La Lettre de l’ASES

Association des Sociologues Enseignants du Supérieur

29

octobre

2000

 

Rapport moral

par Daniel Filâtre 3

Mais que deviennent nos étudiants ? Une enquête sur le devenir professionnel des étudiants en sociologie.

par Charles Soulié 6

Parutions récentes à signaler 16

Les enjeux de la commission Cohen-Le Déaut : de la politique scientifique aux acteurs de la recherche
compte-rendu de la rencontre de l'ASES du 18 mars 2000

par Claude Didry 17

Informations sur le CNU par J.-Y. Trépos et Ph.Cibois

Les qualifications d'enseignants-chercheurs en 2000 27

Les recrutements de juin 2000 et site Internet CNU 33

Tribune libre

Les procédures de décision en commission de spécialistes par José Rose 34

Informations : compte-rendu

Réunion des directeurs de labos Cnrs par Maryse Tripier 40

Chronique Internet 47

Vie de l'ASES

Assemblée générale annuelle 51

Rencontre régionale de Grenoble du 25 mars 2000 54

Compte-rendu du CA du 18 mars 2000 61


La lettre de l’ASES est le bulletin de liaison de l’ASES

Association des Sociologues Enseignants du Supérieur

Cette association Loi 1901 a été fondée en 1989 pour "défendre, améliorer et promouvoir l’enseignement de la sociologie. Elle vise à rassembler, à des fins d’information, de réflexion, de concertation et de proposition, les enseignants-chercheurs et les enseignants de sociologie en poste dans les universités et les établissements d’enseignement supérieur assimilés"

Le Conseil d’administration en est actuellement le suivant :

Régine Bercot

Yeza Boulhabel-Villac

François Cardi

Philippe Cibois (secrétaire général,
chargé du bulletin)

Sylvette Denèfle

Michèle Dion (trésorière)

Claude Dubar

Francis Farrugia

Daniel Filâtre (président)

Charles Gadéa

Sandrine Garcia

Suzie Guth

Monique Hirschhorn

Yvon Lamy

Salvatore Maugeri

Monique Legrand

Jean-Luc Primon

Nicole Roux

François de Singly

Jean-Yves Trépos

Marie-Caroline Vanbremeersch

Rédaction de la Lettre de l’ASES : c/o Philippe Cibois

22 bis rue des Essertes, 94140 ALFORTVILLE

tel/fax 01 43 75 26 63 ; cibois@francenet.fr

Assemblée générale du 18 mars 2000 Rapport moral présenté par le président de l’ASES

Les activités engagées par notre association tout au long de ces derniers mois témoignent du maintien des orientations définies à l’origine de l’ASES : socialiser notre milieu professionnel et aider à la structuration de la communauté des sociologues (et démographes) enseignant dans les établissements d’enseignement supérieur, assurer les moyens de la rencontre et du débat, proposer des règles communes de fonctionnement au sein de nos diverses instances, réfléchir aux évolutions et aux réformes en revendiquant la prise en compte de nos intérêts et de nos positions sans pour autant glisser vers une démarche syndicale ou bien partisane.

C’est dans cet esprit que nous avons engagé de nouvelles rencontres diverses et ouvertes : en octobre 1999 sur la place de la sociologie dans les universités européennes, en janvier 2000 sur le développement des écoles doctorales, en mars 2000 sur le statut d’enseignant chercheur. Ces rencontres ont mobilisé à chaque fois près d’une cinquantaine de collègues. Elles sont préparées généralement par des membres du Conseil d’administration de l’ASES qui mobilisent pour cela d’autres collègues ou des intervenants extérieurs. C’est ici un gage d’ouverture de nos débats. Et j’ai la conviction que l’ASES demeure un lieu où peuvent ainsi s’exprimer des opinions différentes. C’est évidemment nécessaire lorsque nous débattons des orientations pédagogiques de nos cursus, des finalités des formations professionnelles ou encore de la thèse.

Malgré cela on peut regretter le maintien de nos rencontres sur Paris, qui limite la venue de collègues éloignés. C’est certainement là que la Lettre de l’ASES a un rôle déterminant. Il faut souligner ici le rôle décisif de Philippe Cibois que je tiens à remercier mais aussi de toutes celles et ceux qui participent à la réalisation des numéros en rédigeant un compte-rendu ou bien en adressant une note d’information ou de débat. C’est à chaque fois un exercice lourd et exigeant, mais qui me paraît essentiel pour notre association.

Dans le même esprit, les réseaux régionaux lorsqu’ils arrivent à se dynamiser peuvent permettre des échanges voir des rapprochements. Prochainement, à l’initiative de Jean Luc Primon, une rencontre aura lieu à Grenoble, réunissant plusieurs collègues du Sud Est. Ces rencontres sont difficiles à réaliser mais elles méritent certainement un développement volontariste de notre part.

Il y a un an, lors du renouvellement du Conseil d’Administration, nous avions décidé de modifier quelque peu nos règles de fonctionnement : ne plus dissocier bureau et C.A. ; multiplier les réunions entre les divers membres élus ; associer plusieurs personnes à la mise en chantier des rencontres à venir… Ce changement est en cours et je crois qu’il entraîne un investissement plus important de toutes et tous et sans doute plus d’ouverture pour notre association. Voici les thèmes de nos prochaines rencontres dont la préparation est engagée, mais plus ou moins avancée : la vie du doctorant en sociologie, les relations entre secondaire et supérieur, les critères de validité des thèses, le statut des enseignants chercheurs et les responsabilités " administratives ", les modes de fonctionnement de nos commissions de spécialistes.

La parution imminente de l’annuaire est là encore un signe de notre dynamisme. Nous devons remercier Suzy Guth pour son indéfectible persévérance. Publier l’annuaire des membres de notre communauté n’est pas une tâche facile, surtout lorsqu’il faut relancer plusieurs fois les collègues ou lorsque les fiches réponses sont incomplètes. Mais ce travail est achevé. Il constitue un élément structurant de notre milieu professionnel, j’en suis convaincu.

Pour terminer ce rapport, je souhaiterais dégager quelques points qui me paraissent essentiels à mettre en débat au sein de l’association :

- nos relations avec l’extérieur. Je vois là toutes les réflexions, les débats qui se déroulent autour de nous et qui nous concernent directement. Je pense par exemple au rapport Cohen – Le Déault sur la recherche dans les établissements publics, aux réformes en discussions, celle du CNRS ou d’autres… Il me semble que nous ne pouvons les ignorer, ni même prendre position !

- les conditions d’exercice de nos activités dans les universités ou dans les établissements assimilés, les relations entre départements, UFR, Université et la place de la sociologie, la prise en charge des enseignements, la place des chargés de cours ou intervenants extérieurs dans nos enseignements, l’application des normes San Rémo….

- le fonctionnement de nos commissions à tous les niveaux (commissions de spécialistes, C.N.U., commissions CNRS, autres…). Quelles règles ? Quels retours ? Quels modes de recrutement ?

- la composition de notre communauté. Il est clair que nous avons sur ce sujet peu de connaissances malgré l’annuaire, malgré les réseaux…

- les diverses dimensions de notre structuration

- les relations avec les autres structures qui nous sont proches : l’Association des enseignants de sciences économiques et sociales, l’Association française de sociologie, l’Association européenne de sociologie, l’Association internationale de sociologie, l ‘Association internationale des sociologues de langue française…

Toutes ces pistes constituent des chantiers à ouvrir. Nous formons aujourd’hui une communauté de près de 700 personnes, peut-être plus, peut-être moins ! L’ASES compte aujourd’hui plus de 280 membres. Cela constitue une représentation importante qui légitime le pari engagé par plusieurs de nos collègues il y a plus de 10 ans. Mais parce que la sociologie est une discipline jeune au développement considérable ces 30 dernières années, la structuration de notre communauté est encore plus urgente. Il nous faut comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons, analyser les modalités qui nous permettront de mieux nous organiser, éviter les risques de segmentation, réfléchir collectivement aux renouvellements futurs, débattre de nos axes de recherche, de notre utilité… Je ne peux conclure ce rapport que par un appel au débat collectif et à la participation de tous.

Je vous remercie de votre confiance.

Daniel Filâtre
Président de l’ASES.

 

 

 

L'Annuaire de l'Enseignement et de la Recherche en Sociologie

est disponible. On peut le commander en envoyant un
chèque de 80 F (port compris), à l'ordre de l'ASES, à

Suzie Guth
Professeur de sociologie,
29, rue du Général de Gaulle
67640 LIPSHEIM

Mais que deviennent nos étudiants ? Une enquête sur le devenir professionnel des étudiants en sociologie

Charles Soulié
Université de Rouen
(charles.soulie@wanadoo.fr)

" Lorsque la sociologie fait son travail, elle déplaît à tous. "

En présentant les résultats d’une enquête de suivi professionnel conduite auprès d’anciens étudiants en sociologie d’une université de province (en 1997, 20,2% seulement des Licences de sociologie et 34% des DESS ont été délivrés dans une université de la région parisienne) l’objectif de cet article est de lancer un débat portant sur les finalités de l’enseignement de la sociologie à l’université, en les rapportant notamment aux fonctions sociales, professionnelles, etc., effectivement remplies par cette discipline. De même, ce genre d’enquête ne peut qu’intéresser celui qui souhaite réfléchir concrètement au contenu des programmes d’enseignement, comme au développement des filières dites "professionnalisantes" type DESS

C’est ainsi que lors de l’année universitaire 1999/2000 et dans le cadre d’un atelier de sociologie de Licence, des étudiants de l’université de Rouen se sont intéressés au devenir professionnel de leurs camarades de Licence et DESS en effectuant une analyse secondaire d’une enquête par voie postale conduite en 1999 par l’Observatoire de la Vie Etudiante de Rouen. Si les enquêtes portant sur le devenir professionnel des étudiants de second cycle de sciences humaines et sociales sont déjà nombreuses, celles distinguant les sociologues et s’intéressant aux DESS sont plus rares. Pourtant depuis une dizaine d’années, les DESS de sociologie ne cessent de se multiplier, sous couvert notamment de " professionnalisation " des études universitaires. Le département de sociologie de Rouen offre d’ailleurs un lieu d’observation privilégié, attendu qu’avec ses trois DESS il est un des plus gros producteurs de DESS de sociologie de France. En 1997, il en a délivré 60, contre 56 à Paris I Sorbonne, 50 à Evry, 36 à Amiens, 33 à Toulouse II, 32 à Strasbourg II, 30 à Paris X Nanterre, 24 à Nancy II, etc.

Un recrutement plutôt dominé

En Licence de sociologie le nombre de répondants s’élève à 42, soit un taux de réponse net d’environ 40%, tandis qu’en DESS l’effectif est de 38, le taux de réponse net avoisinant alors les 48%. Comme le montre le tableau suivant, cette population est fortement féminisée, même si la proportion de femmes est plus faible en DESS Si l’on en juge d’après l’âge au Baccalauréat, le capital scolaire des répondants est assez faible (un tiers seulement a eu son Baccalauréat à l’heure, très peu ont eu une mention) et l’on notera que la majorité des étudiants de Licence ont dépassé l’âge normal à ce niveau d’études, soit 21 ans.

Le Profil des répondants

LICENCE

DESS

EFFECTIFS

N = 42

N = 38

% de femmes

88%

66%

Type de bac obtenu

60% de bac E.S

40% de bac ES

10,5% équival du bac

Age au bac

31% ont 18 ans,

les autres plus

36% ont 18 ans,

les autres plus

Age au diplôme

20-22 ans : 47,6%

23-24 ans : 47,6%

25 et + : 4,7%

25 ans et - : 36,8%

26-30 ans : 21%

31 ans et + : 42%

Activité prof avant ou durant les études

24% (employés surtout)

60% (professions intermédiaires surtout)

Poursuite d’études après le diplôme enquêté

90%

10%

Le rapprochement des Licences et des DESS souligne le profil particulier de ces derniers. En effet à Rouen, ce sont pour les deux tiers des étudiants en reprise d’études, plutôt âgés, ayant déjà une expérience professionnelle (60% d’entre eux travaillent avant leur inscription à ce diplôme, principalement dans les professions intermédiaires), dont les formations antérieures sont très variées (10% n’ont pas le Baccalauréat) et qui n’ont souvent jamais reçu d’enseignement de sociologie. Avec ce diplôme de 3ème cycle, beaucoup comptent obtenir un meilleur statut dans leur établissement ou secteur d’origine.

Le profil des DESS de sociologie se rapproche beaucoup de celui des DESS de sciences de l’éducation (100% de salariés et profil plutôt âgé), eux aussi interrogés par l’OVE de Rouen, mais s’écarte de celui des DESS de psychologie. En effet en psychologie (où le recrutement social et scolaire en DEUG est pourtant voisin de celui de la sociologie), le taux de salariés n’est que de 34% et les répondants sont bien plus jeunes (moyenne d’âge 25 ans). Manifestement, les politiques de recrutement varient fortement selon les disciplines. Si les psychologues privilégient un recrutement sur base disciplinaire et scientifique (la Maîtrise de psychologie, de préférence avec une bonne mention, est exigée et le contenu des DESS essentiellement centré sur la psychologie), le recrutement est beaucoup plus dispersé en sociologie, comme en sciences de l’éducation, et n’est pas sans tirer du côté de la formation permanente ou continue.

En fait, la présence de financements régionaux en DESS de sociologie implique toute une série de contraintes tant au niveau du recrutement étudiant, que de la nature des contenus enseignés, du style pédagogique, des recherches conduites, etc. En retour, l’enracinement régional des DESS, favorisé notamment par les flux de stagiaires (le DESS comprend obligatoirement un stage de trois mois), permet aux universitaires de nouer des liens avec des " partenaires locaux ", susceptibles à leur tour d’embaucher des étudiants, de financer des recherches de sociologie appliquée et donc de les orienter, etc. Par là, les DESS forment une sorte de vaste " pompe à capital social et économique ", ce qui explique sans doute leur succès. Ce type de formation est nettement moins développé dans des disciplines canoniques, et plus scolastiques, comme la philosophie, les lettres ou bien l’histoire par exemple, où le recrutement social et scolaire est plus élevé, les préoccupations généralement moins directement pratiques, les débouchés professionnels essentiellement centrés sur l’enseignement et le secteur public, et où la continuité de la formation entre les différents cycles est plus nette (le fait de disposer de débouchés professionnels clairs permettant à ces disciplines d’adopter une posture apparemment moins utilitariste et plus gratuite). A l’inverse, on note que dans des disciplines plus " temporelles " ou " camérales " comme l’économie ou le droit, les DESS se sont fortement développés ces dernières années, au détriment souvent de la filière recherche, ce qui ne manque pas de susciter des conflits chez les universitaires. Et de fait, ce sont bien des conceptions différentes de la discipline, tant au plan scientifique que de ses usages sociaux, qui s’opposent ici.

Le fait qu’une majorité d’étudiants du DESS de sociologie soit en reprise d’études et vienne de l’extérieur de la discipline n’est pas sans poser des problèmes d’acculturation à la sociologie et explique leur rapport souvent très problématique à la " théorie ". L’importance de ce public, auquel les financeurs demandent d’évaluer la formation en cours d’année, oblige les universitaires à des ajustements pédagogiques et scientifiques parfois douloureux. Enfin chez les formations initiales (1/3 des effectifs environ), on note qu’à Rouen les apprentis sociologues ne représentent qu’une faible minorité.

La plupart des répondants sont d’origine moyenne ou populaire, mais les enfants de cadres sont plus présents en DESS A ce niveau d’études, nombre d’étudiants (notamment parmi les plus âgés) sont en situation de contre mobilité et paraissent lancés dans une opération de rattrapage scolaire et social. On retrouve ici un des profils classiques du public de la formation permanente ou continue.

Profession du père des répondants

 

LICENCE

DESS

 

Effectifs

N = 42

N = 38

 

Artisan, commerçant

23,8%

18,4%

 

Ouvrier, employé

23,8%

26,3%

 

Profession intermédiaire

35,7%

10,5%

 

Cad sup/prof lib

16,7%

26,3%

 

Retraité/sans réponse

0%

18,4%

 

TOTAL

 

Les débouchés de la Licence de sociologie : entre caissière et professeur des écoles...

Une enquête antérieure réalisée en collaboration avec Yankel Fijalkow et portant sur les projets professionnels des étudiants de DEUG de sociologie de Rouen présents en cours montre que les professions du travail social intéressent près de la moitié d’entre eux (les concours étant alors souvent de " niveau bac ", ou " bac plus deux "), tandis que le reste pense fréquemment au professorat des écoles (ce dernier demandant un niveau " bac plus trois "), ou à d’autres concours de la fonction publique. Cette orientation vers le travail social des étudiants, et plus particulièrement de ceux d’origine populaire, se répercute ensuite sur le profil démographique de la discipline. Ainsi, plus des deux tiers des étudiants du cursus de sociologie rouennais sont concentrés en DEUG, la sociologie représentant souvent pour eux une discipline de passage et d’orientation, ainsi qu’une propédeutique, - plus ou moins ajustée d’ailleurs -, aux écoles du travail social et à l’IUFM, mais rarement une vocation. Ainsi, 10% seulement aimeraient devenir chercheur et il s’agit surtout d’enfants d’origine favorisée.

L’étude du devenir professionnel des Licences de sociologie montre que le professorat des écoles, le travail social et le vaste archipel des employés sont les principaux débouchés de la Licence de sociologie, ce qui rejoint le constat fait dans d’autres enquêtes, le concours étant alors la principale voie d’accès à l’emploi. Plus précisément, on note que parmi les répondants en activité, ce sont les plus jeunes (et donc les plus dotés scolairement), qui réussissent le concours de professeur des écoles et ont les salaires les plus élevés, tandis que leurs camarades plus âgés sont plus souvent employés, et en statut précaire, ou travailleurs sociaux.

Les entretiens réalisés dans le cadre de l’Atelier montrent la souffrance intense des étudiantes d’origine populaire, et à faible capital scolaire, se présentant au concours de professeur des écoles pour la deuxième, troisième, voire quatrième fois… Comme le dit cette fille d’ouvrier ayant obtenu le concours au bout de la troisième tentative : " De toute façons, je traîne des lacunes. J'ai jamais été une élève brillante en classe depuis la primaire. J'ai toujours maintenu la moyenne et je pense que pour ce concours là, c'est pas suffisant... " Et un peu plus loin, celle-ci ajoute : " ...je ne me serais jamais permise, même si j'adore la socio, de devenir sociologue..." De plus, il semble que la formation disciplinaire des étudiants en sociologie les dessert. Ainsi dans son prérecrutement, l’IUFM de Rouen privilégie explicitement les étudiants ayant obtenu une Licence dans une discipline d’enseignement du premier degré (français, mathématiques, histoire, etc.). Le CAPES de S.E.S ne paraît guère accessible non plus, attendu que dans notre échantillon un seul étudiant (un garçon donc, fils de cadre supérieur, mais non diplômé) a finit par l’obtenir au prix, dit-il: "d‘un travail acharné ". On notera aussi que le secteur public ou parapublic accueille près de 80% des Licences de sociologie en emploi, ce qui est conforme à l’orientation habituelle des débouchés professionnels des disciplines de lettres et sciences humaines et peut sans doute être rapproché des orientations politiques, traditionnellement à gauche, des étudiants comme des enseignants de ces disciplines.

Concernant les questions de mobilité sociale, on remarque une certaine forme de mobilité, mêlée de reproduction. Ainsi 48% des enfants d’ouvriers sont devenus employés, contre 22,3% à l’ensemble. Chez les étudiants dont le père est employé, on note une évolution en direction des professions intermédiaires, la mobilité sociale et professionnelle s’opérant en quelque sorte de proche en proche, c’est-à-dire entre CSP socialement contiguës, et sans doute aussi plus endogames.

L’hétéronomie des DESS

Le devenir professionnel des Licences de sociologie n’étant pas particulièrement réjouissant, on pourrait s’attendre à ce que les DESS de sociologie leur offrent une porte de sortie plus avantageuse. En fait, et comme on l’a vu plus haut, les DESS rouennais recrutent pour les deux tiers des formations continues, tandis que l’autre tiers ne compte généralement qu’une faible proportion d’apprentis sociologues. Ce qui est pour le moins surprenant. En effet, pourquoi ces DESS de sociologie recrutent-ils si peu de sociologues ?

44,7% des DESS travaillent dans les professions intermédiaires, 34,2% sont cadres supérieurs, 7,9% sont employés et les 13,6% restants occupent d’autres professions ou sont dans une autre situation (études, congé de maternité, etc.). Mais ces résultats globaux ne tiennent pas compte de la bimodalité du public. En effet, ce sont les formations continues qui accèdent le plus aux fonctions de cadres supérieurs (venant pour l’essentiel des professions intermédiaires cette évolution s’explique aisément), tandis que les formations initiales occupent des emplois moins qualifiés, plus précaires et disposent de revenus moins élevés. Ce sont d’ailleurs les étudiants les plus jeunes qui sont les moins satisfaits de la formation reçue en DESS. On note aussi que les femmes deviennent moins souvent cadres supérieurs que les hommes, et que les enfants d’ouvriers et d’employés sont plus souvent employés que les autres. Evoquant le devenir professionnel des étudiants en sociologie d’Amiens, J-B Bayette (Op.cit., p 265) écrit pour sa part: "Les résultats de notre enquête montrent qu’une très grande majorité des personnes qui sont professeurs des écoles ont des parents cadres moyens et que la totalité de ceux qui exercent le métier de sociologue (conseiller dans les administrations publiques par exemple) ont des parents cadres supérieurs." Ruinant l’idée d’une égalité formelle des titulaires d’un même diplôme on peut se demander si, en dehors du marché académique (où la logique proprement scolaire du diplôme et du concours tient une place centrale), un diplôme ne vaut pas en grande partie ce que vaut déjà socialement, mais aussi professionnellement, son porteur. Ce qui relativise d’autant les discours relatifs au caractère " professionnalisant " des différents diplômes…

Concernant les orientations pédagogiques et scientifiques des DESS, on note qu’à Rouen la sociologie proprement dite tient une faible part dans les enseignements (généralement centrés autour de " savoirs d’action " ou pratiques, qui ont souvent la faveur des étudiants), ce qui se rapproche de ce qu’on observe au plan national. A ce titre, on peut se demander s’il s’agit réellement de DESS " de sociologie ", tant la sociologie (à l’inverse de ce qu’on observe dans les DESS de psychologie par exemple, où la psychologie tient la première place) y tient une faible place. Les plaquettes des DESS n’insistent d’ailleurs guère sur la coloration sociologique de la formation et leurs intitulés, comme le type de formation dispensé, s’efforcent généralement de coller au plus près des demandes managériales ou bureaucratiques. D’ailleurs, beaucoup d’étudiants de formation continue disent être arrivés par hasard en sociologie, l’intitulé du DESS jouant un rôle plus important dans leur orientation que son appartenance disciplinaire.

A côté de leur formation universitaire, les étudiants de DESS effectuent un stage de trois mois dans une institution. Ce stage est notamment l’occasion pour l’étudiant de bâtir un " réseau " susceptible de l’aider à trouver un emploi. Dans notre échantillon, 10,5% des étudiants ont trouvé leur emploi grâce à ce stage, taux inférieur à celui observé en DESS de psychologie (20%). Le contenu des stages est extrêmement varié et il est manifeste qu’en sociologie, ceux-ci offrent souvent une main d’œuvre bon marché aux différents employeurs (et en tous cas nettement moins chère que celle des consultants), qui n’hésitent parfois pas à proposer (imposer) de véritables travaux d’Hercule à leurs stagiaires qui, voulant entrer dans les bonnes grâces d’un éventuel employeur, n’ont guère les moyens de négocier. Ce qui explique aussi que les exigences académiques de rigueur, théorisation, problématisation lors de la rédaction du rapport de stage puissent être aussi mal vécues par les étudiants qui, objectivement, sont souvent davantage placés dans une situation de demandeur d’emploi que d’étudiant.

Pour conclure sur ce point, on peut se demander si en voulant " professionnaliser " à toute force la sociologie, ce genre de formation n’en vient pas à rompre avec la sociologie elle même et ne place pas les étudiants et enseignants dans une sorte de double bind structurel. En effet d’un côté l’organisme d’accueil a souvent tendance à instrumentaliser le stagiaire et la sociologie afin de résoudre les problèmes pratiques qu’il se pose et de l’autre l’université attend qu’au travers du rapport de stage notamment, l’étudiant se comporte en sociologue en faisant preuve d’un minimum de distance et d’esprit critique. Les étudiants sont ainsi souvent partagés entre la tentation de devenir au plus vite un indigène (afin notamment d’accroître leurs chances de trouver un emploi dans le milieu considéré) et un surmoi scientifique (plus ou moins développé d’ailleurs selon leur formation initiale) leur enjoignant d’abord de faire l’analyse scientifique de ce milieu. Dans ces conditions, on comprend que la rupture avec les " prénotions " soit souvent difficile…

Au total, on ne peut manquer d’être frappé par l’hétéronomie des DESS de sociologie rouennais. Non seulement ceux-ci recrutent l’essentiel de leur clientèle en dehors de la filière, mais de plus la formation sociologique y tient une place minime. Interrogeant les sortants du DESS, il est d’ailleurs frappant de constater combien peu se disent sociologues. Pour beaucoup, la sociologie ne peut être qu’un complément soit d’une formation professionnelle antérieure, soit d’une formation intellectuelle plus " sérieuse " ou plus reconnue (économie ou droit par exemple). Ce n’est qu’un adjuvant susceptible d’enrichir une panoplie de technologies sociales plus vaste ou, dans une version plus noble, un supplément d’âme humaniste destiné à corriger les rigueurs ou les excès d’un esprit trop étroitement gestionnaire.

Une professionnalisation en trompe l'œil?

Il apparaît donc que du point de vue des étudiants de DESS, comme de Licence d’ailleurs, la formation sociologique ne peut guère se suffire à elle-même pour accéder à un emploi qualifié. Tout se passe comme s’il fallait la panacher avec une expérience professionnelle, ou une autre formation peut être plus directement opératoire, pour en tirer un réel profit. Ainsi, Alain Chenu (Op.cit, p 22) nous apprend qu’après " le DEA, 45% seulement des diplômés accèdent à un poste de cadre. Le niveau de salaire s’en ressent : ceux ci sont nettement inférieurs à ceux des autres diplômés. " Ce faible rendement des diplômes de sociologie s’explique déjà par l’absence de " débouchés types " de la filière. En effet, et contrairement aux disciplines d’enseignement plus reconnus comme la philosophie, les lettres, l’histoire, les langues, etc., qui au travers du système d’enseignement secondaire disposent d’un vaste réseau d’emplois stables et bien identifiés, la sociologie (hormis les postes d’enseignants dans le supérieur ou de chercheurs dans les grands instituts de recherche publics) ne dispose pas, à la différence de la psychologie (discipline pourtant très voisine au plan du recrutement scolaire et social, mais ayant réussi sa professionnalisation) de débouchés professionnels clairs. C’est pourquoi d’ailleurs nombre d’anciens étudiants de Licence ont pu nous dire en substance que : " Sociologue, c’est pas un métier réel ." Et de fait, la probabilité de ces étudiants à devenir enseignant dans le supérieur est infime, d’où la faiblesse des vocations parmi eux et leurs demandes souvent très utilitaires. Mais le faible rendement des diplômes de sociologie s’explique aussi par le profil social et scolaire des étudiants, qui les désavantage tant au niveau des concours de recrutement de l’enseignement (du primaire comme du secondaire), qu’au niveau de l’accès à l’emploi dans le secteur marchand ou parapublic visé notamment par les DESS Charles Soulié

Parutions récentes à signaler

Dans le style de l'article précédent, signalons le numéro 6 de Cellule GRIS de juin 2000 (183p) consacré à L'initiation à la recherche en sociologie (Département de sociologie, Université de Rouen, 76821 MONT ST-AIGNAN Cedex / Tel/fax 02 35 14 61 05)

Editorial par Charles Gadéa ; Marie-Christine Bonte, "l'initiation à la recherche en sociologie en DEUG 1: une expérience pédagogique" ; Charles Soulié, "des apprentis sociologues à l'église : une étude comparée du rapport à l'objet en sociologie" ; Yankel Fijalkow, "enseigner la sociologie urbaine : récit et réflexions autour d'une expérience pédagogique" ; Jean-Louis le Goff, "la pédagogie des pratiques de recherche en 3e cycle de sociologie obstacles, enjeux et perspectives" ; Liste des mémoires de Maîtrise ; Doctorats ; Armelle Testenoire, "interaction conjugale et socialisation professionnelle. Résumé de thèse" ; Le guide du mémoire de Maîtrise.

Note d'Information 00.25 du Ministère de l'Education nationale : "les facteurs de réussite dans les deux premières années d'enseignement supérieur (DEUG, DUT, BTS)", Aout 2000,.6p. (DPD 58 bd du Lycée, 92170 VANVES).

Daniel Martinelli, Mickaële Molinari, "L'insertion professionnelle en 1999 des diplômés de l'enseignement supérieur", documents Observatoire n°150, juin 2000 du Cereq, 68p. (BP 21321 13567 Marseille Cedex 2)

 

La Lettre de l'ASES peut signaler les textes portant sur les pratiques pédagogiques, les problèmes d'insertion des étudiants ainsi que ce qui concerne les pratiques professionnelles des enseignants-chercheurs.

Elle ne peut signaler les productions proprement sociologiques qui relèvent des revues de la discipline.

Le statut d'enseignant-chercheur

Compte-rendu de la rencontre ASES du 18 mars 2000

Les enjeux de la commission
Cohen-Le Déaut : de la politique scientifique aux acteurs de la recherche.

Claude Didry
CNRS - ENS Cachan
(Claude.Didry@idhe.ens-cachan.fr)

Je suis parmi vous en tant que sociologue et, pour accomplir mon métier de sociologue, je suis chercheur au CNRS. Je voudrais parler ici de la question du statut de la fonction publique et des corps de chercheurs et d'enseignants-chercheurs, ayant été enseignant agrégé de sciences sociales en lycée, puis à l'université de Paris I, avant de devenir chercheur. Je crois que la distinction des corps de chercheurs et d'enseignants-chercheurs ne doit pas conduire à un faux débat sur l'identité des personnes : pour ce qui me concerne, je me définis davantage aujourd'hui comme chercheur-enseignant que comme chercheur pur, mais dans le souci d'accomplir mon travail de recherche qui intègre enquêtes, comptes rendus et diffusion des connaissances. Je demeure au contact d'étudiants, j'enseigne et je suis électeur au CNU. Je ne vois pas ma position dans un statut de chercheur comme éternelle, mais comme étape dans ma vie professionnelle et avec en dehors de la seule carrière de chercheur, Chargé de Recherche puis Directeur de Recherche, des ouvertures sur le professorat, les services d'études de Ministère. Cela est important à dire, car je pense que le statut de la fonction publique est une garantie pour l'autonomie des fonctionnaires et, en lui donnant toute sa portée, ce statut est aussi une garantie de la qualité du service rendu. En aucun cas donc, il ne doit être vu comme destin imposé pour ceux qui ont la chance d'y accéder comme nous tous ici.

Mon intervention portera sur la recherche et sera trop générale, je m'en excuse d'avance. Elle est un point de vue partiel, dans le cadre d'une réflexion plus large à mener sur la sociologie et à laquelle participe votre association. Dans les champs d'investigation que je laisserai de côté, je pense à la place de la sociologie dans les choix des étudiants, avec l'arrivée d'étudiants issus de filières techniques et professionnelles et le problème des débouchés pour les détenteurs de formations incluant la sociologie. Mais face à l'arrivée de ce que l'on appelle couramment de 'nouveaux publics', il faut rappeler comme vous le faites les possibilités de démocratisation des études universitaires que ce fait social rend possible, et les comparer par exemple avec le déclin de l'économie qui paie un tribut croissant au formalisme de son enseignement.

Mon propos est fondé sur ma participation au comité de suivi de la commission parlementaire Le Déaut et Cohen sur la mobilité enseignement supérieur/recherche et sur le renouvellement des personnels, compte tenu de la pyramide des âges. Ces deux objectifs sont au centre de la mission que le Premier Ministre a donnée aux Députés :

"Sur proposition du ministre de l'éducation nationale, je souhaite que vous conduisiez une mission de réflexion temporaire destinée à me faire des propositions concrètes portant sur la mobilité et les échanges des personnels des organismes de recherche fondamentale et de l'enseignement supérieur, ainsi que sur l'ensemble des mesures permettant une meilleure synergie entre les organismes de recherche et les établissements d'enseignement supérieur.

Je souhaite également que vous examiniez, dans le même esprit, les adaptations à apporter aux procédures de recrutement et d'évaluation ainsi que les éventuelles modifications de structures des unités de recherche qui permettraient de rajeunir les organismes et de donner aux jeunes chercheurs qui en ont la capacité une autonomie scientifique plus précoce qu'actuellement". (lettre de mission du 17 février 1999).

La mission a duré en gros quatre mois, mars, avril, mai, juin 1999. Qu'est-ce que la mission des deux parlementaires a apporté ? La véritable originalité ne se trouve pas uniquement, à mes yeux, dans le rapport lui-même. Le véritable apport de cette mission tient tout autant à la manière de poser le problème et à la méthode adoptée par les députés. En effet; le problème posé indique un changement de point de vue sur la recherche. Sortant de la seule question de la politique de la recherche, les parlementaires se sont intéressés aux acteurs de la recherche, aux chercheurs dans un sens large de chercheurs et d'enseignants-chercheurs. Le problème change : il ne s'agit plus du pilotage de la recherche par l'Etat, mais de l'engagement de l'Etat pour le maintien d'un potentiel humain de recherche. Nous touchons aux principes de l'action publique : la politique de la recherche en tant qu'expression de la puissance publique capable de peser sur le corps social par le biais d'incitations en direction des acteurs économiques, cède la place à une évaluation du potentiel de recherche en tant que service public, engagement de long terme de l'Etat pour répondre à un besoin social dans un contexte de mondialisation, récente pour l'économie, permanente et nécessaire pour la recherche. Le changement de point de vue est fondamental, car il prend en compte une dimension cruciale de la recherche : le caractère radicalement non-planifiable de la recherche, contrairement aux velléités du pouvoir exécutif, notamment du ministère de passer d'une "recherche publique", à une "science d'Etat" qui répondrait à une demande sociale exprimée par le ministère lui-même. La méthode suit le changement de point de vue, les députés sont allés à la rencontre des chercheurs. Le travail conduit par les députés les a menés dans la plupart des lieux de la recherche en France conférant à ces deux hommes une connaissance irremplaçable du dispositif français de recherche. Pour comprendre les enjeux de cette commission, il faut replacer d'abord son objet et sa méthode dans le contexte des problématiques courantes concernant la recherche publique. Je reviendrai ensuite sur les constats et les avancées, enfin, à titre personnel, je présenterai les ouvertures et les limites liées à un travail parlementaire pris dans des contraintes politiques.

1. De la politique de la recherche aux conditions de travail des chercheurs

1.1. Le débat sur la recherche depuis les années 1980.

Le débat sur le devenir de la recherche se trouve pris dans une rhétorique séculaire, si l'on suit Jean-François Picard, celle de la 'politique de la recherche'. Le problème est de savoir par quels moyens la nation stimule le travail de recherche en France. Les moyens sont ici d'abord entendus comme des moyens matériels, dans la problématique de grands équipements propres aux sciences dures. Cette conception a connu de beaux jours à partir de la création du CNRS, en 1939 et avec le développement des recherches dans le domaine du nucléaire qui a tiré la physique en France. En dépit de cette orientation, le CNRS a été le lieu d'éclosion d'un certain nombre de champs nouveaux de connaissance, notamment signale Picard, la génétique. Mais aussi les sciences sociales, parmi lesquelles l'économétrie de Maurice Allais et Gérard Debreu, la sociologie, l'ethnologie...

Depuis la création d'un statut de chercheur en 1983, aboutissement d'une revendication cinquantenaire des syndicats, mais avancée déjà par Marcel Mauss en 1939, le problème de la politique scientifique a changé de nature. Dans un entretien à La Tribune Desfossés en 1995, Monsieur Guy Aubert, directeur général du CNRS de l'époque rend parfaitement compte de la conception nouvelle qui tend à prévaloir dans les milieux de l'administration de la recherche : "Aujourd'hui, nous sommes devenus, peut-être bien sans réelle volonté politique de le faire, une agence de moyens en personnel et en infrastructures. (…) Une fois payé notre personnel qui est plutôt bon et donnés à nos laboratoires les moyens de commencer à fonctionner, nous n'avons plus l'argent nécessaire pour faire une véritable politique scientifique en impulsant des moyens dans telle ou telle direction." (La Tribune Desfossés, "Il y a une bombe à retardement dans les comptes du CNRS" 20 février 1995). Le discours, repris encore aujourd'hui par des scientifiques renommés (Pierre Chambon biologiste de Strasbourg), est directement tiré des pires pratiques en matière de corporate governance : les fonds publics consacrés à la recherche sont figés, il faut donc économiser sur le personnel pour arriver à disposer de fonds qui permettent d'inciter les entreprises à la recherche. Personne n'a été capable, à ce jour de prendre véritablement en compte l'existence dans la fonction publique d'un corps de chercheur, nouveauté cruciale adoptée par l'Union de la gauche en 1983.

1.2. Le renouveau du débat apporté par la commission Le Déaut.

La commission Le Déaut arrive à un moment marqué par deux événements importants : d'une part le retrait du projet de décret de Claude Allègre, qui retire mission de faire de la recherche au CNRS et exclut l'évaluation du travail scientifique des compétences du Comité National de la Recherche Scientifique. D'autre part, la discussion de la loi sur l'innovation, votée au mois de juin 1999.

Le projet de décret Allègre a donné lieu à une levée de bouclier sans précédent dans la communauté scientifique, avec une très forte mobilisation autour du Comité National de la Recherche Scientifique due en particulier à l'initiative de sa directrice, Madame Catherine Bréchignac.

La loi sur l'innovation porte en elle à mes yeux deux interprétations possibles, à la lecture des débats et de la politique du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. La première est développée dans les débats parlementaires par Jean-Yves Le Déaut : elle fait de la possibilité de créer des sociétés par des fonctionnaires, les chercheurs, un moyen d'approfondir le statut de fonctionnaire pour le corps des chercheurs. Cela tient à ce que l'innovation ne part pas de rien, elle arrive dans le cours de recherches, comme un à-côté de recherches fondamentales. Elle ne prend pas la place de la recherche, en répondant de manière meilleure à la recherche fondamentale, elle représente un des ses résultats. Il en résulte que les chercheurs ont un rôle central à jouer dans de telles sociétés, mais sans oublier néanmoins les apports des institutions au sein desquelles les recherches fondamentales ont été conduites, avec l'ouverture de droits qui en résulte pour ces personnes souvent publiques.

C'est tout le contraire d'un concours pour les entreprises innovantes, privatisation inacceptable du travail collectif de recherche. Les 'actions blanches' du Ministère de la Recherche, visant à distribuer des fonds à des projets de jeunes chercheurs en fonction de l'originalité de ce projet évalué par un jury sans lendemain alliant des professeurs de pharmacie à des économistes, des physiciens et des juristes, seraient à ranger sous la même rubrique : celle de la recherche gérée par à-coup, au gré des possibilités ponctuelles que les "cagnottes" de la croissance permettent de sponsoriser avec le résidu que laisse les baisses d'impôts.

La situation dans laquelle la commission Le Déaut a mené ses travaux marque une prise de conscience : la recherche n'est rien sans chercheurs. La commission est dirigée par deux Parlementaires qui ne sont pas étrangers au milieu de la recherche : Pierre Cohen est ingénieur de recherche au CNRS, Jean-Yves Le Déaut dirige l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Le travail d'enquête de la commission est d'abord un travail de terrain, avec la visite des lieux de la recherche et les rencontres avec les chercheurs. Pour faire face à l'impossibilité de couvrir l'ensemble des dispositifs de la recherche sur le territoire national, les lieux d'investigation ont été choisis selon un souci de diversité maximale, diversité selon les configuration universités, organismes de recherche et selon les disciplines.

L'Université du Littoral à Dunkerque constitue ainsi l'idéaltype de l'université nouvelle, où la recherche est encore récente et a des difficultés à obtenir la reconnaissance du CNRS. Cela pointe une des limites du CNRS, celle de la volonté de limiter le nombre d'unités de recherche en créant des regroupements de grande taille qui étouffe pour partie la jeune recherche. A l'opposé, des lieux de recherche anciens et très reconnus comme Orsay ont été aussi examinés. Se pose notamment le problème du renouvellement des équipements, comme la construction d'un synchrotron. Dans le domaine des champs scientifiques, les sciences dures ont eu une part importante, mais il y a eu des ouvertures sur les sciences humaines et sociales dont témoignent les visites de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et de l'université Paris IV. Les visites se sont déroulées en trois temps, rencontres des directions, visites des installations et rencontres avec les personnels. Le premier résultat de ce tour de France de la recherche a été la mise au jour d'une formidable envie de recherche de la part de tous, chercheurs, enseignants-chercheurs et surtout doctorants et post-doctorants.

Ces déplacements sur le terrain ont été accompagnés d'un forum électronique qui a permis des interventions de chercheurs et enseignants-chercheurs de différents horizons, notamment vivant à l'étranger. Le travail a été ponctué de deux grands moments de débats, des auditions contradictoires à l'Assemblée Nationale et un grand colloque ayant regoupé 900 personnes à la Sorbonne autour d'ateliers. Ces investigations ont permis aux députés d'écrire un rapport dont ils ont revendiqué et portent la pleine et entière responsabilité.

2. Les constats du rapport Cohen-Le Déaut

2.1. Constats chiffrés.

Les données statistiques font apparaître un équilibre global entre les enseignants-chercheurs et les chercheurs proprement dits, avec 46630 enseignants chercheurs, 37947 chercheurs et surtout 41772 doctorants en 1994. Cette situation générale fait apparaître des contrastes dans les rapports entre enseignants-chercheurs et chercheurs :

-la biologie fondamentale est marquée par l'importance du nombre de chercheurs par rapport aux enseignants chercheurs : 4300 enseignants-chercheurs contre 6300 chercheurs, à l'inverse les SHS sont marquées par un nombre très importants d'enseignants-chercheurs 14833 par rapport à 3000 chercheurs environ. Au sein des SHS, les situations sont contrastées, pour la sociologie la situation est sans doute différente, sans que je ne dispose de données sur la question. Dans le domaine des SHS, ne sont pas comptablisés les services de recherche des ministères, en particulier emploi et affaires sociales, ainsi que la recherche au sein de l'INSEE.

De manière générale, l'âge moyen des enseignants-chercheurs et des chercheurs est élevé, supérieure à 45 ans ; d'importantes vagues de départ à la retraite interviendront à partir de 2005. Autre constat important, le CNRS est fortement associé à la recherche universitaire, les chercheurs travaillent en association étroite avec les enseignants-chercheurs.

2.2. Dans une situation de crise, les institutions ont un rôle à jouer

Le rapport fait le constat de la situation insupportable des enseignants-chercheurs, ce qui est nommé la 'schizophrénie' des enseignants-chercheurs pris entre recherche, encadrements des étudiants et des doctorants et responsabilités plus administratives dans l'organisation des enseignements.

Partant de cette situation de crise qui touche prioritairement les universitaires, il souligne également les nombreux départs en retraite qui vont intervenir entre 2000 et 2010. La question du maintien et du renouvellement de la recherche française devient aujourd'hui cruciale, dans un contexte économique mondialisé où la recherche est un atout essentiel pour un développement durable.

Le rapport envisage plusieurs options :

-recherche totalement universitaire,

-recherche universitaire coupée des enseignements de premier cycle, que l'on pourrait lire dans les statuts de professeurs certifiés et agrégés détachés dans l'enseignement-supérieur,

-recherche centrée sur les organismes de recherche, renvoyant plutôt à une utopie passée,

-recherche fondée sur une forte imbrication entre universités et organismes de recherche : les faits donnent à cette dernière possibilité le caractère le plus plausible. Pour les députés "C'est la tendance qui se dessine actuellement pour la plupart des organismes de recherche : cette option permettrait de dégager des postes d'accueil pour des enseignants-chercheurs dans les organismes."

Dans cette perspective, le rapport souligne le caractère complexe du travail de recherche, alliant au cours d'une carrière investigation fine dans un domaine très spécialisé, administration de la recherche, gestion d'équipes, encadrement de doctorants, valorisation des travaux et ouverture sur les besoins 'sociétaux'. Comme nous l'avons vu dans le constat des Parlementaires, ce qui se dessine est le maintien d'un corps de chercheurs à temps plein sous deux aspects, chercheurs à plein temps avec une carrière possible pour assurer la permanence des activités de recherche, accueil d'universitaires en détachement de longue durée (au moins cinq ans) et possibilité d'aller et retour entre les deux corps de chercheurs et d'enseignants-chercheurs. Un tel constat permet de dépasser le débat sur le maintien de 'chercheurs à plein temps' assimilés de manière inacceptable à des "chercheurs à vie". Il pousse à envisager des carrières qui passent par un statut de chercheur pour arriver à des statuts de professeurs, pour revenir à la recherche ou continuer dans l'enseignement, cela arrive aujourd'hui déjà, ou réciproquement des carrières de maîtres de conférence qui permettent de devenir directeurs de recherche. Mais la mobilité et les coopérations ne se limitent pas aux relations entre chercheurs et enseignants-chercheurs, il faut également y intégrer la recherche menée par les entreprises et par les organismes publics, notamment pour les sciences sociales, les services des ministères et des organismes de production de statistiques, INSEE, INED.

Dans les relations entre recherche publique et entreprises, un corps de chercheurs fonctionnaires est ici précieux, pour jouer le rôle de "points fixes" dans les laboratoires mixtes associant des entreprises et le CNRS, ou d'autres organismes, points fixes sans lequel le travail de recherche se dissout au moindre plan social. Des responsables de la recherche dans de grands groupes industriels soulignent également la nécessité d'encourager la mobilité entre recherche publique et recherche privée, en se fondant pour partie sur leur exemple personnel. Mais là encore, il s'agit de prendre appui sur le statut de la fonction publique : les possibilités de disponibilité rendent concevable de maintenir un lien entre le chercheur et l'institution publique au sein de laquelle il s'est formé, pour donner une sécurité au chercheur mais aussi pour éviter que la collectivité nationale ne soit pas indûment privée du résultat de son investissement en capital humain.

Dernier aspect, essentiel, des constats de la Commission, la situation des doctorants et des post-doctorants qui forme la masse des chercheurs (plus de 40000) et pour qui prévaut la précarité. Cette situation paraît difficilement compatible avec l'objectif fixé par le Premier Ministre, permettre aux jeunes chercheurs d'avoir rapidement des responsabilités pour engager le renouvellement des champs de recherche.

2.3. La question de l'évaluation

La place de l'évaluation au cœur de la définition même de la recherche a été mise en lumière par le projet avorté de réforme du CNRS. La recherche se comprend avant tout par la controverse, le débat, impliquant une évaluation libre de l'autorité des anciens : la controverse scientifique se différencie ainsi de la dispute scolastique et des querelles doctrinales. Le rapport note que le comité national de la Recherche Scientifique est le seul dispositif d'évaluation du travail de recherche, il pointe le caractère flou de la mission du Conseil National des Universités. Le CNU qualifie les candidats à des postes d'enseignants-chercheurs, mais sur quels fondements, recherche ou enseignement ? De plus, les enseignants-chercheurs en poste, contrairement aux chercheurs, ne sont plus évalués ni sur leur enseignement, ni sur leur recherche. Il se pose le problème de l'évaluation de la recherche universitaire, que l'on pourrait confier au comité national, et de l'enseignement. Cependant, la représentation des enseignants au Comité National de la Recherche Scientifique et des chercheurs enseignants au CNU va, à mes yeux, dans le sens d'un élargissement de la mission de chacune de ces deux instances. En partant du travail d'évaluation du Comité National de la Recherche Scientifique, très acceptable selon le rapport, se pose également le problème des sanctions tant pour les cas d'incapacités flagrantes, services non faits, absences de publications, que pour les personnes dont les capacités sont reconnues. Cette question de l'évaluation, ainsi que des sanctions, se retrouve pour les unités de recherches.

3. Limites et ouvertures

3.1. Le travail d'équipe

Le rapport constate la forte imbrication des chercheurs et des enseignants-chercheurs, il ne permet pas de mieux approfondir le travail d'équipe. Mon expérience de la recherche est que la présence de chercheurs permet de donner au travail de recherche une continuité que les tâches d'enseignement ne permettent pas : cela permet des contrats qui apportent des fonds à l'ensemble de la recherche, y compris aux enseignants-chercheurs.

3.2. Partir des statuts

Réformer, cela ne signifie pas supprimer. Cela consiste à proposer un sens et un projet, dans lesquels les institutions, statut, corps, prennent toute leur portée. Le corps des chercheurs est jeune, il n'a que vingt ans. A mes yeux, ce qui se joue aujourd'hui, c'est le passage dans le passage d'une génération à l'autre, c'est la redécouverte du potentiel du statut de la fonction publique. Au début des années 1980, l'intégration des hors statut a bloqué la situation comme au lendemain de mai 1968, les assistants avaient engorgé le système d'enseignement. Avec le renouvellement de la recherche, se joue la capacité de découvrir les voies de passage entre les corps que le statut de la fonction publique permet ou doit permettre. Deux corps, à mes yeux, cela est mieux que la multiplication des décharges d'enseignement sous forme de mi-temps ou de sabbatique, pour une raison simple : le risque de l'hyperlocalisme universitaire. Il faut aller vers le corps à corps : le détachement et la délégation sont discutés dans le cadre d'une évaluation pluraliste au sein d'une instance nationale, ce qui est une condition importante pour donner toute leur place aux jeunes.

3.3. Recrutements

Dans une telle situation, un point important est pour moi la clarification de l'accès aux postes de chercheurs et d'enseignants-chercheurs. La situation aujourd'hui est celle du hasard, les doctorants commencent leur thèse sans horizon, avec des financements pour trois ans et, dans les sciences humaines et sociales, sans financement. La programmation des recrutements doit permettre de sortir des coups d'accordéon, pour donner une visibilité et une prévisibilité plus grande des recrutements. Cela va dans l'intérêt des doctorants, qui s'engagent dans un travail pénible et où l'incertitude de la recherche est renforcée par l'incertitude professionnelle.

Claude Didry

INFORMATIONS SUR LE CNU,
19e SECTION
Sociologie, démographie

Bilan des qualifications aux fonctions
de maitre de conférences et de professeur - 2000

Jean-Yves Trépos et Philippe Cibois
Président et 1er vice-président de la 19e section du CNU
(Sociologie, démographie)

(trepos@zeus.lettres.univ-metz.fr - cibois@francenet.fr)

Session du 20 au 23 mars 2000

. La 19e section du CNU a siégé pendant trois jours pour la qualification des maîtres de conférences (313 dossiers examinés) et une journée pour celle des professeurs (41 dossiers). Chaque rapporteur avait eu à examiner environ 25 dossiers.

Lorsque les avis des deux rapporteurs étaient favorables et qu’aucun membre de la section n’avait de réserve à exprimer, les rapporteurs présentaient une version condensée de leur analyse du dossier ; de la sorte, en l’absence d’avis contraires de la part des collègues non rapporteurs, les autres cas pouvaient être examinés de manière moins succincte. Pour faciliter le travail du groupe, un tableau où les candidats étaient présentés dans leurs caractéristiques les plus importantes avait été distribué. Ce descriptif, réalisé par chaque rapporteur et rassemblé par Marie Vogel a été d'une très grande aide : on fera en sorte qu'il soit exhaustif l'an prochain.

Il a semblé nécessaire en cours de session que certaines décisions puissent être réexaminées au vu de l’ensemble des cas traités, ce qui a été fait pour certains dossiers.

Maitres de conférences

En ce qui concerne les dossiers de maitre de conférences, il faut redire que :

- un CV doit contenir le curriculum de la vie, c'est à dire les études faites et les diverses situations professionnelles : dans certains on ne trouve que l'état-civil et les publications.

- bien que non formellement obligatoire, la thèse est un élément essentiel du dossier.

- l'absence non justifiée de rapport de soutenance rend impossible la prise en compte du dossier. En effet le rapport de soutenance, plus que la mention elle-même, permet de se rendre compte de l'opinion des membres du jury.

Les principaux motifs de refus envoyés aux candidats sont (en nombre de cas, plusieurs motifs pouvant être donnés pour un dossier)

Orientation sociologique absente ou trop peu marquée :

 

85

Absence ou insuffisance de publications en sociologie :

 

75

Absence ou insuffisance d’enseignements en sociologie :

 

46

Qualité scientifique du dossier insuffisante :

 

25

Thèse faible ou controversée :

 

19

Dossier mal présenté ou insuffisamment explicite :

 

18

Rapport de soutenance manquant ou comportant des réserves graves :

 

12

Evolution insuffisante du dossier depuis les dernières sessions du CNU :

 

11

Insertion insuffisante dans une activité de recherche scientifique :

 

8

Autres cas :

 

3

Dossier relevant d’autres disciplines :

 

74

Dont :

   

-ethnologie :

15

 

-sciences de l’éducation :

11

 

-science politique :

9

 

-économie :

8

 

-philosophie :

7

 

-géographie :

6

 

-sémiotique, linguistique :

3

 

-droit :

3

 

-architecture, aménagement :

3

 

-STAPS :

2

 

-autres : travail social, littérature, info-com, histoire des idées, histoiresociale, informatique

7

 

TOTAL

 

376

Lecture : La mention " dossier relevant d’autres disciplines " apparaît 74 fois dans les avis envoyés aux candidats, concernant par exemple 15 fois l’ethnologie. Chacune de ces mentions peut apparaître associée à une ou plusieurs autres, ce qui fait que le nombre de mentions est plus grand que le nombre de dossiers de non-qualifiés

La thématique des thèses présentées au CNU est la suivante (une version plus détaillée avec des rubriques détaillées est disponible sur demande)

Part du domaine

Rubriques

Taux de qualif.

n

2,4%

Politiques publiques

72%

22

2,5%

Travail social, action sociale, handicap

60%

23

1%

Pauvreté, précarité

8/9

9

2,1%

Histoire et histoire sociale

36%

19

4,4%

Sociologie générale, Epistémologie, sociologie de la connaissance

45%

42

0,5%

Histoire de la sociologie

3/5

5

2,2%

Méthodologie

20%

20

1,4%

Sociologie et anthropologie des sciences et des techniques

38%

13

1,9%

Vie quotidienne, consommation, alimentation

52%

17

3,3%

santé, maladies, environnement

46%

30

4,4%

Sociologie de la culture, de l’art, de la littérature, du spectacle, de la communication AV,

42%

40

1,1%

Sociologie de l’imaginaire

50%

10

1,9%

Sociologie du sport et des loisirs

47%

17

10,5%

Sociologie politique et des mouvements sociaux

40%

94

1,7%

Sociologie rurale

50%

16

1%

Sociologie des stratifications sociales

2/9

9

4,4%

Sociologie urbaine et des collectivités locales

64%

42

1,9%

Sociologie des religions

35%

17

1,7%

Sociologie du droit, de la déviance

18%

16

0,6%

Sociologie des rapports de genre

2/6

6

0,4%

Sociologie de la sexualité

3/4

4

5%

Anthropologie générale,

Socio-anthropologie de l’ethnicité, des communautés

31%

45

6%

Sociologie des migrations et des identités culturelles

46%

54

8,7%

Sociologie du développement et de la coopération (y compris DOM-TOM)

25%

78

3,3%

Sociologie des pays développés

30%

30

6%

Sociologie du travail, de l’emploi, des professions

62%

54

2,4%

Sociologie des entreprises, des organisations, des réseaux sociaux

50%

22

7,6%

Sociologie de l’éducation, de la formation

42%

68

5,6%

Sociologie de la famille et des générations

50%

50

1,6%

Sociologie économique

60%

15

0,4%

Sociologie de la police, de l’armée et de la défense

2/4

4

1%

Démographie

4/9

9

 

Psychologie sociale

0/1

1

TOTAL

   

891

Les catégories proposées dans l’annuaire de l’ASES ont servi de base pour la construction, par regroupement, des rubriques retenues ici. L’objectif est de ne pas classer exclusivement la thèse dans une catégorie, mais de faire ressortir la complexité du discours sociologique.

REMARQUE D’ENSEMBLE :

1.On retrouve ici les effets observés intuitivement au cours de la session du CNU. La part important de la science politique et la tendance du CNU à l’écarter sont assez visibles dans le fait que seulement 40% des items de sociologie politique (au demeurant la plus grosse rubrique avec 10% de l’ensemble) sont qualifiants. Idem pour la sociologie de l’éducation (items qualifiants à 42%), par un effet des sciences de l’éducation. C’est encore plus facile à observer pour l’ethnologie (31% de qualification), dont les effets se retrouvent aussi dans la sociologie du développement (25%).

2.Les bons scores sont ceux des politiques publiques (72%), de l’action sociale (le travail social proprement dit y étant très peu représenté), de la sociologie urbaine, de la sociologie du travail et de la sociologie de la famille.

3. Ce qu’on pouvait ressentir se confirme : outre le travail social, sont très faiblement représentés, la sociologie rurale, la sociologie de la déviance, la sociologie des religions, la sociologie des stratifications sociales.

L’instrument construit ici est imparfait (il serait meilleur s’il était fabriqué à partir de mots-clés donnés par les candidats eux-mêmes).

Résultats

Sur les 313 cas traités, 142 ont été qualifiés soit une proportion de 45%. La proportion est de 50% pour les femmes contre 44% pour les hommes.

Si l'on répartit les candidats par lieu de passage de la thèse entre région parisienne, grosses universités de province, autres universités ou étranger, on constate les taux de qualification suivants : (taux moyen 45,4%)

région parisienne 48,1%

grosses universités de province 43,9%

autres universités ou étranger 45,2%

Enfin on notera que l'accord des deux rapporteurs entraine pratiquement toujours une qualification (s'ils sont positifs) ou son absence (s'ils sont négatifs), en cas de désaccord entre les rapporteurs, le taux de qualification est de 32,8%. (cette situation s'est présentée pour 64 candidats soit 20% du total).

Liste des qualifiés au fonctions de MAITRE DE CONFERENCES

 

NOM

PRÉNOM

 

NOM

PRÉNOM

ADAMETS

Serge

 

LARMET

Gwenaël

AMOUGOU MBALL

Emmanuel

 

LAURAIRE

Richard

ANGELOFF

Tania

 

LE GRAND

Catherine

ASCARIDE

Gilles

 

LE MEUR

Piere-Yves

BAO

Ibrahima

 

LEBEAU

Yann

BARRUSSE

Virginie

 

LEFEBVRE

Frédéric

BESSIERE

Jacinthe

 

LEFRESNE

Florence

BIANCHINI

Pascal

 

LELEVRIER

Christine

BILGER

Nathalie

 

LEMARCHAND

Frédéric

BLAIN

Céline

 

LOCH

Dietmar

BLANC

Marie-Anne

 

LOZAC’H

Valérie

BLATRIX

Cécile

 

MAITRIER

Jean-Louis

BONTE

Marie-Christine

 

MARIJNEN

Anne

BONVIN

Jean-Michel

 

MARIOT

Nicolas

BORREL

Marianne

 

MBAYE

Matar

BOUKHOBZA

Noria

 

MICHEL

Hélène

BOUQUIN

Nadège

 

MILLY

Bruno

BOUQUIN

Stephen

 

MISSAOUI

Lamia

BRAUN

Sebastian

 

MONTOYA

Yves

BURNAY

Nathalie

 

MOUACI

Aude

CARTIER

Stephane

 

MULOT

Stéphanie

CATARINO

Christine

 

MUNOZ

Jorge

CHAUDAT

Philippe

 

NEYRAT

Frédéric

CHRISTIN

Rodolphe

 

NZABA

Philippe

CLAVANDIER

Gaëlle

 

OGER

Armelle

COFFRE

Nathalie

 

OSTY

Florence

COMPAGNONE

Claude

 

OUEDRAOGO

Jean-Martin

CONDRO

Salvatore

 

PAGES

Alexandre

CORDAZZO

Philippe

 

PANUNZI

Nadia

COURET

Jean

 

PEIGNARD

Emmanuel

CUSIN

François

 

PEPIN

Philippe

D’INTRONO

Jean-Philippe

 

PERETTI-WATEL

Patrick

DE LESELEUC

Eric

 

PINEAU

Marie

DE NANTEUIL

Matthieu

 

PIRE

Jean-Miguel

DEHIER

Gérard

 

POGGI

Marie-Paule

DEMBINSKI

Olivier

 

POUPEAU

François-Math.

DEROUBAIX

Jean-Claude

 

PROTH

Bruno

DIVERNESSE

Bernard

 

PROUST

Serge

DOBRE

Michelle

 

RENAHY

Nicolas

DOUGUET

Florence

 

RHARADE

Abdelhag

DRIS

Orgueilla

 

RIBERT

Evelyne

DUBEY

Gérard

 

RICARD

Bertrand

DUBOST

Isabelle

 

RIGONI

Isabelle

DUFOULON

Serge

 

ROCCHI

Valérie

FERNANDEZ

Bernard

 

RODRIGUEZ

Jacques

FERRET

Jérôme

 

SANSELME

Franck

FERREUX

Marie-Jeanne

 

SARGET

Marie-Noëlle

FERRIE

Jean-Noël

 

SCHIFF

Claire

FERRIERE

Michelle

 

SCIARDET

Hervé

FIOR

Sylviane

 

SERAPHIN

Gilles

FLEURY

Laurent

 

SIECA

Elisabeth

FOUQUET

Anne

 

SOLDANO

Catherine

GARABUAU

Isabelle

 

SOUFFRON

Valérie

GIRAUD

Olivier

 

TIETZE

Nikola

GIRIER

Aude

 

TIMERA

Mahamet

GOLSE

Anne

 

TORNATORE

Jean-Louis

GOUZIEN

Annie

 

TREMEL

Laurent

GRISON

Benoît

 

TSCHANNEN

Olivier

GUINCHARD

Christian

 

VANDERNFERCH

Céline

GUYOT

Jean-Luc

 

VERAN

Jean-François

HAESLER

Aldo

 

VERDRAGER

Pierre

HEURTIN

Jean-Philippe

 

VERNAY

Michel

JABOIN

Yveline

 

VIBERT

Stéphane

JEANJEAN

Agnès

 

VILLAVICENCIO

Daniel

JOUENNE

Noël

 

VINCENT

Sandrine

JOVELIN

Emmanuel

 

VIRIOT DURANDAL

Philippe

KAIL

Bénédicte

 

VITALE

Philippe

KATEB

Kamel

 

VIVIER

Géraldine

KONO

Noriko

 

WIDMER

Isabelle

LADIER

Marie

 

WILLEMEZ

Laurent

LAPORTE

Renaud

 

ZECCA

Marie-France

 

Professeurs

Sur 41 dossiers traités (féminins pour ¼), le taux de qualification a été de 4,4 sur 10. Chez les hommes il a été de 4,5 et chez les femmes de 4,0.

Liste des qualifiés au fonctions de PROFESSEUR

 

NOM

PRÉNOM

 

NOM

PRÉNOM

BERTHO

Alain

 

MEYER

Jean-Louis

BOUFFARTIGUE

Paul

 

MOZERE

Liane

CHAIGNEAU

Pascal

 

MUNOZ

Francisco

COCHOY

Franck

 

PIETTE

Albert

COLSON

Daniel

 

RAVELET

Claude

FARRUGIA

Francis

 

RESCIA-PELLEGRIN

Marie-L.

KHELLIL

Mohand

 

SAGLIO

Jean

LEVERATTO

Jean-Marc

 

VILLETTE

Michel

MARTINON

Jean-Pierre

 

WEBER

Florence

Recrutements de Juin 2000

Maitres de conférences

ANGELOFF Tania : PARIS 9

BALAC Ronan : AMIENS

BARRUSSE Virginie épse DE LUCA : LYON 2

BLIN Thierry : MONTPELLIER 3

BOUQUIN Stephen : AMIENS

CARRICABURU Danièle : ROUEN

CUSIN François : PARIS 9

DEMBINSKI Olivier : U.T BELFORT-MONTBELIARD

DRESSEN Marnix : CONSERVATOIRE NAT. DES ARTS ET METIERS

DUBOST Isabelle : ANTILLES-GUYANE

GAUBERT Jany : UNIVERSITE DE TECHNOLOGIE DE TROYES

GOLSE Anne : CAEN

LAZUECH Gilles : NANTES

LE QUEAU Pierre : GRENOBLE 2

LEVILAIN Hervé : METZ

LIOT Françoise : BORDEAUX 3 (IUT B)

MENORET Marie : CAEN

MILLY Bruno : PARIS 4

MISSAOUI Lamia Aurore : VERSAILLES/SAINT-QUENTIN

MORICOT Caroline : PARIS 1

MULLER Laurent : STRASBOURG 2

NIZARD Sophie épse BENCHIMOL : STRASBOURG 2

NOWIK Laurent : TOURS

OBLET Thierry : BORDEAUX 2

RAGOUET Pascal : DIJON

RODRIGUEZ Jacques : LILLE 1

SCHEHR Sebastien : NANCY 2

SCRIFF Claire : BORDEAUX 2

SOLDANO Catherine : TOULOUSE 2 (IUT B)

TORNATORE Jean-Louis : METZ

VERBA DANIEL : PARIS 13 (IUT VILLETANEUSE)

VIRIOT DURANDAL Jean-Philippe : BESANCON (IUT BELFORT-MONTBELIARD)

WIDMER Isabelle : AIX-MARSEILLE 1

Professeurs

BURNIER Michel : BREST

COLSON Daniel : SAINT-ETIENNE

LAMY Yvon : LIMOGES

LEVERATTO Jean-Marc : METZ

MEYER Jean-Louis : NANCY 2

MUNOZ Francisco : AMIENS

STEINER Philippe : LILLE 3

TRIGANO Yves : PARIS 10

Le site du CNU est toujours actif (webmestre : Jean-Marie Duprez) la liste des promotions sera affichée dès la fin de session c'est à dire après le 23 octobre 2000.

http://www.univ-lille1.fr/cnu19

TRIBUNE LIBRE

A propos des procédures de décision en commission de spécialistes

José Rose
Université Nancy 2
(rose@clsh.univ-nancy2.fr)

Chacun le sait, les commissions de spécialistes jouent un rôle essentiel pour les candidats et pour l’Université. Et beaucoup sont insatisfaits de leur fonctionnement actuel. Les candidats, de plus en plus nombreux, doivent accomplir un parcours périlleux, répétitif, coûteux, long en temps comme en déplacements et très incertain du fait même de la procédure. De leur côté, les membres des commissions doivent décider dans un contexte de plus en plus difficile, notamment du fait de l’écart croissant entre le nombre des postes et celui des candidats qui rend impossible le traitement méthodique des dossiers.

A défaut d’imaginer une procédure de recrutement plus efficace, on peut au moins perfectionner le fonctionnement des commissions et en particulier leurs procédures de décision. Celles-ci sont en effet rarement explicitées, ni véritablement stabilisées, alors qu’elles jouent un rôle déterminant dans le choix, ce d’autant que les commissions regroupent souvent un nombre restreint de personnes.

La décision finale de recrutement apparait alors comme le résultat de décisions peu explicitées, relativement arbitraires, voire discutables, qui affectent les diverses étapes de la procédure : la définition du poste, la répartition des dossiers, les propositions des rapporteurs, la sélection des candidats à auditionner, le principe de classement, l’ordre de classement, le choix final.

A chaque stade, des problèmes se posent qui affectent fortement les décisions des commissions :

- lors de la définition du poste : le profilage du poste, en restreignant le champ des possibles et en explicitant les critères de choix, ne réduit-il pas les risques d’arbitraire et d’incohérence ? Le profilage est-il compris et interprété de la même façon par tous les membres de la commission ?

- dans les procédures de répartition des dossiers : comment garantir une certaine équité ? Un rapporteur général (ou plusieurs) établissant un tableau de comparaison de l’ensemble des dossiers n’est-il pas indispensable ? Faut-il une attribution particulière des dossiers des candidats locaux (aux extérieurs par exemple) ?

- lors des propositions des rapporteurs : doit-on, et à quel niveau, limiter a priori le nombre de personnes à classer ? Faut-il répartir ce nombre également entre chaque rapporteur ? Quels critères doivent être pris en considération dans les rapports ?

- dans la sélection et le classement des candidats : quel doit être le mode d’expression des membres de la commission ? Procède-t-on par choix ou par rejet ? Fixe-t-on un nombre précis de candidats à classer et chacun doit-il le respecter ? Quelles procédures retenir pour faire la synthèse des préférences individuelles ? Peut-on établir un classement objectif à partir de critères et de pondérations explicités au préalable ? Quelle part accorder au débat et à la subjectivité dans le travail des commissions ? Quelles règles adopter en cas de fortes divergences ?

Une étude précise de ces divers problèmes, générateurs d’effets importants et souvent méconnus, serait sans doute à faire si l’on veut favoriser un fonctionnement plus rigoureux des commissions, lequel devrait s’adosser à un accord préalable et explicite sur les règles de décision, évitant ainsi des effets non souhaités. Et l’on pourrait alors, sans succomber à l’illusion d’une transparence et d’une rationalité absolue, améliorer un peu la qualité de la démarche et la crédibilité des décisions prises.

A défaut d’une étude systématique de tous ces problèmes, étude qui pourrait d’ailleurs s’étendre tant du côté des candidats (faut-il candidater partout ? Les chances sont-elles les mêmes sur tous les sites ? Comment décider en situation d’information imparfaite ?) que de celui des commissions (comment sont choisis-élus les membres de la commission ? Quel est le poids des extérieurs ? Dans quelle mesure la politique d’établissement est-elle prise en considération ?), on se propose d’examiner la phase cruciale du classement des candidats auditionnés.

On partira du fameux paradoxe de Condorcet : soit trois électeurs et trois candidats (A,B,C). Supposons que les préférences des électeurs soient respectivement les suivantes : ABC, BCA et CAB. Si les électeurs doivent choisir une personne parmi deux candidats, le cumul des préférences donne les résultats suivants (à deux contre un) : A préféré à B, B préféré à C et C préféré à A. La transitivité des choix individuels (si A est préféré à B et B à C, alors A est préféré à C) ne se transpose pas au niveau collectif. Il y a donc bien un problème d’expression collective des préférences.

Dès lors, la question des critères de choix devient déterminante et l’on peut arriver à des situations paradoxales dans lesquelles le choix commun entre en contradiction avec les préférences communes. Quelques exemples peuvent illustrer le problème, celui du principe de classement et celui de l’ordre, et nous aider à établir une procédure de décision pour les commissions à venir.

1. L’hégémonie de la minorité la plus forte pour le principe de classement

Soit une commission de 11 votants (a à k) et quatre candidats (A,B,C,D) parmi lesquels trois peuvent être classés. Les préférences sont les suivantes :

 

a

b

c

d

e

f

g

h

i

j

k

A

1

1

1

1

1

-

-

-

-

2

-

B

-

-

-

-

-

1

1

1

1

-

2

C

2

2

2

2

2

3

3

3

3

1

3

D

3

3

3

3

3

2

2

2

2

3

1

Le choix, à partir du seul critère du premier rang, donne les résultats suivants :

- vote pour la première place : le candidat A obtient 5 voix (B en a 4, C en a 1, D en a 1) ;

- vote pour la seconde place (en supposant que les préférences de chacun ne changent pas d’un vote à l’autre mais tiennent seulement compte du résultat précédent) : le candidat C obtient 6 voix (B en a 5) ;

- rang 3 : le candidat D obtient 6 voix (B en a 5).

Au total, le candidat B n’est pas classé alors que 4 votants le placent en rang 1 et 5 en rang 1 ou 2. Il pâtit du fait qu’une majorité (6 contre 5) ne souhaite pas le voir classé. Inversement les candidats C et D, qui n’avaient une seule préférence de premier rang sont classés sans problème car tous les membres le souhaitent. Quant au candidat A, il est classé sans difficulté alors qu’il n’avait qu’une avance de 1 voix sur le rang 1 par rapport au candidat B, et qu’il est rejeté par 5 votants sur 11.

Ainsi, en cas de divergence nette entre deux groupes de votants, le groupe le plus important (même de très peu) parvient, avec l’alliance d’une petite minorité (dans les petits groupes un seul suffit), à imposer systématiquement ses préférences. Inversement, la préférence d’un groupe important ne parvient pas à s’exprimer (analogiquement, on est plus proche d’un vote majoritaire que proportionnel).

Les préférences sur le principe de classement et sur l’ordre de classement ne fonctionnent donc pas selon les mêmes règles.

2. L’incompatibilité des critères de choix dans l’ordre de classement

Soit une commission de 9 votants (a à i) et trois candidats (A,B,C) à classer. Les préférences sont les suivantes :

 

a

b

c

d

e

f

g

h

i

A

1

1

1

1

-

-

3

3

3

B

3

3

3

2

1

1

1

2

2

C

2

2

2

-

2

2

2

1

1

Plusieurs critères de détermination des préférences collectives sont envisageables :

- le " premier rang " retient le candidat le plus souvent classé en 1 et ainsi de suite ;

- le " duo " retient le candidat le plus souvent classé en rang 1 ou 2 ;

- le " classé " retient le candidat le plus souvent classé, quel que soit le rang ;

- le " cumul simple " additionne les scores de classement (3 pour le 1° rang, 2 pour le 2° et 1 pour le troisième) et classe ainsi les candidats ;

- le " cumul pondéré " additionne les scores en attribuant une prime au rang 1 (par exemple 4 points) par rapport aux rangs 2 et 3 qui valent 2 points et 1 point ;

- le " vote séparé " procède par ligne, et non par analyse de l’ensemble du tableau des préférences comme dans les cas précédents, en votant à plusieurs reprises, ceci afin de déterminer le 1°, le 2°, le 3°.

Comme le montre le tableau, l’application de ces critères ne donne pas du tout les mêmes résultats :

 

1° rang

duo

classé

cumul

simple

cumul

pondéré

1° vote

séparé

2° vote

séparé

A

4

4

7

15

19

4

-

B

3

6

9

18

21

3

4

C

2

8

8

18

20

2

5

Et finalement, les classements correspondant à chacun des critères, sont les suivants :

 

1° rang

duo

classé

cumul

simple

cumul

pondéré

vote

séparé

A

1

3

3

3

3

1

B

2

2

1

1

1

3

C

3

1

2

1

2

2

Chaque critère a sa logique :

- le " premier rang " privilégie les candidats fortement préférés, même s’ils sont aussi fortement rejetés par d’autres ;

- le " duo " considère qu’il est plus aisé de rejeter que de choisir (notamment entre les rangs 1 et 2) ;

- le " classé " estime que l’ordre de classement est indifférent à chaque votant pris séparément et est à définir collectivement ;

- le " cumul simple " considère que la préférence collective est la somme des préférences individuelles ;

- le cumul pondéré procède de la même façon en accordant une prime au premier.

Finalement, chaque critère répond différemment à deux problèmes majeurs posés par la question des choix :

- celui du rapport entre principe de classement et ordre de classement

- celui du passage entre les choix individuels et collectifs

Les procédures de décision ont donc des effets propres, plus ou moins connus et explicités, qui peuvent être anticipés par les votants, lesquels pourront défendre, selon des arguments ad hoc, l’option qui a d’abord le mérite d’être favorable à leur candidat.

Ceci plaide en faveur d’un choix de principe préalable sur la façon dont on prendra en considération ces critères.

3. Quelle démarche adopter ?

Si l’on veut éviter ces inconvénients, il y a à définir suffisamment longtemps à l’avance (pour éviter les arguments d’opportunité), après discussion préalable (pour éviter les effets d’influence), sur la base d’une analyse précise des procédures passées et envisageables (pour restreindre l’imperfection de l’information), quelques règles. Si l’on veut également éviter les effets inattendus des décisions en aveugle (la somme des préférences individuelles n’a jamais fait spontanément une préférence collective et la définition collective des choix n’a jamais satisfait aisément l’ensemble des individus) il est également souhaitable d’expliciter, autant que faire se peut, les éléments de décision de chacun.

Les étapes suivantes pourraient ainsi être envisagées :

- échange de vues sur les candidats ;

- confirmation des procédures de votes (indicatifs et définitif) décidées à l’avance par la commission ;

- sélection des candidats retenus dans le classement selon une procédure simple d’élimination du candidat ayant le moins grand nombre de voix (en cas d’égalité entre deux candidats, on peut procéder à un second vote ou éliminer les deux candidats) ;

- vote indicatif de classement des candidats par chaque votant ;

- examen collectif de la situation des candidats au regard de plusieurs critères de préférence et confirmation éventuelle de tendances nettes (par exemple, un candidat en tête pour tous les critères de classement serait d’emblée retenu).

- votes indicatifs sur des sous-ensembles " litigieux " (les deux premiers, les trois, s’ils sont proches ou si les critères donnent des positions contradictoires).

- confirmation officieuse d’un classement conforme aux préférences et aux règles fixées ;

- vote final sur proposition du président de la commission.

En conclusion

Voilà quelques observations, quelques réflexions qui justifieront sans doute des commentaires et suggestions. A l’issue de cette réflexion, issue d’une expérience tout à fait locale, il me vient une idée (pour tout dire elle est venue à Philippe Cibois à la lecture de mon texte).

Si nous entreprenions un petit tour d’horizon des procédures pratiquées par nos commissions de spécialistes :

- comment se répartissent les dossiers des candidats ?

- comment se déroule le travail des rapporteurs ?

- comment s’effectue la sélection des candidats auditionnés ?

- comment se déroule la discusison ?

- quel est le principe de classement ?

- quelle est la procédure finale de choix?

A défaut d’une véritable étude, nous aurions ici quelques éclairages et idées nouvelles. Je lirai avec curiosité vos réponses et ferai volontiers ensuite un petit bilan pour un prochain numéro.

José Rose

 

 

***

INFORMATIONS

COMPTE RENDU DE LA REUNION DES DIRECTEURS D’UNITE (SHS) AU CNRS, LE 28 mars 2000

Maryse Tripier URMIS Paris 7
(tripier@paris7.jussieu.fr)

Depuis quelques années la direction scientifique SHS du CNRS réunit les directeurs de laboratoires pour les informer sur ses initiatives et faire le bilan de ses opérations.

Le programme de cette réunion était très chargé, mais comme vous le verrez, très loin des préoccupations quotidienne des responsables d’unité, en particulier ceux d’Ile de France, engagés dans la contractualisation.

Intervention de Marie Claude Maurel

Marie Claude Maurel (directrice du département SHS) a rappelé les priorités du département

-favoriser l’international (jargon?)

-favoriser le renouvellement du potentiel scientifique

-consolider les champs de recherche forts au CNRS

-promouvoir les mobilités thématiques, l’interdisciplinarité surtout quand elle touche deux départements scientifiques du CNRS. ex: l’histoire des sciences et des techniques, les sciences cognitives, les risques naturels, la société de l’information. Cette politique est renforcée par la direction Générale: à travers des affichages de poste (5 mais je ne sais plus si en 99 ou en 00) et des programmes.

Elle a rappelé que le programme sur l’identité européenne en question fonctionnait pour la 4ème et dernière année, que des priorités interdisciplinaires avaient été prévues dans les programmes d’action incitative sur la Ville, le lien social et la citoyenneté.

La politique d’interdisciplinarité est recherchée dans la formation des GDR, les réseaux de MSH, les centres de recherche à l’étranger.

Les priorités disciplinaires restent les sciences juridiques autour des " nouveaux droits " ex: le vivant, les biens immatériels..+ le droit comparé.

Bilan des actions engagées depuis deux ans et demi

- Le redressement des moyens budgétaires (+12% entre 96 et 2000, actuellement SHS dispose de 14MF sur 121, pour l’essentiel le choix a été fait d’augmenter les dotations de base des labo équipement+fonctionnement). 1MF est réservé pour l’instrumentation (base de données+bibliothèques et informatique..les réponses aux demandes faites sur ce crédit arriveront dans un mois. 2MF sur les sites, augmentation des budgets des programmes et actions incitatives, économies sur le fonctionnement du département SHS (maryse a noté ainsi, intérieurement, la disparition du fort utile bureau Europe de SHS animé par H.Bruhns..ce qui n’aide pas à se positionner sur l’Europe, mais certes fait faire des économies..par ex)

- La relance des recrutements. Le département SHS pense que la courbe se redresse après une chute historique qui atteint son minimum en 96. depuis augmentation de 4% (j’ai encore intérieurement songé aux 800 pétitionnaires pour l’emploi au CNRS qui auraient hurlé de rire au vu des recrutements annoncés..mais c’est un vrai débat )

La direction SHS reconnaît le blocage des promotions: CR-DR et DR2-DR1, ce blocage devait inciter à la mobilité vers les universités, mais cela ne marche pas. 16 départs pour 130 accueils temporaires, essentiellement d’universitaires. (A chacun son explication! j’ai la mienne). La direction reconnaît aussi le déclin inexorable des ITA, diminution de 5% sur la décennie dans tout le CNRS et 4% en SHS, il va y avoir blocage car les départs à la retraite qui s’annoncent ne seront pas tous remplacés. (ou une formule +enrobée qui veut dire la même chose)

42 postes " frais " pour 360 labos interdiront de répondre à des demandes pourtant justifiées.

- Une active politique de site. 2MF sont déployés pour les politiques de site:MSH, Fédération de recherche. Cette politique est soutenue par la mission scientifique universitaire que dirige Maurice Garden , au MENRT (mais, comme vous le savez Allègre n’est plus là..) qui a créé un fonds, le FNS pour financer le réseau des MSH. Comme vous l’avez déjà compris ces Maisons sont incitées à développer des partenariats scientifiques, et à s’articuler aux écoles doctorales qui doivent y trouver de la logistique , des moyens matériels et humains..Budget de 28MF sera réparti entre les MSH en 2000 (Remarquez les proportions entre CNRS et Ministère)Ces maisons et sites divers doivent accueillir des chercheurs étrangers, des contrats de projets pour jeunes pos-doc... Actuellement 20% des effectifs chercheurs et ITA et 25% des moyens de base; + de 25% des projets nouveaux et 31% des crédits d’instrumentation sont affectés dans ces " maisons "

- Le soutien aux jeunes chercheurs s’est fait essentiellement par l’appel d’offres " Aide à projets nouveaux " et à des incitations partiulières dans des appels d’offre (cf ville), cela s’adresse notamment aux jeunes maîtres de conférence. en 2000, 4MF, 100 projets expertisés sélection mi-mai , en 99 3,6MF et 32 projets retenus..

- Le renforcement de la coopération internationale: on nous incite à passer des conventions bilatérales, SHS en a passé es-qualité avec des universités.., on nous rappelle l’existence de PICS , et que le nombre de postes de chercheurs associés est en augmentation (j’ai un document qui explicite tout celà).

Intervention de J.M. Lemaire

Il vient nous parler de CNRS-AVENIR. (tout le monde avait oublié ce que c’était, moi compris). Le CNRS , le MENRT et le Parlement, ont engagé diverses démarches (par exemple la mission Le Deaut-Cohen) après les remous suscités par les propositions Allègre, visant le Comité National et plus généralement les problèmes d’évaluation et de réforme du CNRS. CNRS-AVENIR est un projet confié à des consultants extérieurs visant à " définir une démarche stratégique autonome de conduite du changement ".

Cette initiative part d’une nécessité d’adaptation aux changements de l’environnement.(je cite)

changements géopolitiques

- construction européenne

- émergence des régions

- mondialisation

- émergence de nouveaux acteurs économiques

- problème du développement durable

changements économiques

- mondialisation

- externalisation de la recherche-développement

- évolution de l’économie vers la connaissance

changements démographiques

-vieillissement de la population

-départs en retraites d’ici 2010 : au CNRS: 40% des chercheurs, 60% des ITA

demande sociale

- demande accrue d’expertise

- exigence éthique

- création d’emplois et de richesse dans ce secteur

évolution du partenariat

- de plus en plus diversifié

- développement de la concurrence entre organismes de recherche et recherche-développement

- augmentation de la part des contrats

Nouvelles technologies: information-communication

- développement d’une économie de la communication

- développement du travil en réseau et de la gestion de projets

- marchandisation de la connaissance

Evolution scientifique

en faveur des sciences du vivant et des sciences et des techniques de l’information et de la communication (STIC)

Le CNRS formule 4 objectifs stratégiques qui devraient aboutir sous forme de décret (?)

- promouvoir la recherche pour la connaissance

- promouvoir la production de connaissances pour le progrès économique et culturel, de ce point de vue le CNRS doit être le partenaire majeur du pilotage d’un réseau, ne doit pas devenir une simple agence de moyens mais (dans mes notes j’ai 1 org, je ne sais plus si c’est une organisation ou un organisateur..)

- dynamiser les ressources humaines dans le cadre de la formation permanente, et rester un lieu d’évaluation des personnes, des programmes et des services.

-avoir une politique scientifique lisible.

Principes de la méthode

-impliquer la Direction Générale, en vue de l’appropriation- concertation d’un projet stratégique d’organisme, concertation interne et externe, information à chaque étape. Le chantier va durer de deux à trois ans avec des calendriers rigoureux à respecter.

6 chantiers dotés d’un président, d’un comité de pilotage et d’un consultant extérieur

-stratégie`

-laboratoires et collectifs de recherche

-gestion des ressources humaines

-évaluation

-gestion du CNRS

-CNRS et Société

- certains de ces chantiers sont en cours (gestion du CNRS) d’autres en vue (CNRS et Société)

- temps fort de CNRS AVENIR des séminaires régionaux (9) ou assistent ceux qui le demandent et les premiers arrivés seront les premiers servis.

- un questionnaire qui arrivera en mai 2000 sur courrier électronique, semi-directif, réponse en QCM+questions ouvertes.

- fin de la première phase 13 juin.

- deuxième phase basée sur des scénariis, couronné de succès si projet partagé.

Tout ceci sur le web du cnrs: wwwcnrs.fr chercher cnrs-avenir

***

G.Cliquet
vient présenter sa fédération de recherche IREIMAR à Rennes, il présente le regroupement de moyens pour la gestion des contrats la mise en place d’un incubateur (terme de volailler mais qui veut dire en new-look: start-up de la recherche). Il était là pour montrer les avantages de ces regroupements mais a montré que cela ne règle pas tout , j’abrège.

Roxane Silberman
est venue présenter le projet d’observatoire des données en sciences sociales. Une mission lui a été confiée en ce sens depuis plusieurs mois: il s’agit de produire, de stocker de donner accès à des résultats d’enquête: données quantitatives, qualitatives (confié à C.Dubar) éventuellement d’images.Elle a consulté les labos (y compris l’URMIS mais je ne sais pas si quelqu’un a répondu) cela concerne des données produites par l’Etat (INSEE...) par les EPST (nous-mêmes) et par le privé (instituts de sondages). La France est sous-développée en terme de données produites par la recherche, et l’accès aux données n’est pas bien résolu. Elle utilise le terme de partage des données, et à cherché à poser les fondements de cessions réciproques. Elle s’appuie sur le modèle anglo-saxon des " data archives " qui existent aux USA, en GB et en Allemagne. En France il y a deux labos le LASMAS (ancêtre le DAS fondé par R.Boudon) en convention avec l’INSEE (données statistiques) et le CIDSP de Grenoble (F.Bon) données socio-politiques et sondages. Le but est d’élargir le champ des utilisateurs, à plus de chercheurs français et étrangers. Les problèmes sont de différents type: la formation des utilisateurs, l’utilisation des données à caractère personnel (niveau fin), donc la nécessité d’organisation des garanties..première étape du projet: l’observatoire (OSSOS: coopération LASMAS+CIDSP) puis la création d’un institut de diffusion des données, l’incitation à donner des moyens financiers pour de grandes enquêtes menées par des universitaires. Elle a parlé de méta-données mais je ne me rappelle plus de quoi il s’agit.

B.Helly
est venu parler de la documentation à partir de son expérience en archéologie. Véronique aurait sûrement mieux compris que moi, en plus il n’y a pas eu de pause, pas de café, tout le monde fléchit. Je résume : il souhaite que la direction scientifique mette en réseau trois ensembles dans lesquels baignent les chercheurs: la documentation brute, les références publiées et les références spatiales (des cartes je suppose)..la dématérialisation de la doc via le numérique, doit permettre le développement des réseaux d’échanges entre labos du département SHS.. (je me suis demandé comment faire..qui dans notre labo allait avoir comme fonction de signaler un doc à un copain d’un autre labo? en fait on fait cela tout le temps avec ses potes.)

A. Chanudet INIST
Notre sympathique ancien délégué régional de Paris B est retourné dans l’est avec joie, il s’occupe de l’INIST, grand centre européen, intégré dans la chaîne documentaire. 23000 abonnements, 40 km de rayonnages consacrés exclusivement à des revues scientifiques qui se divise en 2: Pascal pour les sciences dures (20Millions de ref), Francis pour SHS (2 millions de ref). Interrogeable sur le web depuis 98, attendent 4M d’interrogations pour l’an 2000 (98-2000, j’ai compris) on obtient la référence et le résumé sur article@inist. 75% des commandes se font sur le web.

1M de docs sont envoyés par l’INIST (50% EPST, 50% entreprises) L’INIST peut aider les labos qui ne veulent pas s’abonner à des revues, mais reconnaît qu’il y a eu des pannes dans les abonnements. Pour l’instant ne dispose pas de l’ensemble des productions des chercheurs CNRS, cherche à mettre en place un système simple en partenariat avec labintel. A évoqué la notion de " portail " multi-bases et va mettre en place des formations de spécialistes en information scientifique et technique.

Peyraube
je me suis réveillée quand j’ai compris que cet intervenant allait nous parler d’évaluation des chercheurs, équipes..via la bibliométrie. je résume: l’intervenant pense intéressante l’évaluation bibliométrique, qui se pratique déjà, en tant qu’elle offre des référents généraux. Elle se base sur le principe du SSCIT (index de citations de Philadelphie) et d’un organisme du même genre à Leeds. IL se trouve que ces banques de données sont défectueuses en ce qui concerne les sciences sociales en France( ,les revues académiques n’y sont pas, au profit de revues telle que Esprit, La quinzaine littéraire la NRF..) Les négociations avec Philadelphie pour réformer leur base ayant échoué, le CNRS va prendre l’initiative en s’aidant de la base FRANCIS et via le Fonds Européen pour la science, de créer une base concurrente. La série des revues de référence sera élaborée par les sections du Comité National. Des réunions ont déjà eu lieu.

Discussion : je n’ai rien noté, parce que j’en avais assez entendu.

Commentaire général:

-La direction du département a raison de faire ces réunions régulières, c’est également encourageant qu’ elle réfléchisse à l’avenir et se donne des objectifs..

-Il m’a semblé que l’ordre du jour essentiellement centré sur les problèmes de données était très loin des préoccupations concrètes des labos. Je pense même que la politesse nous a empêchés de supplier le département d’arrêter de nous faire remplir sans cesse des fiches de renseignements, d’alimenter des bases de données..etc..On sait pourtant que c’est utile (cf remisis) et qu’il ne suffit pas d’écrire , si on enregistre pas ses publications..

-Au delà du langage très " management ", la direction prend acte du déclin des moyens humains, et la politique de site est finalement le seul moyen de mutualiser des compétences (maintenance des équipements, gestion, doc..)C’est la même logique qui prévaut pour les Ecoles doctorales où l’option pour des ED de site est censée mutualiser des services aux doctorants.

On nous propose des dispositifs à peu près pour tout, créer des associations de recherche, favoriser nos relations internationales..Ce qu’on ne sait pas c’est le calcul entre le temps dépensé pour répondre et monter les dossiers et les chances de succès. Pour l’URMIS, quelques avatars: le site Pierre et Marie Curie (training site), la réponse à l’appel d’offres sur l’identité européenne, l’affaire Martine Hovanessian, mais aussi quelques succès pour Rinaudo dans l’action incitative ville..

J’en déduis aussi, qu’il faut participer au projet de transfert de l’IRESCO, car des moyens logistiques du CNRS y seront concentrés et non dispersés aux équipes et ce sera bon pour nos étudiants. On en discutera collectivement, il faut poursuivre ce projet parallèlement à P7, o˘ la place des sciences sociales reste problématique..

S vous avez été au bout, merci (une demi-journée de réunion + une demi journée de CR)

Maryse Tripier

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CHRONIQUE INTERNET

Qui n'a pas reçu dans son courrier mail des choses de ce genre ?

Un Nouveau Virus a été découvert. Il arrivera par un e-mail intitulé: CALIFORNIA IBM.

Microsoft a annoncé qu'il est très puissant, plus encore que Love Letter.

Il n'existe aucun remède, il avale toute l'infomation du disque dur, détruit Netscape Navigator et Microsoft Internet Explorer.

N'ouvrez rien s'intitulant ainsi, et passez ce message à tous vos contact e-mail.

Peu de gens sont au courant, passez le message le plus rapidement possible.

Vous avez envie d'obtempérer car, ce n'est peut-être pas sérieux, mais sait-on jamais ?

Mais quand vous avez reçu ceci dans votre boite au lettre (celle du facteur) ?

Avec l'amour tout est possible:

Cette lettre t'a été adressé pour te porter chance. L'original se trouve en nouvelle zélande. Elle a déjà fait le tour du monde neuf fois. Cette fois-ci , elle est venu vers toi . Tu rencontreras la chance au cours des quatre jours suivant la réception de cette lettre. Tout ce que tu auras à faire, c'est de la réexpédier. Ceci n'est pas une farce. Tu auras sûrement, toi aussi, besoin de la chance. N'envoie pas d'argent car le destin ne s'achète pas. Ne retiens pas cette lettre en ta possession, mais réexpédie la dans les 96 heures suivant la réception . Tires en 20 copies , envoie les et attend ce qui se passera dans les quatre jours La chaîne a été commencé au Vénézuela, et a été rédigée par Saul Anthony de . . (illisible), un missionnaire originaire d'Afrique du Sud. Si cette lettre doit continuer de faire le tour du monde tu devras envoyer 20 copies de cette lettre à des amis et à des gens de ta connaissance Dans quelques jours, tu verras, tu auras une grande surprise, même si tu ne peut pas y croire.

Quelques exemples:

Constantina Diex reçut la lettre en 1953, et quelques jours plus tard , elle gagnait à la loterie. Carlo Daddit fonctionnaire, reçut la lettre et oublia de la réexpédier dans les 96 heures. Il perdit son travail . Lorsqu'il retrouva la lettre, il la copia quand même pour l'envoyer. Quelques jours plus tard il trouva un meilleur poste . Un officier de la Royale Air Force, après avoir reçu la somme de 17 millions de livre, la reperdit aussitôt. Il avait interrompu la chaîne.

Au cours de l'année 1987, une jeune californienne reçut cette lettre. La copie, à force de circuler était devenu illisible. La jeune femme avait l'intention de la réécrire avant de la réexpédier. Elle oublia, l'ayant mise de coté Par la suite , elle rencontra de multiples problèmes comme, par exemple, des réparations onéreuses sur sa voiture. La lettre avait été retenu plus de 96 heures en sa possession finalement, elle la dactylographia comme prévu et elle gagna une voiture neuve dans un concours.

N'oublie pas: n'envoie pas d'argent! Mais surtout n'ignore pas cette lettre, car il n'est pas donné à tous le monde de la recevoir.

Cette lettre t'as été adressée par quelqu'un qui te souhaite Bonheur et Chance

Cette lettre ne fait pas partie d'une chaîne demandant de l'argent. Il ne s'agit que de continuer la transmission d'énergie positive à laquelle s'attache un événement de chance La réunion des forces mentales positives engendre un effet positif.

Quoi qu'il en soit, meilleur vœux de chance dans la vie

Réception :25-06-97 .

Réexpédition 26-06-97

Evidemment, au vu d'une pareille lettre votre réaction est toute différente : vous l'identifiez comme une chaine de St Antoine bien connue des spécialistes (Cf par exemple Jean-Pierre Albert, "La chaine et la chance", Arch. de Sc. soc. des rel., 1994, 86 avril-juin, 235-262) et vous n'avez aucune envie d'obtempérer.

Cependant la structure des deux lettres est la même : la caution est Microsoft dans le premier cas (ou IBM ou une autorité quelconque dans le domaine), St-Antoine de Padoue ou un missionnaire originaire d'Afrique du Sud dans l'autre. On vous promet les pires ennuis si vous ne respectez pas ce que dit le texte et enfin on vous invite à diffuser la chaine.

Autant je n'ai jamais reçu de collègues de chaines de St-Antoine, autant j'ai reçu des messages me signalant des virus qui après vérification auprès des sites antivirus se sont révélés être des canulars (des "hoax" dans le langage anglo-saxon).

Dans les deux cas, comme dans tous les phénomènes de rumeur, l'efficacité du message vient de l'anxiété : face à la vie en général (chaines de St-Antoine) ou à la sauvegarde de ses données (et l'anxiété y est particulièrement forte).

Pour lutter contre les rumeurs on rappelle qu'il faut toujours commencer par vérifier auprès des sites antivirus (ou anti-rumeurs) de la réalité du virus (ne pas oublier que I LOVE YOU n'a pas été annoncé) :

Sites antivirus : http://www.datafellows.com/hoaxes/wobbhoax.htm (site FSECURE)

http://www.symantec.com/avcenter/hoax.html (site SYMANTEC)

Site sur les rumeurs du net:

http://hoaxbuxter.com

Chaines de solidarité

Le texte suivant, reçu a de nombreux exemplaires pose plus de problèmes :

Veuillez consacrer quelques minutes à la lecture de ce message, signez-le et ensuite copiez-le et envoyez-le par courriel à autant de personnes que possible. Si plus de 50 noms figurent sur la liste qui vous parvient, veuillez envoyer une copie au Commissaire de l'UNHCHR (voir ci-dessous)

Le gouvernement afghan mène la guerre aux femmes ....

etc. : nous ne sommes plus dans le registre des rumeurs mais de l'action pour une cause, celle des femmes d'Afghanistan.

Un message analogue est celui appelé "Solidaridad con Brian" petit garçon de Buenos Aires dont la santé serait liée à une opération couteuse qui ne pourrait être financée que si l'on envoie suffisamment de messages, ce qui entraine la chaine.

Je vous propose la réponse donné par hoaxbuxter.com qui malgré son nom est un site francophone :

TALIBANS

PETITION - Comment camoufler un hoax derrière une cause juste?

Aidons les femmes Afghanes en submergeant l'ONU de nos e-mails. C'est en gros, le mot d'ordre de cet hoax très apprécié des femmes.

Bien que relatant des faits réels et graves cet appel n'est rien d'autre qu'un hoax. Ses auteurs s'emparent du malheur des femmes afghanes pour favoriser la diffusion de leur hoax.

Il est également la traduction d'un hoax américain. Semble-t-il, écrit à l'origine par "sarabande@brandeis.edu". Peu de temps après sa diffusion le compte e-mail de cette personne a du être fermé par son fournisseur.

En effet, nous vous rappelons que votre fournisseur fixe des limites quant à la quantité d'informations que vous recevez sur votre messagerie e-mail. Dans ce cas précis, les limites étaient largement dépassées et les sanctions ont été prises.

Dans les jours suivants la fermeture du compte de "Sarabande@brandeis.edu" il était possible de lire le message suivant :

" (...) étant donné les milliers de messages en réponses à une "chaîne" non autorise, tous les mails a destination de sarabande@brandeis.edu seront effaces sans être lu... ... s.v.p. ne faite pas suivre ce type de chaîne ... ... Propager une chaîne est précisément interdit par la plupart des providers ; vous pouvez perdre votre compte..."

Aujourd'hui l'adresse est définitivement désactivée, vos messages à cette adresse resteront donc sans réponse.

Dans sa traduction française on note quelques différences. Le texte original appelait à une intervention américaine et vous invitait à répondre à sarabande@brandeis.edu tandis que dans la traduction française, c'est l'ONU qui était citée et l'on vous communiquait les adresses e-mails de deux des responsables à l'ONU. Après recherches, les hoaxbusters ont constaté que l'une des deux adresses e-mail était fausse.

Si vous souhaitez réellement vous impliquer et aider les femmes en Afghanistan nous vous invitons à visiter le site "the Feminist Majority Foundation" http://www.feminist.org/action/action50.html. Vous y retrouverez les véritables adresses e-mail de Angela King et Mary Robinson.

Merci de ne pas faire suivre cet Hoax et de le détruire dès réception.

Il en est malheureusement de même pour le petit Brian : les bonnes causes suscitent les canulars et il ne faut pas continuer la chaine.

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Informations professionnelles

http://www.education.gouv.fr/bo/2000/special7/som.htm

propose le nouveau "Code de l'éducation" mis au point par le Ministère de l'Education nationale pour regrouper et actualiser les textes qui régissent l'enseignement. L'enseignement supérieur est un des chapitres : il peut être téléchargé par fraction en format PDF.

cibois@francenet.fr

 

N'oubliez pas de transmettre à tous, par l'intermédiaire de cette chronique les sites qui pourraient intéresser la communauté des sociologues

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VIE DE L'ASES

Assemblée générale annuelle
18 mars 2000

Rapport financier

Bilan comptable pour l'année 1999

 

Recettes

220 cotisations 33 050,00

Recettes Sicav 936,80

Annuaire 18 730,00

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Total recettes 52 716,80

Dépenses

Frais de déplacement 27 302,09

Frais d’envois 11 925,80

Lettres de l’ASES 11.790,00

----------------------------------------------------

Total dépenses 51 017,89

Recettes - dépenses 1 698,91

(solde créditeur)

Bilan de trésorerie

Situation au 31 décembre 1998

Sicav 37 019,20

CCP 32 861,61

---------------------------------------------------

Total au 31/12/98 69 880,81

Situation au 31 décembre 1999

Sicav 37 956,00

CCP 33 623,72

---------------------------------------------------

Total au 31/12/99 71 579,72

Total 1999 - total 1998 1 698,91

(solde créditeur)

 

Bilan comptable pour l'année 1998

 

Recettes

213 cotisations 31 915,00

Recettes Sicav 928,00

Vente annuaire 560,00

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Total recettes 33 403,00

Dépenses

Frais de déplacement 12 546,00

Frais d’envois 12 167,10

Lettres de l’ASES

----------------------------------------------------

Total dépenses 24 713,10

Recettes - dépenses 8 689,90

(solde créditeur)

Bilan de trésorerie

Situation au 31 décembre 1997

Sicav 36 091,20

CCP 25 099,71

---------------------------------------------------

Total au 31/12/97 61 190,91

Situation au 31 décembre 1998

Sicav 37 019,20

CCP 32 861,61

---------------------------------------------------

Total au 31/12/98 69 880,81

Total 1998 - total 1997 8 689,90

(solde créditeur)

 

Rapport Moral

Le rapport moral est à lire en page 3 de la présente Lettre

Débat

(Les réactions sont ici inscrites sans qu’il soit fait état de l’auteur de chaque propos)

Il faudrait penser à un congrès des sociologues sur la sociologie française mais avec d’autres structures (A.E.S., A.I.S.L.F. etc…). Il faudrait trouver une organisation adaptée mais ce serait une excellente idée, un grand moment de socialisation des jeunes et des moins jeunes. Le problème est de savoir qui va jouer le rôle d’organisateur ! Et puis surtout, il faut aussi autre chose que " l’histoire des cerveaux morts "…

Il faut continuer et reprendre nos échanges sur les publications en sociologie !

Il conviendrait de poursuivre la discussion sur le statut d’enseignant chercheur : les pratiques réelles quotidiennes, l’impact des responsabilités administratives sur les carrières, les conditions de l’enseignement de la sociologie en dehors des départements de sociologie…

Notre discipline a une image floue comme c’est impensable. Or ceci constitue un de nos enjeux majeurs aujourd'hui rendre claire l'image de notre discipline… A l’extérieur, nous avons en fait une image forte mais elle est extrêmement floue. Il faudrait travailler sur la représentation de nous mêmes. Qui sommes nous ? Quel est notre positionnement ? A quoi sert la sociologie ? (ce qui est loin d’être clarifié !)

Il faut voir ce qui se passe autour de nous (les sociologues et la cité !)

Il faut refaire des rencontres sur la pédagogie, démarrer un bilan de la semestrialisation.

Par rapport aux débats évoqués, il faut considérer que nous avons bien plus de convergences que nous ne le disons.

Si l’on revient sur les conditions d’exercice de nos enseignements. Il nous faudrait mesurer réellement pourquoi nous voulons une augmentation des normes San Rémo. (…) oui mais par rapport à San Rémo, il ne faut pas tout mélanger : l’apprentissage du travail intellectuel d’un côté et celui de la production sociologique de l’autre. Il faut bien dissocier les objectifs, ce qui renvoie à la question de la formation des sociologues et à la diversité de nos publics. (…) il faut aussi que nous mesurions les conséquences de la massification ! (…) il faut réfléchir davantage au fait que nous sommes submergés par les charges !

Ne serait-il pas temps de commencer une histoire de la pédagogie de la sociologie afin de rentrer dans une logique cumulative ?

Pour la Lettre, il faudrait penser à mettre des annonces qui concernent certains événements importants pour les membres de l’ASES.

Il ne faut pas oublier que tout l’intérêt et la force de l’ASES réside dans l’absence d’obligation de consensus. C’est une chose exemplaire ! (…) Doit-on alors voter des motions à l ‘ASES ?

Le débat s’est clos par un vote à l’unanimité approuvant le rapport moral et le rapport financier.

 

 

 

 

 

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Compte-rendu de la rencontre régionale de l'ASES à Grenoble
25 mars 2000

Le samedi 25 mars 2000, à l'initiative de l'ASES, une quinzaine de collègues des établissements de Aix, Chambery, Clermont-ferrand, Grenoble, Lyon et Nice se sont retrouvés à l'Université Pierre-Mendès-France pour discuter de l'enseignement de la sociologie.

Dans son introduction, Daniel Filâtre a rappelé les objectifs généraux de l'ASES et annoncé les activités à venir. Cette association, vieille de 10 ans et qui compte aujourd'hui 220 adhérents, édite régulièrement la Lettre de l'ASES et organise périodiquement des réunions sur des thèmes qui intéressent les enseignants de sociologie. Dès la rentrée prochaine une rencontre sera organisée sur le thème de la publication des ouvrages. Dans le courant de l'année 2000-2001 une autre journée devrait être consacrée à la fonction d'enseignant-chercheur. Parmi les activités de l'ASES, on peut également citer : la constitution d'un dossier sur les normes San-Remo, l'organisation d'un atelier sur l'articulation entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur, la réalisation d'une enquête sur les doctorants de sociologie, la publication dans la Lettre de l'ASES d'un état statistique du corps des enseignants-chercheurs et pour finir la diffusion du nouvel annuaire des enseignants en sociologie.

L'enseignement aux nouveaux publics de la sociologie (S. Garcia, Chambéry)

Cette intervention s'inscrit dans le prolongement du texte signé par S. Garcia et A. Pelage et publié dans la Lettre de l'ASES. Il s'agit d'une réflexion sur les nouveaux publics de la sociologie qui se base sur l'activité d'enseignement auprès des étudiants de DEUG de l'Université de Savoie, sur des expériences pédagogiques et sur l'observation d'un cours magistral en DEUG d'Histoire.

L'expérience montre que l'enseignement de la sociologie en première année doit faire face à un public parfois peu enclin à remplir les exigences universitaires. La collègue cite des exemples de bluffs à l'oral, d'exercices de lecture qui ne sont pas accomplis mais dont des étudiants essaient de négocier la note, etc. L'observation d'un cours magistral d'Histoire lui a également permis de constater que, dans les amphis de première année, la gestion de l'ordre par l'enseignant est rendue particulièrement difficile et qu'il est souvent impossible d'écouter attentivement le cours. Nombre d'étudiants en assistant au cours font essentiellement un acte de présence et, dans le cas présent, la prise de notes se limitent principalement aux dates, etc.

Eu égard à ces problèmes, notre collègue nous fait part de son désaccord avec le discours qui prône un ajustement des exigences universitaires au public concerné. Elle propose de se démarquer des conceptions qui militent en faveur de la gestion de l'hétérogénéité du public étudiant car ces positions risquent d'entériner les inégalités plutôt que d'égaliser par le haut les niveaux. Pour elle, certaines exigences universitaires ne doivent pas être négociées, y compris au nom du handicap social et culturel que pourrait faire valoir une partie des étudiants. Dans le même temps, elle croit nécessaire de réviser en profondeur certaines pratiques enseignantes. En première année, pour favoriser la réussite des étudiants, S. Garcia préconise une mise au travail précoce et une définition précise et formalisée des finalités et des règles de l'enseignement. L'objectif doit être de "convertir" le nouveau public aux exigences universitaires ce qui suppose, dans les DEUG, de rompre avec l'image enchantée de "l'aventure intellectuelle", de remettre en cause le caractère charismatique de l'enseignement universitaire tout autant que le laxisme de certaines pratiques, en particulier dans la notation. Elle estime qu'il est essentiel que les étudiants parviennent à identifier l'Université à un lieu de formation intellectuelle.

Pour argumenter et illustrer sa position, notre collègue se réfère à une initiative pédagogique qu'elle a menée avec d'autres et qui consistait à faire un effort didactique particulier dans le but de renforcer l'organisation pédagogique des enseignements : diffusion systématique de plans de cours dès le début de l'année ; présentation aux étudiants des exigences et des attendus de l'enseignement ; changement des habitudes d'évaluation (extension de l'amplitude des notes). Au terme de l'année universitaire, le résultat est jugé positif puisque les attitudes de bluffs à l'oral ont disparu et qu'en général les comportements sont devenus plus studieux. La finalité de l'institution est ainsi mieux comprise par les étudiants.

Cette intervention se termine par un appel à débattre du principe et des critères de l'évaluation des enseignements.

Dans la discussion, la question de l'organisation fonctionnelle des départements est évoquée ainsi que la nécessité d'articuler le travail entre les enseignants. Il apparaît également indispensable d'articuler les contenus, les techniques, les exercices intellectuels et les modes d'enseigner entre la première, la deuxième et la troisième année. Toujours dans les échanges qui ont suivi, des collègues ont rappelé que depuis longtemps le Deug fait fonction de filtre et que, malheureusement, les améliorations pédagogiques sont souvent à rendement décroissant. Une autre question qui surgit dans le débat est celle du discrédit de la sociologie auprès des étudiants. La sociologie a une réputation de "manque de sérieux" et de "désorganisation". N'est-ce pas le résultat d'un faible investissement des enseignants dans les institutions universitaires? La place accordée à l'initiation à l'enquête en première année est également abordée. Dans ce cas, n'est-ce pas trop exiger des étudiants? L'exemple de Chicago, souvent cité, dont les enseignements s'adressaient à un public de praticiens correspond-il à nos conditions d'enseignement? Un débat plus large s'ouvre sur la difficulté à faire valoir, sur le plan professionnel, l'effort didactique des enseignants alors que l'évaluation des carrières se fonde exclusivement sur la recherche. D'autres collègues évoquent la difficulté à donner un sens à l'activité d'enseignement à l'Université, faute de finalités claires. Enfin, les problèmes posés, dans l'intervention, par le fonctionnement des départements ou la pratique enseignante ne renvoient-ils pas également aux clivages internes au corps enseignant (génération, statut, etc.)?

Enseigner la sociologie aux ingénieurs (Thomas Reverdy, DGES, Grenoble)

Notre collègue T. Reverdy introduit son propos par un rappel de l'expérience du CRISTO à Grenoble. Cette équipe de recherche a été créée avec la naissance d'une école d'ingénieur (ENSGI, école de l'INPG). Dans son intervention, notre collègue se propose de relater plus particulièrement l'expérience de l'enseignement de la sociologie aux élèves-ingénieurs. Ce travail a impliqué des innovations pédagogiques dont certaines ont été transposées dans les enseignements destinés aux étudiants d'économie et de gestion.

Le public de la formation d'ingénieurs est composé de futurs responsables en entreprise. L'enseignement de la sociologie dans ces filières vise notamment à développer chez les futurs ingénieurs une approche pragmatique et réflexive de la technique et de leur métier en les faisant travailler sur leur propre expérience de l'entreprise. L'objectif visé n'est pas de donner un supplément d'âme à la formation des ingénieurs, mais de mobiliser les élèves autour du questionnement sociologique. Le défi pédagogique consiste à réussir un enracinement disciplinaire de l'enseignement tout en s'engageant dans un dialogue interdisciplinaire.

Le volume des enseignements de sociologie représente 125 heures-étudiants réparties sur les deux premières années (en eco-gestion et IUP d'ingénierie le volume ne s'élève qu'à 70 heures). La majeure partie de ces enseignements se déroule en amphi. A l'ENSGI, le programme comprend :

- la sociologie de l'entreprise : sur le plan pédagogique, on cherche à combiner un recul historique sur l'entreprise (rappel des premières formes d'organisation économique), son rapport à la société, les différentes vagues de rationalisation (parcellisation des tâches, bureaucratie, taylorisme, toyotisme) et leur critiques (relations humaines, approche socio-technique, sociologie du travail à la française, etc.). Cet enseignement s'appuie sur la lecture et le travail de textes mais aussi sur des supports vidéos (film sur le taylorisme, etc.).

- la sociologie des organisations : cet enseignement s'articule étroitement au précédent. Y sont définis et discutés les concepts d'acteur, d'autonomie, de stratégie, de système d'action, de règle, de culture, etc. Les matériaux pédagogiques sont constitués pour l'essentiel d'études de cas.

- la sociologie de l'innovation : dans cet enseignement de sociologie des sciences et des techniques, il est proposé aux étudiants d'analyser une controverse scientifique ou technologique.

- l'enquête en entreprise : elle est organisée par groupe de quatre ou cinq personnes et les investigations sur le terrain se limitent à trois après-midi. L'objectif poursuivi est de faire réaliser par les étudiants des observations et des entretiens avec les opérateurs des chaînes de production, les cadres, les ingénieurs. Par ces quelques investigations, on cherche à leur faire saisir la pluralité des logiques d'appropriation de l'outil, les nouvelles formes de contrôle, le développement de l'autonomie, etc.

- l'exploitation de l'expérience du stage opérateur : cet enseignement s'appuie sur l'expérience des stages en entreprise et vise à conduire les étudiants à mener une réflexion sur l'organisation du travail, les comportements, les situations, etc. Dans ce but, ils sont astreints à tenir un journal de bord et à produire une analyse qu'ils doivent rédiger dans un court rapport. Dans les travaux dirigés (4 séances), les étudiants s'exercent à la comparaison et à la problématisation d'un thème commun : contrôle-autonomie, production de règles, rapport au travail, motivations, formation de collectifs, etc. Ces séances débouchent sur la production d'un petit document de 6 pages qui doit comporter la question, les hypothèses et quelques éléments de preuve. Cette expérience se révèle très concluante.

Un enseignement de méthodologie dispensé aux licences de l'école supérieure des affaires a également permis quelques innovations spécifiques. Cette fois l'objectif est de faire réaliser aux étudiants un mini-travail de recherche afin de les convaincre de l'intérêt de la recherche en sciences sociales. Le cours articule des enseignements de psychologie sociale (conduite de réunion, entretien …) et de méthodes de recherche en sciences sociales (problématique, enquête, analyse de contenu, etc.). Un thème libre est traité par quatre personnes. L'exercice consiste à construire une problématique, à poser des hypothèses qui seront discutées, et à réaliser quelques entretiens. La particularité de cet enseignement réside dans le fait que son contenu se construit à partir des travaux d'étudiants. Les enregistrements d'un étudiant sont écoutés en séance, les problèmes rencontrés dans la réalisation sont évoqués, etc.. Cette pédagogie valorise l'autonomie de l'étudiant et la prise de risque. Pour l'enseignant, elle exige de lui une rigueur dans la critique des travaux intermédiaires remis par les intéressés et une formalisation régulière du travail en séance. En définitive, pour les étudiants, cette démarche leur permet de remettre en cause des idées reçues, de prendre conscience de la pluralité des points de vue et de s'adonner au travail de problématisation.

A l'issue de sa présentation, notre collègue souligne le principal problème auquel se confrontent les enseignants qui interviennent dans les formations d'ingénieurs ou d'économie et de gestion. Il concerne l'identification de la sociologie par les étudiants. En Economie et en Gestion, l'enseignement de la sociologie apparaît exclusivement comme un point de vue critique. Les étudiants en fin de cursus, qui sont à la recherche d'outils et de méthodes utiles pour l'action, en viennent à mettre en doute l'efficacité de cette connaissance. Dans les formations d'ingénieurs, l'initiation de la sociologie introduit une rupture pédagogique radicale avec la pédagogie des classes préparatoires. Le volume horaire des formations d'ingénieurs, environ 800h par an, ne facilite pas l'approfondissement de la matière, par exemple la lecture personnelle d'ouvrages.

Dans les échanges qui ont suivi cette intervention, plusieurs précisions qui concernent les modalités pratiques d'organisation des enseignements ont été demandées. Une discussion s'est également engagée sur la professionnalisation de la sociologie et sur l'identité de la discipline à l'Université : la sociologie n'encourt-elle pas un risque d'instrumentalisation en se mettant au service d'autres formations?

Le mémoire de recherche en Maîtrise, DEA et DESS (A. Pessin et J.P. Bozonnet, Grenoble)

Après une présentation de la configuration de l'enseignement de la sociologie à l'Université Pierre-Mendès-France et des initiatives et manifestations passées ou à venir, notre collègue A. Pessin introduit la question du statut des mémoires en Maîtrise, DEA et DESS.

Le mémoire de maîtrise constitue le moyen pour l'étudiant de faire la preuve de sa compétence et de son savoir-faire. Cependant divers points qui concernent les conditions actuelles de réalisation des mémoires méritent d'être rappelés.

1 - La compensation intra- et extra-modulaire permet désormais l'obtention d'une maîtrise sans avoir la moyenne au mémoire.

2 - La forme et la taille des mémoires sont très variables. Un mémoire de 80 à 100 pages semble être la bonne taille.

3 - Dans la réalisation du mémoire, les étudiants ont tendance à surévaluer la difficulté et à faire le mémoire en deux ans.

4 - La direction d'un mémoire : qu'est-ce que diriger un mémoire? Et faut-il comptabiliser des heures d'enseignement dans le module qui correspond au mémoire?

5 - Le mémoire de maîtrise est une fin, mais aussi un commencement pour accéder au troisième cycle, ce qui pose le problème de l'harmonisation de son évaluation. Dans les sélections, les candidats doivent présenter le mémoire (problème de calendrier).

6 - Proposition : faire une fiche de soutenance (choix du thème, choix des méthodes, etc.)

7 - Concernant le DEA, à Grenoble le mémoire est réduit puisqu'il constitue le projet de thèse.

8 - Expérience menée en DEA : les étudiants sont réunis toutes les semaines et présentent leur travail aux autres. La même expérience est réalisée avec les doctorants.

A la suite de cet exposé, notre collègue J.P. Bozonnet relate son expérience de direction du DESS politique culturelle. Il insiste sur l'importance du mémoire de recherche (différent du rapport de stage) dans un DESS même si les étudiants ne sont pas convaincus de son utilité. Les étudiants de niveau bac+5 doivent pouvoir exercer des emplois de haut niveau et le mémoire est une indication de leurs capacités à rédiger, à mener une réflexion, à articuler et à développer un raisonnement et une argumentation.

Dans le DESS cité en exemple, le mémoire doit se faire sur le terrain. Pour les étudiants, sa réalisation permet d'accéder aux établissements et de s'intéresser aux demandes qui concernent le marché de l'emploi : l'évaluation d'actions ou de services, la faisabilité des projet, la méthodologie de la médiation, etc. L'enquête, qui repose souvent sur l'entretien, permet également aux étudiants de prendre contact avec des personnalités du monde professionnel. Notre collègue précise que le directeur du mémoire doit être un universitaire car il lui revient de garantir la pertinence de la méthodologie, mais qu'il est accompagné d'un tuteur qui valide la compétence professionnelle.

Dans les DESS, une des difficultés concerne le temps réduit dont disposent les étudiants pour entreprendre un mémoire de recherche qui s'ajoute au stage professionnel et au rapport de stage. Dans les faits, les mémoires sont souvent d'une qualité médiocre car la professionnalisation concurrence la formation lorsque les étudiants entrent en emploi.

A l'issue de ces deux interventions, des questions très précises sont posées dans la discussion : combien de fois doit-on voir les étudiants? Faut-il lire le mémoire avant qu'il soit soutenu? Un mémoire de maîtrise peut-il être refusé? Qui choisit le sujet? Il est rappelé que le mémoire est l'accomplissement d'un projet personnel et un acte créateur pour l'étudiant. C'est le premier contact avec la sociologie. A l'issue d'un tour de table, chaque collègue présente l'organisation de la maîtrise dans son département. L'échange se termine par un rappel de l'importance du mémoire pour la formation en sociologie : c'est une originalité et une exigence de notre discipline. Reste le problème des équivalences au niveau européen et celui de l'extrême hétérogénéité de la notation.

Compte-rendu de Jean-Luc Primon
(primon@unice.fr)

 

 

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Compte-rendu du Conseil d’Administration
du 18 mars 2000

Présents : Régine Bercot, Yéza Boulhabel-Villac, François Cardi, Philippe Cibois, Sylvette Denèfle, Michèle Dion, Claude Dubar, Francis Farrugia, Daniel Filâtre, Charles Gadéa, Sandrine Garcia, Suzie Guth, Nicole Roux, Jean-Yves Trépos.

Excusés : Yvon Lamy, Salvatore Maugeri.

1) Le CA renouvelle à l'unanimité le bureau de l'ASES : président Daniel Filâtre, secrétaire général Philippe Cibois, trésorière Michèle Dion.

2) Bilan de la rencontre du matin.

A l’ASES, il y a deux mondes Paris et les grosses universités de Province d’un côté, et les petites. Ceci pose un vrai problème pour les débats que nous avons au sein de l’association. Doit-on lisser les enjeux autour du premier monde ? C’est par exemple la question lorsque l’on parle de la pratique de la recherche qui n’existe pas dans les petites universités. Il est important de respecter la pluralité des situations. Enfin, il faut parler de la misère de l’enseignant chercheur, corvéable à merci, du maître de conférences aussi par rapport au professeur.

C’est pourquoi le débat de ce matin correspondait peu à ce que l’on attendait. On a parlé de la recherche mais peu de la gestion des carrières, des tâches administratives, des différences entre les rangs A et B…

Il est donc décidé de préparer une seconde rencontre sur le statut de l’enseignant chercheur, (un gouffre sans fond où l’énergie se perd !). François Cardi – Jean Yves Trépos et Yesa Boulhabel-Villac s’en chargeront.

3) Sur le débat qui a suivi le rapport moral

Il est important de mesurer que malgré l’existence d’un fond constant de débats entre nous, l’ASES s’est toujours démarqué de lignes idéologiques. C’est sa richesse. C’est sans doute aussi le rôle important du bulletin, des témoignages, des rencontres organisées avec les responsables de diplômes ou de départements.

4) La prochaine réunion aura lieu le samedi matin 30-09 sur la publication du livre en sociologie.

5) Les réunions futures :

- la place de la sociologie et les S.E.S. (concours d’enseignement, relations secondaire et supérieur…). Cette rencontre a fait l’objet d’un débat. Il a été décidé de le poursuivre lors de la prochaine réunion en septembre : responsable Yvon Lamy .

- La vie du doctorant en sociologie. A préparer. Claudine Dardy, Sylvette Denefle et Frédrick Mispelblom s’en chargent.

- Les commissions de spécialistes et les conditions de titularisation des jeunes collègues.

- La communauté des sociologues – Qui sommes nous ? Jean Yves Trépos, Charles Gadéa et Régine ? s’en chargent.

- La question des normes d’encadrement San Rémo et les formations. Sandrine Garcia et Daniel Filâtre s’en chargent.

6) La place de l’international dans l’ASES. Il est décidé de continuer sous une autre forme. Le renouvellement de la rencontre d’Octobre n’est sans doute pas à répéter : problème d’homogénéité, problème de coût. Il faut trouver autre chose !

7) Le projet d’un congrès sur " la spécificité et le devenir de la sociologie en France ". Ce projet, qui pourrait être un premier pas dans les rapprochements, proposés par Claude Dubar, entre institutions analogue à l'ASES, emporte l’enthousiasme des membres du CA. Mais c’est un projet lourd, à prévoir en 2002. Il pourrait être l’aboutissement d’une sorte de parcours avec des ateliers préparatoires, avec la participation de collègues étrangers pour bénéficier de comparaisons internationales. Il faut contacter les autres structures pour organiser ensemble des activités communes. Il convient alors de développer dès maintenant ces échanges.

8) Jean Luc Primon fait état de la prochaine réunion du réseau ASES Sud Est à Grenoble. Daniel Filâtre ira représenter l’ASES pour cette première journée.

 

 

 

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LETTRE DE L’ASES :
au sommaire des précédents numéros

Lettre n°28 : Juin 2000

La formation des sociologues en Europe Introduction par Catherine Déchamp - Le Roux et Suzie Guth. Royaume-Uni par Christopher T Husbands. Pologne par Ewa Malinowska. Allemagne par Siegfried Geyer. Espagne par Enrique Gaston.

Les écoles doctorales. Rencontre avec Roger Frydman

Informations sur le CNU. Nominations en 1999 et renouvellement du CNU par Alain Chenu.

Vie de l'ASES

Lettre n°27 : mars 1999

Innovations pédagogiques Innover en tutorat par Jean-Louis Le Goff. Enseigner la méthodologie universitaire par Erika Flahaut. Une vidéo sur Becker et Friedson à Metz par B.Etienne et V.Meyer. Stage et formation à l'analyse sociologique par Michel Villette. Faut-il "s'adapter" au nouveau public par S.Garcia et A.Pélage.

Informations sur le CNU. Bilan des qualifications par Alain Chenu. Tribune libre de Lucy Tanguy et Pierre Tripier

Chronique Internet, Vie de l'ASES

Lettre n°26 : mars 1999

Les sociologues publient : où comment ?

Recrutements de 1998. Informations sur le CNU par Alain Chenu. Tribunes libre par Alain Quemin et Antonio Monaco

Dossier DESS. Compte-rendu de deux réunion de l'ASES par Monique Legrand. Liste des DESS de sociologie. Quelques thèses contestables par Pierre Tripier. Une question stratégique par Alain Chenu.

Chronique Internet, Vie de l'ASES

Dernières rencontres de l'ASES

Septembre 2000 La publication des livres

Mars 2000 Le statut d'enseignant-chercheur

Janvier 2000 Les écoles doctorales

Octobre 1999 La formation des sociologues en Europe

Mars 1999 Innovations pédagogiques

Janvier 1999 Les sociologues publient : où, comment ?

Sept. 1998 Quelle politique de la recherche pour l'Université ?

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Association des Sociologues Enseignants du Supérieur

 

Adhésion pour l’année 2001

 

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