, par un recrutement particulièrement populaire, faiblement doté scolairement, et par une prédominance du premier cycle dans les effectifs.

Charles Gadea présente ensuite des données décrivant les effets de la réforme Bayrou, en particulier la compensation intermodulaire, sur les résultats aux examens dans le département de sociologie de l’université de Rouen. En l’absence de coefficients (autres que celui institué par la réforme elle-même, dans une UE du premier semestre de la première année de DEUG) permettant de moduler le poids des divers enseignements, le principal effet de la réforme semble être de produire des taux extrêmement élevés d’admis sur les présents aux examens. Par exemple, ils dépassent 90 % au terme des deux sessions de la première année de DEUG. Un tel résultat paraît paradoxal au regard du faible capital scolaire des étudiants. Il s’avère notamment que des étudiants obtenant des notes particulièrement faibles dans les enseignements fondamentaux de sociologie peuvent passer en licence voire maîtrise sans avoir acquis les bases de la discipline.

Pierre Dubois confirme qu’une logique analogue s’observe aussi à Marne-La Vallée. La simple présence aux examens suffit pratiquement à garantir l’obtention du diplôme. L’effet de la compensation est particulièrement sensible à la session de septembre. La Direction de la Prospective et du Développement (Ministère de l’Education Nationale) semble avoir elle aussi enregistré cette tendance dans un des quatre taux qu’elle utilise pour mesurer la réussite en premier cycle (celui portant sur les étudiants " confirmés "). Dans d’autres universités, comme celle de Toulouse, aux effectifs beaucoup plus importants (45 enseignants titulaires, 80 vacataires), la situation est analogue.

Un débat s’ensuit, pendant lequel on évoque le fait que cette réforme se combine avec la capitalisation possible des Unités d’enseignement et la reconduction des bourses en cas de redoublement. D’autres collègues soulignent le fait que les transformations continues du vocabulaire (UE, module, UV, etc.) entretiennent le flou sur la signification de ces termes, ou les usages différenciés qui peuvent être faits des enseignements de découverte, instruments de sélection dans certains cas, source de laxisme dans d’autres. Certaines universités, notamment semble-t-il Nancy et Dijon, ont anticipé ces effets de la réforme en instaurant des coefficients adéquats. Dans d’autres cas (en STAPS), au contraire, il est possible d’obtenir une maîtrise en rendant un mémoire blanc.

La question des étudiants qui ne se présentent pas aux examens et sont donc comptés défaillants est posée. Les taux d’admis sur les inscrits restent en effet, remarquablement bas. Cependant, si au lieu de considérer uniquement ce taux, on prend en compte les réorientations, la multiplication des passerelles entre filières ou établissements, notamment en premier cycle, les résultats apparaissent moins alarmants. Il reste que, pour de nombreux collègues, des innovations pédagogiques (internet, chaîne cablée) nécessaires pour réduire ces abandons. Il n’est pas certain pour autant que de telles mesures puissent suffire à régler le problème, on remarque par exemple que, même lorsque les diplômes sont " donnés ", la poursuite d’études en second et troisième cycle ne se fait pas nécessairement.

Cela pose le problème de ce que serait une véritable démocratisation de l’université, qui ne se réduit certainement pas à l’abandon de toute exigence académique ou scientifique au motif qu’il s’agit d’étudiants d’origine populaire. Au contraire, cela signifie qu’un apprentissage de l’autonomie est plus que jamais nécessaire.

En fin de séance, Pierre Dubois fait part des résultats d’une enquête sur la satisfaction des étudiants vis à fis de la formation (différente des enseignements particuliers). Il évoque la création d’un diplôme d’administration universitaire permettant de valider l’expérience acquise par les étudiants élus aux différents conseils des universités.

Charles Soulié

Charles Gadea

INFORMATIONS SUR LE CNU,
19e SECTION
Sociologie, démographie

Bilan des sessions du CNU en 2001

Jean-Yves Trépos
Président de la 19e section
(trepos@zeus.lettres.univ-metz.fr)

La 19ème section s’est réunie fin janvier pour examiner les dossiers de qualification et fin juin pour les promotions.

1.La session de qualification 2001 aux fonctions de MCF

(résultats établis par Marie Vogel)

Cette session, marquée par le très grand nombre de candidats à la qualification, ont contraint les membres de la section à améliorer l’efficacité et la transparence de leurs formes de travail et, dans l’intérêt des candidats, à réduire les différences de critères d’appréciation qui pouvaient les séparer (en témoigne le fait que 4 votes sur 5 ont été obtenus à l’unanimité). Les principes suivants ont guidé le fonctionnement.

0.1.Evaluation des candidatures :

Evaluation versus élimination : le CNU est une instance de qualification, qui évalue et non qui élimine. L’évaluation repose sur la prise en compte de trois éléments: la qualité de la thèse, les publications ainsi que l’expérience d’enseignement. Ces trois registres d’évaluation ne se compensent pas : une thèse de qualité, des publications ainsi qu’une expérience d’enseignement sont également nécessaires à la qualification d’une candidature.

Thèses : il est demandé à chacun des membres du CNU d’ouvrir les thèses, de les parcourir (et plus si affinités), ce qui suppose qu’on les réclame aux candidats dans certains cas.

Rapport de soutenance : l’absence non justifiée de rapport de soutenance rend impossible une appréciation correcte du dossier. En effet, le rapport de soutenance, plus que la mention elle-même, permet de se rendre compte de l’opinion des membres du jury.

Appréciations sur les publications : les appréciations que les membres du CNU portent sur les publications font pleinement partie du travail d’évaluation.

Enseignement : l’expérience d’enseignement est un des trois critères nécessaires à la qualification. Elle n’est cependant pas exigée pour les candidats qui ont effectué un post-doc. ou un séjour à l’étranger et qui n’ont de ce fait pas pu enseigner.

Expertise disciplinaire : une attention plus grande doit être accordée à l’examen des cas-frontière. On prête attention à la composition du jury (présence ou non de sociologues), au positionnement intellectuel de la thèse, en retenant les mêmes exigences que pour les candidats sociologues (qualité de la thèse, publications, enseignement.

Lorsqu'un dossier est réexaminé, il est repris dans sa globalité.

Tableau synthétique : outil de travail, mis par le bureau à la disposition de l’ensemble des membres, il ne rend compte que de données factuelles (pas d’appréciation sur les éléments présentés). Afin de rendre la synthèse possible il est important de respecter les éléments des rubriques, le format d’ensemble (8-10 lignes maximum par candidat) et les délais de retour. Le bureau est chargé de désigner celui des deux rapporteurs qui enverra les informations pour le tableau distribué en séance.

0.2.Rapport en séance :

Avis des rapporteurs : commencer par le rapport négatif ou réservé.

Tenir compte des données présentées dans le tableau (éviter les redites).

Essence (de la sociologie) : devant la multiplication en séance des " ce n’est pas de la sociologie ", il est nécessaire d’être très explicite sur ce qui est visé.

Appréciations sur la thèse : autant que possible le rapport oral présente le propos de la thèse ainsi que le terrain, corpus ou matériau, sur lequel la thèse prend appui.

Rapport (équilibre interne du) : il faut accorder de la place à la présentation des publications du candidat (par rapport à la place consacrée à la thèse) : titre de la revue ; format et propos de l’article.

Communications : il est difficile de les étalonner et donc de simplement les incrémenter, sans signaler au moins, dans le rapport oral le type d’instance qui les accueille.

0.3. Conseils aux candidats malheureux (contre l’hypocrisie) : le bureau devra bien marquer la différence entre les candidats pour lesquels le meilleur conseil est la réorientation vers une autre section et ceux pour lesquels des avis plus précis peuvent permettre une amélioration du dossier.

On trouvera, ci-après, une synthèse des résultats de ces travaux. Une analyse plus détaillée, reprenant les dimensions adoptées l’an passé (motifs de refus, thématiques), sera proposée dans un prochain numéro de la Lettre de l’ASES.

1.1. Les Candidats.

257 dossiers effectivement examinés cette année (313 l’année dernière).

Candidats

n %

Candidats

Discipline

thèse de l’année

(2000-2001)

n

1 <thèse < 5 ans

(1996-99)

thèse > 5 ans

(1995 et avant)

n

1 : sociologie

( en sociologie une candidate sans thèse)

135 53 %

81 ( 60 %)

31 ( 23 %)

22 ( 16 %)

2 : ethnologie et anthropologie

27 11 %

16

5

6

3 : science politique

24 9 %

12

11

1

4 : philosophie-lettres

10 4 %

1

3

6

5 : économie

13 5 %

3

9

1

6 : sciences de l’éducation/ STAPS

17 7 %

5

10

2

9 : divers (info-com, histoire, géo..)

31 12 %

10

10

10

TOTAL

257 100 %

128 50 %

79 31 %

48 19%

Ces données portent sur la spécialité affichée pour la thèse et ne tiennent pas compte d’éventuelles réorientations qui apparaissent dans les dossiers. Une minorité de candidats dont la thèse a plus de 5 ans est en fait contrainte de redemander sa qualification.

Il est aisé de remarquer que la section doit traiter une très forte minorité (47%) de dossiers extérieurs à la discipline.

1.2. Les qualifiés.

131 qualifiés (142 en 2000).

 

Qualifiés

n %

Qualifiés

 

Discipline

thèse de l’année

(2000-01)

n

1 an <thèse < 5 ans

(1996-99)

n

thèse > 5 ans

(1995 et avant)

n

1 : sociologie

93 71 %

67 ( 72 %)

16 (17 %)

10 (11 %)

2 : ethnologie et anthropologie

6 5 %

4

2

-

3 : science politique

14 11 %

8

6

-

4 : philosophie-lettres

4 3 %

1

-

3

5 : économie

2 2 %

-

2

-

6 : sciences de l’éducation/ STAPS

4 3 %

3

1

-

9 : divers (info-com, histoire, géo..)

8 6 %

4

1

3

TOTAL

131 100 %

87 66 %

29 22 %

15 11 %

Calculé sur l’ensemble des dossiers effectivement examinés, le taux de qualification est cette année de 51 % (45 % l’année dernière). Déglobalisé, ce taux de qualification " s’adoucit " considérablement ; il est ainsi de 69 % pour les candidats ayant une thèse de sociologie et de 83 % lorsque cette thèse a été soutenue durant l’année précédente. On voit que les taux de qualification pour les extérieurs est nettement plus faible.

 

Taux de qualification

(n) %

Taux de qualification

(n : qualifiés/candidats)

 

Discipline

thèse de l’année

(2000-01)

( n ) %

1 an <thèse < 5 ans

(1996-99)

( n)

thèse > 5 ans

(1995 et avant)

n

1 : sociologie

93/135 69 %

67/81 83 %

16/31 52 %

10/22 45 %

2 : ethnologie et anthropologie

6/27 22 %

4/16 25 %

2/5 40 %

-/6 0 %

3 : science politique

14/24 58 %

8/12 67 %

6/11 45 %

-/1 0 %

4 : philosophie-lettres

4/10 40 %

1/1 100 %

-/3 0 %

3/6 50 %

5 : économie

2/13 15 %

-/3 0 %

2/9 22 %

-/1 0 %

6 : sciences de l’éducation/ STAPS

4/17 24 %

3/5 60 %

1/10 10 %

-/2 0 %

9 : divers (info-com, histoire, géo..)

8/31 26 %

4/10 40 %

1/10 10 %

3/11 27 %

TOTAL

131/257 51 %

87/128 68 %

29/79 37 %

15/49 31 %

 

Observations à l’attention des canditats à la qualification et des universitaires :

Présentation formelle : la présentation du dossier doit être soignée, c'est un élément d'appréciation. Il est conseillé de :

- détailler les enseignements (contenus précis et volumes horaires) ;

- présenter les publications de manière hiérarchisée (les ouvrages, les articles de revues scientifiques, les contributions à des ouvrages collectifs, les autres articles) ;

- détailler le curriculum vitæ avec une chronologie précise du parcours professionnel et universitaire depuis le baccalauréat.

Diversité (des jurys) : il convient de veiller à la diversité des courants dans la composition des jurys.

Rapports de recherche: lorsque des candidats ont eu ou ont une grosse activité de recherche sur contrat, ils sont invités à joindre des rapports de recherche, pour rendre visible le cas échéant cette partie de leur activité.

Rapports de thèse : les membres de la 19ème section regardent avec attention les rapports de thèse, qu’ils considèrent comme un élément d’appréciation important. Il est donc conseillé aux présidents de jurys de faire diligence et de soigner cette pièce, pour ne pas défavoriser les candidats. En outre, lorsque les jurys sont pluridisciplinaires, il est souhaitable de mentionner ces disciplines.

Thèse : on conseille aux candidats de mettre systématiquement la thèse dans le dossier (lorsqu’elle est récente) en sus des 3 publications demandées.

Ont été promus :

M. AMSELLEM NORBERT

M. AURAY NICOLAS

Mme BABOULET PASCALE
FLOURENS

M. BARTHE YANNICK

M. BENAMOUZIG DANIEL

Mlle BENARROSH YOLANDE

M. BERLIVET LUC

M. BORDES PASCAL

Mme BOUZIRI RAJA

M. BRETON DIDIER

M. BRUNO ALAIN

M. BRZUSTOWSKI MARC

Mlle BUSCATTO MARIE

Mme CADOLLE SYLVIE

M. CASTRA MICHEL

Mme CATHERIN VERONIQUE
GAMON

M. CAUSER JEAN-YVES

Mlle CETTOLO HELENE

M.CHACHOUA KAMEL

M. CHARRIER PHILIPPE

Mme CHLOUS FREDERIQUE
DUCHARME

Mme CLAEYS CECILIA
MEKDADE

Mme COLOMBANI GISELE
FOURCADE

Mme CROMER SYLVIE

Mlle CUNIN ELISABETH

Mme DAMBUYANT GISELE
WARGNY

Mlle DE LA ELISE
ROCHEBROCHARD

M. DE VOS RENE

Mlle DELMAS CORINNE

Mlle DELZESCAUX SABINE

Mlle DEPUY MYRIAM

M. DERICQUEBOURG REGIS

Mlle DESCHAMPS CATHERINE

M. DIDIER EMMANUEL

M. DUPERREIN BERNARD

Mlle DUPRE LUCIE

M.DUVAL JULIEN

Mme ELLENA LAURENCE

M. ERMAKOFF IVAN

Mme FENET HELENE
BUISSON

M. FERNANDEZ JEAN-LUC

M. FRANCOIS PIERRE

M. GAUDIN BENOIT

Mlle GIREL SYLVIA

M. GOBE ERIC

Mlle GRAVIER MAGALI

Mlle GUYET RACHEL

M. HASSINI MOHAMED

M. HEINZ PIERRE

M. HELOU CHRISTOPHE

M. HIERLE JEAN-PIERRE

Mme HOUYADER HELENE
BODREN

M. JALLAT DENIS

M. JAPPE ANSELM

M. JELLAB AZIZ

M. KEMO KEIMBOU DAVID-CLAUDE

M. KERVELLA JEAN PIERRE

M. KOEBEL MICHEL

Mme KURCUBIC MARINA
GLAMOCAK

M. LANGLOIS EMMANUEL

M.LAVAL CHRISTIAN

M. LAVOISY OLIVIER

Mlle LE BOUTEILLEC NATHALIE

M. LE BRETON ERIC

Mlle LE COQ SOPHIE

Mlle LE GARREC SOPHIE

M. LE MOIGNE PHILIPPE

M. LE NOE OLIVIER

M. LE SAOUT DIDIER

M. LEMAIRE XAVIER

Mme LEMARIE CAROLINE
VERZAT

Mme LEON MARIE-HELENE

M. LETONTURIER ERIC

M. LEVY ALAIN

M. LIOGIER RAPHAEL

M. LOCHARD YVES

Mlle MARTIAL AGNES

M. MASCLET OLIVIER

M. MAZADE OLIVIER

Mme MENNESSON CHRISTINE
CLEMENT

Mlle MERCIER DELPHINE

M. MICHAUT CHRISTOPHE

M. MILLET MATHIAS

Mme MOHAMED ADRIENNE
LINOSSIER

Mlle MORTAIN BLANDINE

Mme MOUSSAOUI ABDERRAHMANE

Mme MUNIER BRIGITTE
TEMIME

Mlle NAUDIER DELPHINE

M. NUYTENS WILLIAMS

M. OLIVE JEAN-LOUIS

Mlle PARIZOT ISABELLE

Mme PARUCH BEATRICE
PIAZZA

M. PENA-VEGA ALFREDO

M. PENTECOUTEAU CHRISTIAN

M. PIECHACZYK XAVIER

M. PITZALIS MARCO

M. PONTILLE DAVID

M. QUENSON EMMANUEL

Mme RAGUET NATHALIE
CANDITO

Mlle RAMOS E LSA

Mlle RAVET HYACINTHE

Mlle REY MARTINE

Mlle RIVIERE CAROLE-ANNE

Mme ROT GWENAELE

M. ROWELL JAY

M. ROY ALEXIS

Mlle RUI SANDRINE

M. RUMPALA YANNICK

Mme SACRISTE VALERIE
SINQSOUS

Mlle SALMON ANNE-EMMANUELLE

Mme SCORNET CATHERINE

M. SECHAUD FREDERIC

M. SEGRE GABRIEL

Mlle SEHILI DJAOUIDA

M. SERRY HERVE

Mme SIMONET MAUD
CUSSET

Mme STREICHER FREDERIQUE

M. SULZER EMMANUEL

M. TAIEB ERIC

M. TALLET LAURENT

Mlle TERRADE PATRICIA

Mme THIRY CAROLE
BOUR

Mlle TRIBESS ANDREA

M. VALLET PASCAL

M. VANDEWATTYNE JEAN

Mme VANNEUVILLE RACHEL

M. VARGIU ANDREA

Mme VELASCO ANA

M. VIEILLE MARCHISET GILLES

Mlle VIENNE FLORENCE

Mlle WYDMUSCH SOLANGE

La prochaine session de qualification aura lieu du 28 janvier au 2 février 2002.

2. La session de qualification 2001 aux fonctions de PR.

Le taux de qualification reste à peu près constant (autour de 43%) : 48 dossiers de candidats aux fonctions de professeur ont été examinés et 21 ont obtenu leur qualification (l’an dernier : 18 qualifiés pour 41 dossiers examinés).

Les motifs de refus sont : l’absence d’évolution du dossier (n=2), l’insuffisance de publications sociologiques (n=11), l’extériorité manifeste par rapport au champ de la sociologie (n=13, dont 6 référés à un domaine précis), 1 autre. Si l’on exclut ces dossiers, le taux de qualification des dossiers relevant clairement de la discipline passe à 60%.

Comme tous les ans, la section est au regret de constater que certains dossiers, pourtant constitués par des collègues en poste à l’université, sont très mal présentés.

Ont été promus :

M. AMIROU RACHID

M. BAILLEAU FRANCIS

Mme BARDIN LAURENCE

M.BROSSAT ALAIN

M. DONZELOT JACQUES

M. FRIEDBERG ERHARD

Mme FRIOT BERNARD

M, GADEA CHARLES

M. GOLLAC MICHEL

Mme GUIENNE BOSSAVIT VERONIQUE

M. HINTERMEYER PASCAL

M. KIENLE EBERHARD

M. LECLERC GERARD

M. LEFEBVRE BRUNO

M. PAYET JEAN-PAUL

M. PERETZ HENRI

M. ROZENBLATT PATRICK

M. SARDON JEAN-PAUL

M. STEBE JEAN MARC

M. ZAIDMAN CLAUDE

M. ZIROTTI JEAN-PIERRE

3. La session 2001 consacrée aux promotions

Au cours de cette session (une journée), toutes les demandes de congé pour conversion thématique (n=3 semestres) ont été satisfaites et la section a également procédé à des propositions de revalorisation de carrière pour des collègues ayant eu une activité dans le secteur privé avant leur nomination comme maîtres de conférences et qui avaient déposé un dossier en ce sens (n=5). Auparavant, la section avait débattu de l’" affaire Teissier " et entendu les observations de la commission chargée de constituer une liste de revues indexées (cette commission, interne au CNU, ne se confond pas avec la mission Jeannin chargée par le M.E.N. de classer les revues en sciences humaines et sociales).

Promotion des MCF :

Le contingentement du passage en première classe des MCF ayant été supprimé, la section n’a eu qu’à examiner les dossiers pour la Hors-Classe.

Ont été promus : Saul Karz, Claude Zaidman

Promotion des PR à la 1ère classe

4 promotions étaient possibles. Pour la première fois, la section a examiné les activités des trois dernières années des candidats en les soumettant à une grille de critères pondérés. Le total de points obtenu a donné lieu à un classement qui a servi de base à la discussion. Ont été promus :

Norbert Alter (Paris 9), Jean-Michel Bessette (Franche-Comté), Pierre Bouvier (Paris 10), Didier Fassin (Paris 13).

Promotion à la classe exceptionnelle des professeurs.

La section a pris en considération l’ensemble de la carrière des candidats et n’a considéré la grille que comme une indication parmi d’autres. Un certain nombre de dispositions ont été prises pour améliorer la prise en compte d’activités à fort rayonnement (activités structurantes à l’échelon international, par exemple) dans le futur.

A été promu :

Claude Dubar (U. Versailles-St-Quentin-en-Yvelines).

 

Grâce à la collaboration de Jean-Marie Duprez, le site du CNU est toujours actif à l'adresse http://www.univ-lille1.fr/cnu19/

***

La refondation de la Société Française de Sociologie

Compte-rendu de la rencontre commune AISLF, SFS, ASES du 26 octobre 2001

Cette rencontre a lieu à l'IRESCO et regroupe 120 participants. La matinée est consacrée à l'histoire et aux enseignements à tirer de l'histoire des trois sociétés organisatrices et du CNU 19e section. Claude Dubar, puis Dominique Schnapper pour la SFS (Société Française de Sociologie) ont rappelé son histoire et sa situation présente : c'est à dire une société qui ne fonctionne plus et n'attire plus grand monde (50 cotisants à ce jour). Daniel Mercure actuel président et Renaud Sainsaulieu ancien président de l'AISLF (Association Internationale des Sociologues de langues Française) ont montré comment cette association internationale qui regroupe 1500 membres et 45 groupes de travail a su organiser des colloques et, grâce au militantisme de ses créateurs et de ses responsables, rendre visible une tradition francophone de la sociologie.

Pour Daniel Filâtre, président de l'ASES (Association des Sociologues Enseignants du Supérieur), l'ASES n'a pas à substituer à la SFS. Philippe Cibois, ancien président, rappelle les 10 ans d'histoire de l'ASES : l'exigence de départ de transparence du CNU, de représentations commune à élaborer pour sortir des situations locales et trouver un lieu de réflexion. Il rappelle les 26 rencontres publiques déjà faites, les 29 numéros de la Lettre de l'ASES. Son extension (plus du tiers des membres de la 19e en sont membres) et son influence (affaire Teissier), permettent aux jeunes Enseignants-Chercheurs d'y trouver un lieu de socialisation.

Jean-Yves Trépos, président du CNU 19e section rappelle l'explicitation progressive qui a pu se faire des critères de choix, les conseils donnés, les comptes-rendus des causes de refus. Le CNU comprend des élus sur des listes syndicales et des membres nommés par le Ministère : on s'aperçoit que cette diversité d'origine disparaît dans l'action et qu'un consensus se crée dans les décisions. Des débats ont lieu d'une manière explicite qui permettent de mettre à jour les critères de décision.

L'après-midi est consacrée à la présentation d'expériences étrangères : Alain Chenu (USA), Jean-Paul Willaime (Allemagne), Jean-Charles Lagrée (Angleterre), Jean-Hugues Déchaux (Suisse) : de la diversité des expériences, il ressort l'importance du congrès annuel commun à toutes. La diversité des autres rôles est liée aux spécificités locales de l'organisation universitaire.

L'examen de divers réseaux de recherche M.Maruani (réseaux études féministes), L.Chauvel (mobilité sociale), C.Déchamp-Le Roux (santé), A.Van Zanten (éducation), Ch.Gadéa (professions) manifeste une grande diversité : ces réseaux sont fondamentaux pour la recherche, ils s'appuient sur des associations soit au plan national, soit au plan international.

Au cours des discussions de cette journée on voit apparaître un accord sur le fait qu'il faut faire renaitre la SFS et non la supprimer ou la faire se joindre à l'ASES. Les points suivants sont dégagés :

- la SFS correspond à un besoin : elle est la société qui relie la France à l'AIS (Association Internationale de Sociologie) et à l'AES (Association Européenne de Sociologie). Comme les société nationales des autres pays elle doit organiser un congrès national pour permettre aux divers courants de la sociologie de discuter entre eux, pour permettre à la sociologie française d'exister face à la société.

- un tel congrès national doit permettre une discussion en assemblée plénière mais aussi favoriser les rencontres de réseaux, comités de recherche ou groupes qui existent déjà. Dans certains secteurs où il n'y a pas de groupe de recherche, la SFS pourrait avoir un rôle d'incitation.

- pour fonctionner à nouveau, la SFS doit se doter de statuts démocratiques

- pour jouer un rôle fédérateur, la SFS doit réfléchir à la possibilité d'avoir en son sein des représentants d'associations ou de réseaux.

Ces points étant acceptés, le passage de l'ancienne SFS à la nouvelle est envisagé par modification des statuts (un nouveau nom d'AFS Association Française de Sociologie est évoqué pour marquer le changement). A cette fin une Assemblée Générale est prévue le vendredi 21 décembre prochain à 10h à l'IRESCO. Pour modifier les anciens statuts, une majorité des deux tiers est requise. D'ici là, il faut que de nouveaux membres à jour de leur cotisation (200 F à adresser à SFS, IRESCO, 59 rue Pouchet, 75849 PARIS CEDEX 17) puissent voter à l'AG et que des projets de nouveaux statuts soient envisagés. Après cette AG modificatrice, un comité de réflexion devra examiner l'organisation du premier congrès national de sociologie (qui pourrait avoir lieu en province pour pouvoir recevoir un soutien régional).

Points évoqués pendant la discussion mais restants en suspens : représentation professionnelle des chercheurs (gérés par les commissions du CNRS) ; coordination entre associations présentes (ainsi qu'avec l'APSE, Association Professionnelle des Sociologues d'Entreprise).

CR de Ph.Cibois, 28 oct.

VIE DE L'ASES

Assemblée générale annuelle
12 mai 2001

Rapport financier

Bilan comptable pour l'année 2000

 

Recettes

239 cotisations 35 880,00

Recettes Sicav 945,70

Annuaire 3 062,09

----------------------------------------------------

Total recettes 39 887,79

Dépenses

Frais de déplacement 8 014,50

Frais d'envois 13 462,87

Lettres de l’ASES 4 324,00

Annuaire 22 775,46

----------------------------------------------------

Total dépenses 48 576,83

Recettes - dépenses -8 689,04

(solde débiteur)

Bilan de trésorerie

Situation au 31 décembre 1999

Sicav 37 956,00

CCP 33 623,72

---------------------------------------------------

Total au 31/12/98 71 579,72

Situation au 31 décembre 2000

Sicav 38 901,68

CCP 23 989,00

---------------------------------------------------

Total au 31/12/99 62 890,68

Total 2000 - total 1999 -8 689,04

(solde débiteur)

 

Bilan comptable pour l'année 1999

 

Recettes

220 cotisations 33 050,00

Recettes Sicav 936,80

Annuaire 18 730,00

----------------------------------------------------

Total recettes 52 716,80

Dépenses

Frais de déplacement 27 302,09

Frais d’envois 11 925,80

Lettres de l’ASES 11.790,00

----------------------------------------------------

Total dépenses 51 017,89

Recettes - dépenses 1 698,91

(solde créditeur)

Bilan de trésorerie

Situation au 31 décembre 1998

Sicav 37 019,20

CCP 32 861,61

---------------------------------------------------

Total au 31/12/98 69 880,81

Situation au 31 décembre 1999

Sicav 37 956,00

CCP 33 623,72

---------------------------------------------------

Total au 31/12/99 71 579,72

Total 1999 - total 1998 1 698,91

(solde créditeur)

 

Rapport Moral

Le rapport moral est inclus dans l'éditorial à lire en page 3 de la présente Lettre

A propos de "l'Affaire Teissier"
Compte-rendu du Conseil d'Administration élargi
du 14 juin 2001

Présents : Régine Bercot, Philippe Cibois, Sylvette Denèfle, Michèle Dion, Claude Dubar, Francis Farrugia, Daniel Filâtre, Charles Gadéa, Suzie Guth, Salvatore Maugeri, Monique Legrand, Nicole Roux, Patrick Trabal, Jean-Yves Trépos, Maryse Tripier, Pierre Tripier

Excusés : Alain Chenu, Sandrine Garcia, Catherine Paradeise, Bruno Péquignot

La rencontre de l’ASES du 12 mai a mis en évidence l’urgence de définir davantage les normes et les principes d’une thèse de sociologie. Lors du débat, plusieurs ont indiqué que cette affaire nous amenait à ouvrir la boite de Pandore de nos pratiques face à l’écriture, la soutenance et l’évaluation d’une thèse dans notre discipline. Lors de l'assemblée générale et surtout lors du CA qui a suivi, nous avons décidé de lancer ce vaste chantier qui dépasse largement celui d'une simple rencontre

Très clairement, l'affaire Teissier nous amène à élargir notre rôle traditionnel, essentiellement axé sur des rencontres et des informations sur notre milieu, ses règles de fonctionnement et nos pratiques. Quel doit être ce rôle? Comment définir des normes et des règles qui respectent à la fois l'autonomie de chaque sociologue ou d'un groupe d'entre eux mais aussi la force et l'identité de notre milieu professionnel? Comment réagir collectivement, lorsque les sociologues se trouvent mis en cause?

Ces questions difficiles obligent à une réflexion longue et sereine. C'est la raison de ce séminaire de travail qui a réuni les membres actuels du Conseil d'Administration de l'ASES. Comme convenu, nous avons élargi cette réunion aux anciens présidents et présidentes de l'ASES.

La rencontre s'est déroulée en deux parties, réflexion globale sur ce qui devrait être fait, l'après-midi élaboration du programme de l'ASES pour l'année à venir.

Synthèse de la réflexion globale

On peut résumer le tour de table qui a permis à chacun de s'exprimer (et de lire les communications écrites fournies par A.Chenu et S.Garcia), sous quatre thèmes (qui s'interpénètrent d'ailleurs) :

1) Discussions autour de "règles et normes".

Il existe déjà des normes : normes formelles pour la soutenance d'une thèse (pré-rapport, signature du directeur de l'Ecole doctorale, etc.), normes informelles sur ce que doit être le souci d'un directeur de recherche, sur le nombre raisonnable de doctorants qui peuvent être suivis par une seule personne. De même, il existe déjà des instances de contrôle comme le conseil scientifique de l'université et le CNU. Les avis ont été divers dans l'appréciation du passage de l'informel au formel pour les normes, sur le fait de savoir s'il fallait renforcer les contrôles formels, sur le fait que certains s'affranchissant de toutes normes et qu'il fallait leur opposer une pression morale par le milieu sous la forme d'un code de déontologie.

Exemples de renforcements des contrôles formels : jury composé par les instances universitaires et non par le directeur, présence obligatoire d'un extérieur au domaine, pré-rapport sur une thèse anonymée par un lecteur externe (et rémunéré), mise au point de Comités de thèses extérieurs qui suivent l'ensemble du travail des thèses de toute une institution.

Exemples de renforcement des contrôles informels : assurer la publicité des jury de thèses et de résumé par une publication sur un site (et non par un affichage unique au fin fond d'un couloir d'une université).

La discussion a fait apparaitre que pour les contrôles formels, nous n'étions pas seuls et que nous ne pouvions pas changer le système actuel (il serait toutefois intéressant de voir comment ces mêmes problèmes sont réglés dans d'autres pays). Cependant il est possible de demander aux Ecoles doctorales de limiter le nombre d'inscrits en direction de thèse pour une même personne (par exemple à une dizaine), de faire respecter la charte du doctorant. Si nous voulons renforcer la régulation, ce peut passer aussi par une pression interne à la profession, par l'action des institutions de la profession. Cette pression est indispensable car la loi du marché ne peut pas s'appliquer (une "faillite morale" n'entraine pas l'élimination du contrevenant).

2) Comment régler la coordination entre les institutions de la profession ?

Le CNU est perçu comme l'instance de régulation efficace, un garde-fou : il sanctionne mais ce n'est pas lui qui peut faire pression. Les règles qu'il donne doivent être à nouveau diffusées, rendues publiques.

Les instances du niveau de l'université (Ecoles doctorales) peuvent donner des normes locales (nombre de doctorants par directeur, charte des doctorants, aider à la mise en place de laboratoire de recherche authentiques) et les faire respecter.

L'ASES ne peut travailler que dans l'informel et ne doit ni être l'émanation d'un courant ni la courroie de transmission du CNU. Par ses débats, ses rencontres, son information elle doit proposer des règles pratiques qui s'imposent de fait, règles qui évoluent, qui sont de l'ordre de la pression morale (code de déontologie). L'ASES assure la publicité des normes.

3) Le niveau requis

Il a semblé dans la discussion que le niveau de la thèse ne pouvait pas être dissocié de l'exigence plus générale que l'on a à tous les niveaux. Comment refuser de cautionner une thèse faible quand, du fait d'un consensus mou, on renonce à ses exigences de notation aux niveaux inférieurs. On a noté que cette exigence se rencontrait en particulier auprès de MCF jeunes qui du fait de la sélection accrue à laquelle ils avaient été soumis leur de leur recrutement, ne pouvait se satisfaire d'un niveau qu'ils jugent laxiste d'une génération plus ancienne et recrutée sous d'autres normes. Cette exigence doit être acceptée : le laxisme n'est pas tenable mais cela ne doit pas remettre en cause le fait que l'on prenne au démarrage les étudiants comme ils sont, avec leurs lacunes. Notre exigence doit être de les conduire progressivement à un niveau satisfaisant.

Les exigences en sociologie sont communes à toutes les disciplines et sont de niveau international : prise en compte d'une hiérarchie des revues, financement des thèses. Accepter ce point de vue, c'est pousser à la modification des normes d'encadrement de notre disciplines (normes sanrémo : la négociation à ce sujet suppose un dossier préparatoire qui montre bien que ces normes ne peuvent être respectées sans dommage pour la discipline, dossier qui devra ensuite être présenté au Ministère).

Nous sommes en train de travailler au renforcement des normes : cette attitude même est le refus de la complaisance, du "consensus mou" qui évite les vagues.

4) Acceptation/rejet du courant maffésolien

Michel Maffesoli, s'il reconnait que la thèse Teissier pose énormément de problèmes demande que son courant soit reconnu comme une part légitime de la sociologie et qu'il y ait dialogue. Il lui est demandé de ne pas "rester sur son Aventin" et de prendre part, comme tout un chacun au dialogue interne à la discipline. Il ne peut disposer d'une position privilégiée d'un paradigme contre les autres. Pour certains il pratique ce que les civilisationistes d'autres disciplines font (anglicistes par ex.) :.le genre "cultural studies" est tout à fait légitime mais ne peut être identifié à la sociologie. Cependant la discipline risque d'imposer un courant dominant et de rejeter des déviances utiles.

Programme de travail

Ce qui a motivé la présente rencontre c'est le débat autour d'une thèse : il est cohérent que notre travail de mise en place de normes plus exigeantes commence par l'examen approfondi du processus de la thèse sachant que ce que nous allons dire à ce sujet vaut d'une manière générale pour la direction de tout travail de recherche (DEA, maitrise). On note à ce propos que la participation des MCF à la direction des thèses devait être acceptée comme a été accepté leur rôle pour les maitrises.

Après discussion, le programme suivant est proposé :

6 Octobre 2001 : nous reprenons le programme de la rencontre qui avait été repoussé par le débat sur l'affaire Teissier. Il s'agit de la rencontre sur les effets de la réforme du Deug, rencontre préparée par Charles Gadéa, Sandrine Garcia et Charles Soulié.

Les trois rencontres suivantes suivront le processus de la thèse : la faire, l'encadrer, l'évaluer.

19 janvier 2002 : faire une thèse : le point de vue des doctorants, rencontre préparée par Salvotore Maugeri et Nicole Roux

avril 2002 (date à préciser) : encadrer une thèse : rencontre préparée par Francis Farrugia et Régine Bercot. Le CA souhaite que des rencontres régionales soient programmées auparavant sur le même thème.

septembre 2002 : évaluer une thèse. C'est lors de cette rencontre que pourront être utilisés les résultats des enquêtes en cours de Claudine Dardy et de Frederik Mispelblom (qui primitivement devait être utilisé lors de la rencontre de janvier 2002) mais le débat devra être élargi (resp. à désigner ultérieurement)

Compte-rendu du Conseil d’Administration du 6 octobre 2001

Présents : Régine Bercot, Philippe Cibois, Michèle Dion, Claude Dubar, Daniel Filâtre, Charles Gadéa, Suzie Guth, Yvon Lamy, Salvatore Maugeri, Jean-Luc Richard, Nicole Roux, Patrick Trabal, Jean-Yves Trépos,

Excusés : François Cardi, Sylvette Denèfle, Francis Farrugia, Monique Legrand,

1) La réunion du 6 octobre au matin a permis un débat intéressant : la question qui se pose maintenant est de savoir comment permettre des échanges sur les expérimentations pédagogiques et administratives. Une rencontre sous forme de colloque pourrait être organisée à cette fin et un appel à proposition d'initiatives sera annoncé dans la Lettre de l'ASES. Responsables Nicole Roux et Charles Gadéa.

2) Journée du 26 octobre commune avec AISLF et SFS.

Claude Dubar signale qu'aux yeux d'un certain nombre de membres de la SFS, l'ASES est l'association qui représente les sociologues et qu'il n'est plus raisonnable de laisser en place trois associations françaises de sociologues. Le débat sur la question aura lieu le 26 octobre : les collègues apprécient l'ASES par les informations qu'elle diffuse par sa Lettre. Pour continuer dans ce sens, il faudrait que la Lettre de l'ASES relaie les informations concernant la recherche (appels d'offres). Ph.Cibois qui doit intervenir au nom de l'ASES présentera par mail le schéma de son intervention aux membres du CA.

Journée ASES du 19 janvier "Faire une thèse : le point de vue des doctorants"

Nicole Roux et Salvatore Maugeri présentent l'état de leurs rencontres : les doctorants sont très mobilisés par le thème. Pour en toucher d'autres il suffira de leurs transmettre un bref questionnaire en utilisant le réseau de l'ASES (par mail uniquement).

Journée du 23 mars : "Evaluer une thèse"

Thèmes à aborder : le problème majeur est celui des critères de recevabilité d'une thèse, qu'est ce qui est attendu. Autres thèmes à aborder composition du jury, soutenance, mention, rapports. Il faudra utiliser les enquêtes sur les soutenances faites par Cl.Dardy et Fr.Mispelblom. S.Guth envisage de faire l'analyse de contenu d'un certain nombre de rapports de soutenance. Responsables de la journée : S.Guth et P.Trabal.

En septembre prochain (date à fixer) nous étudierons l'encadrement, la charte du doctorant et les problèmes spécifiques de l'HDR. Responsables à désigner.

3) Préparation d'un guide des revues : le but est d'arriver à rendre plus facile l'accès à la publication en diffusant des renseignements sur les revues. Comme l'enquête du CNRS (Ph. Jeannin) et du CNU est en cours, nous attendrons leurs résultats pour lancer l'opération.

4) Le point sur la Lettre de l'ASES et sur le site. Ph.Cibois souligne le fait que l'affaire Teyssier l'a beaucoup pris de mai à juillet qu'il a accumulé un retard important. On envisage donc de publier une Lettre qui donne le CR des deux rencontres d'octobre (7 et 26) et le CR des travaux du CNU de cette année, à paraître avant la fin du trimestre. Les CR manquants seront mis sur le site en cours de transformation.

LETTRE DE L’ASES :
au sommaire des précédents numéros

Lettre n°29 : octobre 2000

Mais que deviennent nos étudiants ? Une enquête sur le devenir professionnel des étudiants en sociologie. par Charles Soulié - Les enjeux de la commission Cohen-Le Déaut : de la politique scientifique aux acteurs de la recherche par Claude Didry -

Informations sur le CNU par J.-Y. Trépos et Ph.Cibois

Tribune libre Les procédures de décision en commission de spécialistes par José Rose

Informations Réunion des directeurs de labos Cnrs par Maryse Tripier

Vie de l'ASES

Lettre n°28 : Juin 2000

La formation des sociologues en Europe Introduction par Catherine Déchamp - Le Roux et Suzie Guth. Royaume-Uni par Christopher T Husbands. Pologne par Ewa Malinowska. Allemagne par Siegfried Geyer. Espagne par Enrique Gaston.

Les écoles doctorales. Rencontre avec Roger Frydman

Informations sur le CNU. Nominations en 1999 et renouvellement du CNU par Alain Chenu.

Vie de l'ASES

Lettre n°27 : mars 1999

Innovations pédagogiques Innover en tutorat par Jean-Louis Le Goff. Enseigner la méthodologie universitaire par Erika Flahaut. Une vidéo sur Becker et Friedson à Metz par B.Etienne et V.Meyer. Stage et formation à l'analyse sociologique par Michel Villette. Faut-il "s'adapter" au nouveau public par S.Garcia et A.Pélage.

Informations sur le CNU. Bilan des qualifications par Alain Chenu. Tribune libre de Lucy Tanguy et Pierre Tripier

Chronique Internet, Vie de l'ASES

Lettre n°26 : mars 1999

Les sociologues publient : où comment ?

Recrutements de 1998. Informations sur le CNU par Alain Chenu. Tribunes libre par Alain Quemin et Antonio Monaco

Dossier DESS. Compte-rendu de deux réunion de l'ASES par Monique Legrand. Liste des DESS de sociologie. Quelques thèses contestables par Pierre Tripier. Une question stratégique par Alain Chenu.

Chronique Internet, Vie de l'ASES

Rencontres de l'ASES

Octobre 2001 L'enseignement de la sociologie face aux réformes pédagogiques : questions autour de l'évaluation après la réforme Bayrou

Mai 2001 La thèse de sociologie - questions épistémologiques et usage après "l'affaire Teissier"

Janvier 2001 Situations locales et pratiques de la recherche

Septembre 2000 La publication des livres

Mars 2000 Le statut d'enseignant-chercheur

Janvier 2000 Les écoles doctorales

Octobre 1999 La formation des sociologues en Europe

Mars 1999 Innovations pédagogiques

Janvier 1999 Les sociologues publient : où, comment ?

Sept. 1998 Quelle politique de la recherche pour l'Université ?

Mars 98 Quarante ans d'enseignements de la sociologie, bilans et perspectives

Janvier 98 Les DESS de sociologie

Sept. 97 Chargés de cours, Ater, moniteurs, doctorants,... Quelle politique pour les statuts précaires ?

Mars 97 Actualité de la réforme du Deug (Bayrou)

Théorie sociologique et sociologie générale

Janvier 97 Enseigner les méthodes : observation, questionnaire, entretien

Sept. 96 Réforme du Deug ? Comment la prendre en charge.

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Association des Sociologues Enseignants du Supérieur

 

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