La Lettre de l’ASES

Association des Sociologues Enseignants du Supérieur

26

mars

1999

 

Les sociologues publient : où, comment ?

Compte-rendu de la rencontre de l'ASES du 16 janvier 1999 4

Informations sur le CNU

Les nominations par Alain Chenu 13

Mentions de thèses et qualification 18

L'HDR, recommandations de la 19e section du CNU 20

Tribunes libres :

Qu'est-ce qu'un candidat local par Alain Quemin 22

A propos des lettres de recommandation par Antonio Monaco 31

Dossier DESS

Compte-rendu de deux réunions de l'ASES par Monique Legrand 34

Liste des DESS en sociologie 39

Quelques thèses contestables par Pierre Tripier 41

Une question stratégique par Alain Chenu 46

Internet

Internet et sociologie par Philippe Cibois 50

Vie de l'ASES

Compte-rendu du CA du 25 septembre 1998 56

Annuaire de l'ASES 57

Rappel : Samedi 20 mars
Sorbonne Amphi Durkheim

9h45-12h45 Innovations pédagogiques
14h15-16h Assemblée Générale

La lettre de l’ASES est le bulletin de liaison de l’ASES

Association des Sociologues Enseignants du Supérieur

Cette association Loi 1901 a été fondée en 1989 pour "défendre, améliorer et promouvoir l’enseignement de la sociologie. Elle vise à rassembler, à des fins d’information, de réflexion, de concertation et de proposition, les enseignants-chercheurs et les enseignants de sociologie en poste dans les universités et les établissements d’enseignement supérieur assimilés"

Le Conseil d’administration en est actuellement le suivant :

Yeza Boulhabel-Villac

François Cardi (membre du bureau, secrétaire général)

Frédéric Charles

Alain Chenu (membre du bureau)

Philippe Cibois (président, chargé du bulletin)

Laurence Costes

Claudine Dardy

Catherine Déchamp-Le Roux

Sylvette Denèfle

Michèle Dion (membre du bureau, trésorière)

Francis Farrugia (membre du bureau)

Daniel Filâtre

Suzie Guth

Monique Hirschhorn

Stéphane Jonas

Monique Legrand

Jean-Luc Primon

François de Singly (membre du bureau, vice-président)

Jean-Yves Trépos (membre du bureau)

Maryse Tripier (membre du bureau)

Marie-Caroline Vanbremeersch

Rédaction de la Lettre de l’ASES : c/o Philippe Cibois

22 bis rue des Essertes, 94140 ALFORTVILLE

tel/fax 01 43 75 26 63 ; cibois@francenet.fr

Dans ce numéro

Faut-il passer aux barbares ? C'est à dire faut-il sauter le pas et se mettre à surfer sur Internet ? Signalons tout d'abord que les informations sur le CNU publiées ici se trouvent désormais sur le site suivant :

www.univ-lille1.fr/cnu19

Pour un mode d'emploi d'internet et pour mener des premiers pas sur le réseau mondial (le web, c'est à dire le tissu, la trame), on trouvera une visite guidée après les trois dossiers suivants :

1) le compte-rendu de notre rencontre publique du 16 janvier dernier où nous avions provoqué une table ronde entre Anni Borzeix (Soc. du trav.), Dominique Desjeux (PUF), François Héran (Rev. franc. de soc.) et Gérard Mauger (Actes) avec la participation de nombreux autres intervenants. Ce compte-rendu permet de mieux voir notre mode de fonctionnement en matière de revues et de publications.

2) les informations sur le CNU, 19e section, font le point sur les nominations, les statistiques de mentions de thèses et de qualifications, donnent les recommandations du CNU sur les habilitations. Alain Quemin reprend le problème des candidatures "locales" et Antonio Monaco celui des recommandations.

3) une réunion publique sur les DESS et une réunion avec les responsables ont permis de faire un recensement (dont les résultats peuvent être transmis par vous aux différents services d'informations des universités). On trouvera un résumé des interventions dont certaines sont reprises sous une forme détaillée par leurs auteurs. Pierre Tripier y pose le problème des rapports entre science sociale "appliquée" et science sociale "pure". Alain Chenu envisage la question stratégique de la professionnalisation de la discipline : son propos vise à recommander des formations "multicartes" plutôt que de viser sur l'identité disciplinaire. Il pense qu'il y à là une ligne possible pour l'ASES. Le débat est ouvert.

Philippe Cibois

Président de l'ASES

LES SOCIOLOGUES PUBLIENT : OÙ, COMMENT ?

Compte-rendu de la rencontre ASES du 16 janvier 1999

Fonctionnement des revues

Questions posées : comment se recrute le comité de rédaction (J.Peneff pose en particulier la question de savoir si la prédominance des chercheurs "purs" par rapport aux enseignants-chercheurs n'entraine pas un déséquilibre), comment se fait l'acceptation, qui lit les articles, qui décide.

A la Revue Française de Sociologie, (représentée par François Héran), on juge que le problème du plus grand nombre de chercheurs par rapport aux enseignants n'en est pas vraiment un et qu'il n'y a pas de différence fondamentale entres ces catégories en ce qui concerne les critères de publication. Le comité de rédaction se recrute par cooptation et on regrette la sous-représentation classique des jeunes, des femmes et des provinciaux. Le comité de rédaction fonctionne sous deux formes : un comité large d'une vingtaine de personnes et parmi ceux-ci un comité restreint de 5 personnes. Chaque article proposé est lu par les 5 membres du comité restreint et par 2 personnes du comité large qui font un rapport écrit. Environ un quart des propositions d'articles sont acceptées. La revue publie des articles venant de tous les horizons et fait attention à publier des articles de jeunes auteurs.

En ce qui concerne la réécriture des articles, il est reproché (par un intervenant dans la salle) à la Revue de raboter les aspérités à ce point que tous les articles semblent provenir d'un même auteur au style assez "académique". F.Héran pense que quand il y a nécessité de réécriture, cela vient en général à propos d'un texte où la "prétention théorique" est inacceptable ou quand les références à un courant de pensée sont exprimées sous une forme exagérée (quand "ils agitent trop leur drapeau") ou enfin quand le jargon devient trop envahissant. On reçoit en moyenne une vingtaine de propositions d'articles toutes les cinq semaines (le cycle des réunions du comité de rédaction).

Le financement par le CNRS se fait sous la forme de la mise à disposition d'un secrétariat, la fabrication et la diffusion étant faite par un éditeur privé.

A la revue Sociologie du Travail, (représentée par Anni Borzeix), chercheurs à temps plein et enseignants-chercheurs sont à parité au sein du comité de rédaction de 9 membres qui se renouvelle par tiers tous les trois ans, comité où l'on trouve une parité entre hommes et femmes, entre Paris et province ou étranger. La cooptation se fait en tenant compte du domaine de compétence afin que la revue garde son orientation dans son domaine d'origine (la sociologie du travail) mais tienne compte du fait qu'elle s'est ouverte depuis sa création à d'autres domaines. Le critère d'acceptation des articles est l'articulation "réussie" entre apport théorique, problématique et travail empirique. Les propositions d'articles sont lues par trois personnes. En moyenne 7 articles sur 10 sont refusés. Pour les articles acceptés, les deux tiers sont remaniés, ce qui est un travail long et lourd. Il n'y a pas de rédacteur en chef et l'acceptation suppose un accord après débat collectif. La revue alterne numéros thématiques et numéros tout venant. Trois nouvelles rubriques ("symposium", "débat", "review") ont été créées depuis 1996 pour alimenter la discussion au sein du milieu.

Le concours financier du CNRS est fait aussi sous la forme de la mise à disposition d'un secrétariat, la fabrication et la diffusion étant faite par un éditeur privé.

Aux Actes de la recherche en sciences sociales (revue représentée par Gérard Mauger), le fonctionnement est beaucoup plus souple que dans les revues précédentes : l'existence formelle d'un comité de rédaction est récente mais ce comité est très divers selon les critères d'âge, de sexe, de statut, d'origines géographiques (avec la présence de chercheurs étrangers) ; il se recrute par cooptation. Du fait d'un degré élevé d'autocensure, peu de manuscrits sont refusés. Cependant, comme la revue fonctionne sous forme de numéros thématiques, un article peut rester trop longtemps en attente (il peut même à terme ne pas être publié comme l'a souligné un intervenant faisant référence à sa propre expérience). Comme chaque numéro est à la charge d'un groupe restreint, c'est à ce niveau que se fait la réécriture éventuelle. Revue issue d'un courant de pensée, les Actes n'ont pas les mêmes préoccupations que les revues généralistes et le travail de sélection peut s'y faire de manière plus informelle. L'objectif assigné à chaque groupe de travail (sinon toujours atteint) est de présenter dans chaque numéro un état aussi complet que possible des recherches "pionnières" dans le domaine étudié.

La revue a environ 3000 abonnés et à une vente au numéro très variable selon les sujets abordés (jusqu'à 8000 exemplaires dans certains cas).

Du point de vue du CNRS, Bruno Péquignot souligne les points suivants :

- en plus de subventions sous la forme de salaires d'ITA pour assurer des secrétariats, les revues sont souvent faites par des laboratoires et sont donc indirectement subventionnées. C'est finalement un effort considérable qui est fait, comme d'ailleurs dans la plupart des pays.

- le Comité national du CNRS évalue les revues publiées avec son aide : les critères retenus sont entres autres le nombre de numéro vendus (qui reste autodéclaratif) et le nombre d'abonnés (y compris les abonnements croisés avec d'autres revues, forme de "troc" tout à fait légitime).

Diversité des revues

Toujours selon B.Péquignot, s'il existe dans les sciences exactes des classifications des revues élaborées à partir d'index de citations (et une non prise en compte des livres dans les carrières des chercheurs), il n'y a aucune raison dans notre discipline d'adopter un système semblable. La hiérarchie des revues n'est pas figée et les ouvrages sont pris en considération.

Alain Chenu note qu’à côté des grandes revues généralistes telles que la RFS, Actes et Sociologie du travail existent d’autres types de supports. Il y a les revues régionales, souvent basées dans un département sociologique universitaire de province - exemple, la Revue des sciences sociales de la France de l’Est. Il y a les revues spécialisées, souvent liées à un réseau de laboratoires de recherche - exemple Sciences sociales et santé. Il y a les revues soutenues par une administration (ou, plus rarement, une grande entreprise) : Travail et emploi (ministère du Travail), Formation-Emploi (Cereq), Economie et statistique (Insee), Annales de la recherche urbaine (ministère de l’Equipement), etc. ; certaines de ces revues ont un comité de rédaction, d’autres non, toutes panachent critères scientifiques et logiques politico-administratives. Il y a enfin certains domaines de spécialisation qui engagent préférentiellement des publications en langue anglaise : la sociologie de la mobilité sociale s’exprime massivement dans l’European Sociological Review, plus rarement dans les revues françaises. Plus la méthodologie statistique est présente, plus on s’exprime en anglais.

Les différents types de revues ne jouent pas le même rôle dans les carrières des enseignants-chercheurs et des chercheurs. Les revues régionales accueillent souvent les travaux des débutants ; certaines jeunes revues généralistes telles que Sociétés contemporaines ou Genèses accueillent aussi une proportion assez forte de travaux de jeunes. Les chances de promotion sont corrélées au nombre d’articles et d’ouvrages, mais elles sont davantage renforcées par une publication dans certains supports : ainsi publier dans la RFS va de pair avec de bonnes perspectives de carrière, alors que pour Actes le lien est plus faible. En gros un chercheur du CNRS publie en moyenne deux fois plus d’articles qu’un enseignant-chercheur. Les enseignants sont presque deux fois plus nombreux que les chercheurs. Dans une revue comme la RFS, en longue période, un peu plus du cinquième des articles émanent d’enseignants-chercheurs titulaires de sociologie, un peu moins du cinquième de chercheurs titulaires sociologues. Dans Sociologie du travail, la part des chercheurs est supérieure à 20 % alors que celle des universitaires est de l’ordre de 10 %. Actes publie un peu plus de chercheurs que d’universitaires (environ 12 % et 10 % respectivement) mais cette revue est plus tournée vers des auteurs étrangers.

Alain Chenu estime qu’au total le champ des publications est complexe et diversifié, à l’image de la discipline sociologique elle-même, et qu’il n’y a pas de système de cotation des revues qui fasse l’objet d’un consensus.

Plusieurs autres intervenants appartenant à des revues présentent leurs spécificités : Genèses (Yvon Lamy) revue où l'interdisciplinarité en sciences humaines sert de référence et qui publie beaucoup de jeunes auteurs ; les Cahiers internationaux de sociologie (Gabriel Gosselin) qui, créés par Gurvitch et repris ensuite par Balandier tentent, à travers deux numéros thématiques par an, de poursuivre la visée initiale.

Des publications en général

Dominique Desjeux propose une analyse générale de l'édition qui, à ses yeux, doit être une analyse sociologique. L'édition lui parait un analyseur important du fonctionnement de la profession de sociologue qui est en train aujourd'hui d'évoluer de deux façons.

Le premier changement est à l'intérieur de l'université car le pouvoir de collation des grades et de diriger des recherches s'est ouvert. Les conditions sociales de la production des sociologue ont complètement changé. Les professeur de rang A étaient autour de 4 en 1960. La thèse d'Etat était de fait le monopole de la Sorbonne. Les mêmes enseignants, à la Sorbonne, contrôlaient à la fois la formation des universitaires, la collation des grades, les 2 ou 3 revues, une ou deux collections aux PUF, et donc les carrières. Aujourd'hui la thèse d'Etat n'existe plus, les professeurs de rang sont plus de 160. Le nombre de collections universitaires a été multiplié par 10 ou plus, aux PUF, à l'Harmattan, chez A. Colin, Nathan, Métailié, Minuit, Seuil, Kartala, etc. Le nombre de revues encore plus avec 5 ou 6 revues de "rang A" (même si tout le monde n'est pas d'accord sur la qualité des unes et des autres): la Revue française de sociologie, Sociologie du Travail, Actes de la recherche, les Cahiers Internationaux, Société, auxquelles il faut ajouter de nombreuses revues comme UTINAM, Société Contemporaine, Espaces et société, et des dizaines d'autres, plus spécialisées ou plus locales. L'ancienneté et l'effet générationnel, notamment celui des baby-boomers, joue un rôle non négligeable dans le poids actuel des revues.

Ce qui est aussi nouveau c'est l'importance accordée aux comités de lecture, notamment aux CNU ou aux commissions du CNRS. Cette importance peut être autant le signe légitime d'une institutionnalisation de la profession, qu'un signe de sa spécialisation ou qu'un signe de fermeture !

Un autre signe de l'évolution de la profession, et de sa spécialisation, est la vente moyenne d'un livre de sociologie qui tourne autour de 500 exemplaires. Quelques uns font entre 1000 et 3000 et quelques très rares exceptions, quelques unités par an, dépassent les 5000 exemplaires vendus la première année. Le nombre total de livres vendus est stable ou en progression. Plus qu'une crise des ventes, il y un éclatement des champs d'intérêt, une multiplication des enquêtes de terrain et donc une dispersion plus forte des achats.

Les revues sont à peu près sur ces mêmes bases en terme de marché, si on tient compte des chiffres de vente, par abonnement ou en kiosque, et non des chiffres de tirage (le tirage a peu de signification en édition, puisqu'il n'indique pas les invendus). Leur nombre est le signe d'une grande vitalité que l'éclatement des centres de pouvoir de contrôle de la profession semble avoir rendu possible.

Sommairement on peut distinguer un marché de la recherche, celui des revues liées à des équipes de recherche, à des thèmes ou à des universités sur un plan local et qui sont vendus entre 200 et 500 exemplaires. Il y a un marché plus institutionnel, entre 800/1000 et 2 à 2500, ce sont les revues les plus anciennes. Au-delà il existe un marché grand public, qui sort du milieu académique, mais qui lui est lié par le fait même que les rédacteurs sont des enseignants et des chercheurs, avec la revue Sciences Humaines. Chacun de ses numéros mensuels se vend autour de 40.000 exemplaires avec des pointes à 70.000, sur les hors séries, comme celui sur l'éducation. Il y a un "trou" au milieu, celui d'un marché plus fédérateur, comme celui de la revue américaine "Contemporary Sociology. A Journal of review" qui ne fait que des recension, tous les deux mois, toute école ou champs confondus. Il serait très intéressant de créer un tel revue hors du contrôle d'un réseau ou d'un école et qui soit capable d'appliquer un "pluralisme hard". Le coût de fonctionnement devrait tourner autour de 250.000F.

Le deuxième changement est hors de l'université. Il semble que plus de 50% des doctorants sont ou seront amenés à travailler hors de l'université, ce qui est un bien pour l'ensemble de la profession puisque cela lui ouvre les portes d'un autre monde que le seul monde académique, ce qui est une source d'enrichissement pour la recherche. Il ne faut donc pas limiter les doctorants aux nombres de postes à l'université ou au CNRS. Il suffit de mieux les armer pour fonctionner hors de l'université. Cette nouvelle donne change complètement la question du développement stratégique des revues. Les revues doivent prendre en charge l'ensemble des carrières de la profession et pas seulement les carrières académiques. Tout sociologue doit avoir une formation professionnelle par la recherche. Les revues locales ont donc pour fonction à la fois d'animer des équipes de recherche et de permettre une meilleure visibilité des jeunes chercheurs dans et hors de l'université. Parallèlement, les revues institutionnelles risquent de se trouver bloquer par leur manque de vitesse à publier. L'important est donc de ne pas limiter la question des revues à celle des carrières universitaires, ni au modèle des revues institutionnelles. C'est une des condition de l'expansion et de la vie de notre profession.

Conclusions

En conclusion, Philippe Cibois, président de l'ASES, pense pouvoir rendre compte d'un certain consensus qui se fait sur les points suivants :

- s'il est évident que la carrière d'un enseignant-chercheur passe par la reconnaissance scientifique d'une publication scientifique, l'éventail des possibilités de publication est assez large : revues régionales (au sens employé plus haut) qui permettent une entrée progressive et en général pas trop difficile dans l'univers des publications, puis passage dans des revues généralistes.

- étant donnée l'apparition de nouvelles revues, la crainte d'une impossibilité de publier du fait d'un trop grand nombre de producteurs ne semble pas réaliste.

- la diversité des revues, généralistes non thématiques ou thématiques, liées ou non à des écoles de pensées, spécialisées dans un domaine, issues d'une région géographique ou d'une équipe de recherche ; cette diversité est indispensable pour permettre à tous la production scientifique et la reconnaissance qui lui est associée. La hiérarchie qui en découle n'est pas fixée mais en perpétuelle évolution.

- les articles ne sont pas en sociologie le seul vecteur de publication et de reconnaissance scientifique : les livres constituent toujours une étape d'une carrière scientifique.

Compte-rendu de Ph.Cibois

***

 

Les Cahiers internationaux de sociologie

Gabriel Gosselin, Lille 1
membre du comité de rédaction

Les Cahiers internationaux de sociologie, créés par Gurvitch et repris par Balandier, publient deux numéros par an. Le titre est la propriété de G.Balandier. Le financement essentiel vient des PUF, avec une subvention CNRS. C'est la plus vieille des revues sociologiques : créée en 1947, le numéro du cinquantenaire, en 97, a repris une sélection des plus importants articles publiés. Pour des raisons commerciales, il y a beaucoup de numéros spéciaux. Les uns cependant sont de vrais numéros thématiques, sur commande, avec un directeur spécifique ; les autres s'efforcent de regrouper des articles présentés par des auteurs divers sous une même rubrique - qui n'épuise pas alors la totalité de l'espace du numéro.

La vente réelle, par abonnement et au numéro, en France et à l'étranger, est régulièrement supérieure à 2000. Marquée par ses origines, la revue a depuis peu constitué un vrai comité de rédaction : les articles ont chacun deux lecteurs au moins. Les membres du comité sont cooptés par les directeurs après discussion et suggestions du comité. "L'infrastructure" de la rédaction, comme ailleurs est lourde, assurée par le CNRS d'abord, par l'EHESS maintenant. Des traductions sont parfois financées par les PUF, ou l'association des amis des Cahiers. L'orientation générale est connue, liée à celle des directeurs successifs et des membres du comité. Là comme ailleurs la difficulté est d'articuler la demande des auteurs et les initiatives de la rédaction. La liste d'attente est souvent longue, en raison de la parution bisannuelle.

GENESES
Sciences sociales et histoire

Yvon Lamy
Université Victor Segalen Bordeaux 2

200 abonnés (privés et institutions). Ed. Belin. Existe depuis Septembre 1990.

Revue trimestrielle, Genèses fait partie de ces nouvelles revues "expérimentales" en sciences sociales, créées depuis le milieu des années 1970 en Europe et aux Etats-Unis. La revue s'est construite d'une part sur un manifeste, unissant dans le comité de rédaction les représentants de l'ensemble des sciences sociales et historiques - sociologues, historiens, politistes, juristes, ethnologues, économistes...-, et d'autre part sur une question : comment comprendre le présent sans retrouver l'histoire qui l'a fait naître ? Aussi son objectif est-il de restituer les processus qui ont façonné nos sociétés, d'interroger les représentations qu'elles ont construites d'elles-mêmes.

Tous les numéros sont "à thème". La revue propose, en effet, dans chaque livraison :

Un dossier qui est le cœur du numéro et qui débat d'une grande question, analysée sous des angles différents par des travaux récents, français et étrangers. Par exemple le dossier du n°5 "Femmes, genre, histoire" porte, à travers des études de cas, sur la bourgeoisie allemande, l'éducation féminine en Grèce, les syndicats du tissage mécanique dans le Lancashire, la protection maternelle et infantile. Il cherche à montrer comment l'introduction de la notion de genre dans l'analyse sociale oblige à repenser les notions de base des sciences humaines, notamment la notion de classe sociale...

Des contributions hors dossier qui sont les résultats de recherches inédites s'appuyant sur des sources neuves. Par exemple, le poujadisme comme mythologie politique (refus du politique par absence de revendication) ou la réflexion sur l'ingénierie sociale anglaise au début du siècle (usage des statistiques et "lutte" des réformateurs contre la pauvreté à Londres et la politique de logement).

Des rubriques régulières,

* Savoir faire

Où il s'agit de montrer les secrets de fabrication des produits de la recherche, révéler les procédés des métiers et le non-dit des savoirs, pénétrer dans les coulisses du monde savant. Par exemple l'analyse de la posture peu familière de deux sociologues du CNRS enquêtant dans les salons de l'aristocratie fortunée de l'avenue Montaigne... Ou la réflexion sur la manière de formuler les questions d'une enquête...

* Fenêtre

Rubrique qui constitue un espace d'ouverture et d'échanges sur les pratiques des diverses sciences de l'histoire et de la société, sur les mutations et l'émergence de nouveaux objets, en France comme ailleurs. On y présente aussi les milieux, les institutions, et les programmes de la recherche d'aujourd'hui.

* Documents

Rubrique qui regroupe archives, correspondances, témoignages dans le but de mettre le lecteur au contact de sources inédites. Par exemple, l'établissement d'une documentation sur l'élection de Marcel Mauss au Collège de France. On livre ici également des traductions de grands textes inaccessibles en français, comme la traduction de l'article de Gouldner sur la norme de réciprocité.

* Point critique

A partir d'un choix de publications récentes, une analyse critique de fond permet de faire le point sur un thème donné, en confrontant des démarches et des analyses divergentes : le marché comme construction sociale, les regards croisés sur la classe ouvrière aujourd'hui, les turbulences de l'idée contemporaine de nation, les enjeux sociaux et politiques des débats sur la citoyenneté, les recherches sur l'art contemporain ou l'alphabétisation...

* Bibliothèque

Instrument de travail, cette rubrique, ouverte sur la recherche internationale, signale brièvement des ouvrages et des articles récents, qu'ils soient situés aux frontières de plusieurs disciplines ou représentatifs d'un courant de recherche peu connu en France.

L'ambition de renouer avec l'interdisciplinarité des regards, des approches, des outils, qui était si forte dans l'entre-deux-guerres et encore au début des années 1950, s'accompagne de la volonté systématique de faire de la revue un lieu de rencontre entre chercheurs expérimentés et débutants. De même, le choix de faire jouer différents plans de la recherche permet de défricher des terrains neufs, par exemple autour de l'échec historique de certaines sciences sociales et de leurs catégorisations (sous le nazisme), des politiques de réforme municipale, de la question des réfugiés, de celle de l'engagement politique...

INFORMATIONS SUR LE CNU,
19e SECTION
Sociologie, démographie

Alain Chenu

Président de la 19e section du CNU
(Sociologie, démographie)

I

Sociologie-démographie :
les nominations d'enseignants-chercheurs en 1998

1. Maîtres de conférences

46 postes ont été pourvus par recrutement. 25 des candidats retenus avaient été qualifiés en 19e section en 1998, 14 en 1997, 4 en 1996 et 2 en 1995 (pour une personne, la date de qualification, obtenue ailleurs qu’en 19e, n’est pas connue). En 1997, 17 des 42 nouvelles recrues avaient été déjà été qualifiées par la 19e section avant 1997.

Pour la première fois probablement dans l’histoire de la discipline, la moitié des nouveaux maîtres de conférences sont des femmes (1997 : 19 sur 42 ; 1996 : 11 sur 36).

L’âge n’est pas connu pour tous les nouveaux m.c. ; pour les qualifiés de 1998, la moyenne est de 34,3 ans (en 1997, pour l’ensemble des nouveaux elle était de 36,1 ans).

Les principaux établissements producteurs de thèses aboutissant à une embauche comme maître de conférences en 19e section sont l’EHESS (5), Aix-Marseille I (4), Nantes (3) et Strasbourg II (3). Comme à l’ordinaire, Paris exporte des thésards vers la province, le marché parisien étant, lui, pratiquement fermé aux provinciaux. Brest compte quatre embauches, Lyon II trois.

 

Maîtres de conférences recrutés en 1998 en sociologie et démographie selon le lieu de soutenance et le lieu d’embauche

Lieu d’embauche comme m.c.

Région parisienne

Province

Total

Lieu de

Région paris.

9

11

20

soutenance

Province

1

25

26

Total

10

36

46

Onze recrutements interviennent dans l’établissement même où s’est faite la soutenance (en 1997 : 8 sur 41). Une quinzaine d’autres s’effectuent à courte distance ou dans un environnement régional assez proche, les universités les plus anciennes fournissant des thésards aux jeunes établissements du voisinage. Il serait souhaitable de prendre en compte, comme le fait Alain Quemin dans un article de ce même numéro de la Lettre de l’ASES, d’autres observations sur les liens éventuels des candidats avec leur établissement d’embauche - notamment, ont-ils déjà enseigné dans cet établissement ? - mais réunir de telles informations nécessite un effort de collecte spécifique qui est hors de mes moyens.

 

Maîtres de conférences recrutés en 1998 en sociologie et démographie

Nom

Prénom

Etablissement

Année

qualif.

CNU

Année sout.

thèse

Directeur

de

thèse

Etablissement

de

soutenance

ALPE

Yves

IUFM Aix-Mars.

97

95

R. Establet

Aix-Mars. I

BARGES

Anne

Tours

98

97

J. Benoist

Aix-Mars. III

BERA

Mathieu

Bordeaux IV

98

98

M. D'Ans

Paris VII

BOULAYOUNE

Ali

Nancy II

97

96

J.-P. Terrail

Nancy II

BRONNER

Gérald

Nancy II

96

95

A. Pessin

Grenoble II

BUCAILLE

Laetitia

Bordeaux II

98

97

G. Kepel

Paris IEP

CAREIL

Yves

IUFM Brest

97

91

M. Postic

Nantes

CHAUVEL

Louis

IEP Paris

98

97

M. Forsé

Lille I

COLIN

Patrick

Strasbourg II

98

98

P. Watier

Strasbourg II

COLLET-SALL

Beate

Lyon II

98

96

D. Schnapper

EHESS

DEZALAY

Thierry

Le Havre

97

97

J.-P. Durand

Rouen

DUC

Marcelle

Toulouse II

97

96

F. de Chassey

Aix-Mars. I

EYRAUD

Corinne

Aix-Marseille I

98

97

Trinh Van Thao

Aix-Mars. I

GARCIA

Marie-Carmen

Lyon II

97

94

G. Vincent

Lyon II

GAUDARD

Pierre-Yves

Paris V

97

95

N. Eizner

Paris X

GERARD

Bénédicte

Strasbourg II

98

98

A.-M. Sahli

Strasbourg II

GOLDBERG

Annette

Paris VII

96

?

M. Perrot

Paris VII

GOUIRIR

Malika

IUT Paris V

98

97

P. Durning

Paris X

HAMMOUCHE

Abdelhafid

Lyon II

97

92

Ph. Fritsch

Lyon II

HAXAIRE

Claudie

Bretagne occidentale

97

Qualifiée en 20e

(ethnologie)

JORON

Philippe

Montpellier III

95

93

M. Maffesoli

Paris V

JORY

Hervé

Metz

97

?

?

LABIT

Anne

IUT Chateauroux

98

98

J.-P. Durand

Rouen

LE GUENNEC

Nicole

Paris XIII

98

97

R. Castel

Paris VIII

LE GUYADER

Alain

Evry

98

97

E. Enriquez

Paris VII

LE SAOUT

Rémy

IUT Bourges

98

96

C. Suaud

Nantes

LEBKIRI

Zehira

Amiens

95

82

S. Ostrowetsky

Aix-Mars. I

LECLERCQ

Emmanuelle

IUT Reims

98

97

C. de Montlibert

Strasbourg II

LEPOUTRE

David

Amiens

97

96

M. Augé

EHESS

MACE

Eric

Paris III

97

94

A. Touraine

EHESS

MARCEL

Jean-Christophe

Paris IV

98

97

F. Gresle

Paris I

MAUNAYE

Emmanuelle

IUT Tours

98

97

F. de Singly

Paris V

PAPINOT

Christian

Bretagne occidentale

96

94

A. Guillou

Nantes

PELAGE

Agnès

Chambéry

98

96

C. Dubar

Versailles SQY

PENNEC

Simone

Bretagne occ. (art. 61)

98

97

A. Guillou

Bretagne occ.

PILLON

Thierry

Evry

97

97

J. Palmade

Paris IX

PRYEN

Stéphanie

Lille III

98

97

G. Gosselin

Lille I

RANDAXHE

Fabienne

Saint-Etienne

98

97

J. Baubérot

EHESS

ROGGERO

Pascal

Toulouse I

98

97

J.-C. Lugan

Toulouse I

ROSENTAL

Claude (H)

Rouen

97

96

B. Latour

Paris Mines

SAGLIO

Marie-Caroline

Inalco Paris

98

96

F. Zimmermann

EHESS

SAINT-MARTIN

Corinne

Toulouse II

97

94

A. Bourdin

Toulouse II

SERVEL

Laurence

Rennes II

98

98

R. Sainsaulieu

Paris IEP

SPADONE

Pierre-Louis

Besançon

96

96

S. Ostrowetsky

Amiens

UBBIALI

Georges

Dijon

98

97

M. Offerlé

Paris I

VILLECHAISE

Agnès

Bordeaux II

98

97

F. Dubet

Bordeaux II

Quatre postes de m.c. ont été pourvus par mutation et deux par détachement. Certaines mutations prennent la forme d’une contre-mobilité ramenant au pays des collègues partis chercher un premier poste en une terre plus ou moins lointaine.

 

Maîtres de conférences mutés et détachés en 1998 en sociologie et démographie

Nom

Prénom

Etablissement

Situation antérieure

Mutation

CRESSON

Geneviève

Lille III

IUT Lille

ERLICH

Valérie

Nice

Toulouse

OBERTI

Marco

IEP Paris

Rennes

RITZ

Josiane

Mulhouse

Strasbourg II

Détachement

AUTISSIER

Anne-Marie

Paris VIII

Prag Paris VIII

MARTUCELLI

Danilo

Lille III

?

Sauf erreur, cinq postes n’ont pas été pourvus, à la Guadeloupe (pas de profil), à Valenciennes (sociologie du travail-sociologie de l’économie), à Lyon II (sociologie mathématique), à Perpignan (sociologie du développement local), et à Toulouse II (sociologie de l’éducation).

Des emplois ont donné lieu à une publication complémentaire au JO du 15 octobre 1998, ils se situent à Besançon (" Formation continue : développement du pôle " arts "), ENS de Cachan (" Sociologie "), Lille I (" Formation continue sociologie politique "), et, au titre de l’article 61 (voie réservée aux assistants et chargés de cours), Paris VIII. Les résultats de ces concours ne sont pas encore connus. On peut noter que cette liste ne recouvre ni celle des postes restés vacants, ni celle des postes devenus vacants, suite à une mutation, en 19e section. Ce 2e tour a donc été l’occasion d’une redistribution entre disciplines, et le nombre des publications est inférieur à celui des vacances.

 

2. Professeurs

Quatre postes ont été pourvus par mutation, seize par recrutement (dont deux au titre de la " voie longue ").

L’âge moyen des nouveaux professeurs est de 46,8 ans (deux valeurs sont inconnues ; l’âge était de 46,4 ans en 1997 et 47,3 en 1996). Cinq des seize nouveaux professeurs sont des femmes (5 sur 14 en 1997, 2 sur 9 en 1996).

La moitié des promotions au professorat se font sans changement d’établissement.

Sauf erreur, deux postes sont restés non pourvus, à Aix-Marseille I (sociologie de l’environnement) et à Strasbourg II (socio-démographie de la famille). Au JO du 15 octobre un poste est mis au concours à Reims (" Sociologie fiscale et financière ") ; comme pour les maîtres de conférences cette publication d’automne ne coïncide pas avec un emploi vacant préalablement publié en 19e, et c’est seulement au mouvement de 1999 que les emplois vacants donneront lieu à d’éventuelles republications.

 

Mutations et recrutements de professeurs
, sociologie et démographie, 1998

Nom

Prénom

Etablissement

Situation antérieure

Mutations

CHAPOULIE

Jean-Michel

Paris I

Pr. ENS Fontenay

CIBOIS

Philippe

Versailles-SQY

Pr. Amiens

DEMAILLY

Lise

Lille I

Pr. Lille IUFM

GLASMAN

Dominique (H)

Chambéry

Pr. sc. éduc. St Etienne

Recrutements

DARDY

Claudine

Paris XII

M.C. Paris XII

Article 46-3

GANI

Léon

Paris V

M.C. Paris V

Recrutements

ADDI

Lahouari

IEP Lyon

?

BLOSS

Thierry

Aix-Marseille I

M.C. Aix-Marseille I

CONEIN

Bernard

Lille III

M.C. Paris VIII

COTTET

Serge

Paris VIII

M.C. philo. Paris VIII

DENEFLE

Sylvette

Tours

M.C. Nantes

FELOUZIS

Georges

Bordeaux II

M.C. Bordeaux

FILATRE

Daniel

Toulouse II

M.C. Toulouse II

GREEN

Anne-Marie

Besançon

M.C. Paris X

JACQUES

Dominique (F)

Besançon

M.C. Besançon

MARESCA

Sylvain

Nantes

C.R. INRA

MERLE

Pierre

IUFM Rennes

M.C. IUFM Rennes

TEISSERENC

Pierre

Paris XIII

M.C. Paris XIII

TEIXEIRA PERALVA

Angelina

Toulouse

?

VINCK

Dominique (H)

Grenoble II

M.C. Grenoble II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

***

II

Mentions des thèses, qualification aux fonctions de maître de conférences, recrutements

En 1998 la 19e section du CNU a examiné 343 demandes de qualification aux fonctions de maître de conférences. En tant que président j’ai tenté de relever quelques caractéristiques de base des candidats, parmi lesquelles le type de thèse, l’année de soutenance, la composition du jury et la mention. Je disposais du curriculum vitae qui m’avait été adressé par chaque candidat - parfois ce document était, volontairement ou involontairement, très lacunaire. Par la suite j’ai complété mon tableau en séance à partir des interventions des rapporteurs, mais là mon attention était souvent retenue par d’autres questions. Au bout du compte la mention manque environ une fois sur six.

55 demandes émanaient de candidats titulaires d’une thèse de troisième cycle, d’un PhD, d’un doctorat d’Etat, d’une thèse " nouveau régime " soutenue avant 1993, c’est-à-dire avant que la grille de mentions Honorable / Très honorable / Très honorable avec félicitations ne soit mise en place. 22 (40 %) de ces demandes ont abouti à la qualification, et zéro - c’est assez peu ! - sur ces 22 à un recrutement en 19e section en 1998. 288 demandes émanaient de docteurs " nouveau régime " ayant soutenu leur thèse depuis 1993. 163 (56,6 %) de ces candidats ont été qualifiés, 25 recrutés l’année même en 19e section.

La mention est connue dans 233 cas parmi ces 288. Il y a environ 1 % de mentions Honorable et 30 % de Très honorable. Les recommandations tendant à limiter à 10 % la part des meilleures mentions n’ont donc guère été suivies d’effet - même si tous les thésards ne demandent pas leur qualification et si les détenteurs d’une mention " Honorable ", en particulier, peuvent éviter de risquer un échec.

Les rares mentions Honorable font sans exception obstacle à la qualification, les mentions Très honorable donnent lieu à qualification environ quatre fois sur dix, les Très honorable avec félicitations environ sept fois sur dix. Les taux de qualification et de recrutement des " mention inconnue " sont un peu inférieurs à la moyenne.

 

Mentions aux thèses et devenir des docteurs

 

Candidats

Qualifiés

(effectifs)

Recrutés (effectifs)

Qualifiés (%)

Recrutés (%)

Thèses " nouveau régime " 1993-1998

288

163

25

57

9

dont mention : Honorable

3

0

0

0

0

Très Honorable

70

27

5

39

7

Très Honorable avec félicitations

162

111

17

69

10

Mention inconnue

53

25

3

47

6

Autres thèses (3e cycle, PhD, thèse d’Etat,

thèse n.r. 1984-1992...)

55

22

0

40

0

ENSEMBLE

343

185

25

54

7

Que 31 % des titulaires de la meilleure mention ne soient pas qualifiés ne signifie pas que le CNU considère que ces mentions étaient toutes imméritées. Pour ces candidats, le motif de refus le plus fréquent est leur position marginale par rapport à la discipline. Environ 35 % des candidats ont un directeur de thèse qui n’est ni sociologue ni démographe. Le taux de qualification est pour eux de 31 % (toutes mentions confondues), alors qu’il atteint 68 % pour les autres. Parmi les thésards d’après 1992 avec mention THF et directeur sociologue ou démographe, le taux de qualification est de 84 % (et 52 % pour la mention TH).

Les parcours féminins sont dans l’ensemble plus favorables que ceux des hommes : sur 148 candidates, 89 sont qualifiées (60 %) et 17 recrutées la même année (11 %), sur 195 candidats 96 sont qualifiés (49 %) et 8 recrutés (4 %). Cet écart est en partie lié aux différences d’âge, les candidates étant plus jeunes que les candidats et les chances des plus jeunes étant meilleures que celles des plus âgés. L’écart au profit des femmes, et surtout des jeunes femmes, est très fort au stade du recrutement. Les effectifs concernés étant très faibles, on doit éviter de procéder à des généralisations hâtives.

Alain Chenu

III

L’habilitation à diriger des recherches :
quelques recommandations de la 19e section du CNU

Septembre 1998

Les membres de la section de sociologie et démographie du CNU ont eu l’occasion de constater que certains candidats à la qualification aux fonctions de professeur auraient pu faire l’économie d’une candidature infructueuse s’ils avaient été plus précisément informés de ce qu’on peut normalement attendre du détenteur d’une HDR. Ils suggèrent donc aux intéressés - candidats, membres de jurys - d’être attentifs aux remarques et recommandations suivantes.

Aux termes de l’article 1er de l’arrêté du 23 nov. 1988, l’habilitation à diriger des recherches sanctionne la reconnaissance :

1 - du haut niveau scientifique du candidat

2 - du caractère original de sa démarche dans un domaine de la science

3 - de son aptitude à maîtriser une stratégie de recherche dans un domaine scientifique ou technologique suffisamment large

4 - de sa capacité à encadrer de jeunes chercheurs.

Le dossier proposé à l’habilitation doit apporter la preuve que ces conditions sont remplies. En sociologie et démographie, elles ne peuvent l’être sans que le candidat ait contribué à la vie de la communauté scientifique en publiant dans des supports nationaux ou internationaux à comité de lecture. La forme du dossier est fonction de la nature de ces publications.

Si au moins un ouvrage scientifique, nouveau par rapport à la thèse, figure au dossier, le mémoire peut être limité à quelques dizaines de pages caractérisant les " titres, travaux et expériences du candidat ", et faisant notamment apparaître que celui-ci est à même de " concevoir, diriger et animer des activités de recherche et de valorisation ".

Dans les autres cas, le texte du mémoire doit être de l’ampleur d’un ouvrage. Il peut ne pas être entièrement inédit : les deux formules de la cannibalisation explicite de textes parus et du renvoi à un recueil d’articles en annexe sont également acceptables. Il doit faire apparaître la cohérence d’un parcours scientifique et intellectuel, au-delà d’éventuels changements de terrain, d’approches, de méthodes. Il doit associer culture sociologique ou démographique générale et connaissance d’un champ spécifique. Il ne saurait se limiter à une simple présentation de travaux ou à une pure biographie intellectuelle.

Certaines revues ou collections peuvent apparaître comme des points de passage obligés pour l’accès à une reconnaissance scientifique dans tel ou tel domaine de spécialisation. Mais figer une liste de supports labellisés serait faire obstacle à un jeu de constante réévaluation et à un travail aux frontières qui contribuent à la vitalité de la sociologie et de la démographie. Le niveau des publications et leur pertinence par rapport au champ disciplinaire sont donc appréciés au cas par cas par la 19e section du CNU. Il est clair toutefois qu’un ensemble de textes ne relevant pas de la recherche (manuels, études au caractère original peu affirmé...) ne saurait suffire à constituer un dossier d’habilitation.

 

 

 

 

 

 

***

 

 

 

TRIBUNE LIBRE

Qu’est-ce qu’un candidat " local " ?

Quelques données sur les recrutements de sociologues à l’université

Alain Quemin
Université de Metz

Depuis plusieurs années, l’existence de candidats locaux alimente fréquemment le débat qui entoure les procédures de recrutements d’enseignants-chercheurs à l’université. Ces candidats sont ainsi soupçonnés de bénéficier d’un traitement privilégié en étant largement favorisés par les commissions de recrutement. Actuellement, le Ministère de l'Education ne fait pas mystère de ses projets visant à imposer la mobilité, que ce soit lors de l’entrée dans la carrière à l’occasion des recrutements comme maîtres de conférences ou lors de l’accès ultérieur au professorat.

Pourtant, quand bien même s’affrontent des points de vue opposés, l’expression de " candidat local " semble s’imposer par son évidence et fait rarement l’objet de débats. Ainsi, dans une récente livraison de La lettre de l’ASES , Alain Chenu, coiffé de sa casquette de président du CNU, avait bien voulu dévoiler et commenter quelques données concernant les candidats recrutés lors de la campagne 1997. Cette année-là, " 42 postes (de maîtres de conférences) ont été pourvus par recrutement (...) On décompte huit recrutements locaux (c’est-à-dire avec embauche dans l’établissement où a été soutenue la thèse) " (p. 14). Par ailleurs, une analyse géographique du localisme était établie sur ces mêmes bases : " Une tendance au recrutement régional s’observe autour de Lyon (les thésards lyonnais trouvent des postes à Lyon ou à Saint-Etienne ; l’an dernier, c’est autour de Nantes que s’observait un phénomène similaire) et surtout (...) à Paris " (pp. 14-15). Le président du CNU  accompagnait son analyse d’une liste faisant figurer en regard du nom des candidats recrutés l’établissement de nomination, celui où la thèse avait été soutenue ainsi que le nom du directeur de thèse. Nulle erreur de comptage ne pouvait être relevée, " seuls " 8 candidats sur 42 étaient bien des locaux... du moins au sens où ils avaient été recrutés dans l’établissement qui avait délivré leur thèse.

Cette définition des candidats locaux, pour convaincante qu’elle soit, rend-elle parfaitement compte de l’ampleur du phénomène ? Ne pourrait-on pas mettre en évidence une tendance différente en adoptant simplement d'autres critères de définition du localisme ?

Pour notre part, nous nous sommes proposé d’étudier ce que deviendraient les résultats précédents si l'on décidait de définir comme local tout candidat ayant déjà enseigné dans l’établissement où il est ensuite recruté sur un poste statutaire .

Grâce à la liste des candidats recrutés figurant dans l’article d’Alain Chenu, nous avons adressé un courrier aux 42 heureux maîtres de conférences entrés dans la profession en 1997. De début mars à la mi-mai 1998, nous avons procédé à un premier envoi puis à des relances systématiques en direction de ceux qui n’avaient pas encore répondu.

Les informations demandées aux répondants étaient les suivantes :

" Nom, prénom

Etablissement de recrutement comme maître de conférences

Etablissement de soutenance de thèse "

Puis quelques questions fermées leur étaient posées :

" Aviez-vous déjà enseigné dans l’établissement où vous avez été recruté comme maître de conférences ?

Si oui, avec quel(s) statut(s) ? (ATER, moniteur, chargé de TD / vacataire, PRAG, maître de conférences associé, autre statut).

L’année de votre recrutement, y avait-il des candidats (autres que vous si vous étiez " local(e) ") qui avaient soutenu leur thèse dans l’établissement qui vous a recruté(e) ? "

Notons qu’une grande part de nos nouveaux collègues ont répondu à ce courrier avec beaucoup de rapidité, certains n’hésitant pas à annoter de plus amples précisions le questionnaire qui leur était adressé, voire à joindre une lettre d’encouragement ou de commentaires détaillés. D’autres cas ont nécessité une voire deux relances. Entre mars et ... juillet 1998, nous avons ainsi obtenu 35 réponses. Par ailleurs, nous avons pu recueillir des informations sur les trajectoires professionnelles de 5 des personnes qui ne nous ont pas répondu. Au total, nous pouvons donc présenter des résultats sur 40 des 42 maîtres de conférences en sociologie recrutés en 1997 .

Premier résultat, le plus massif sans doute, sur les 40 maîtres de conférences recrutés en 1997 pour lesquels nous disposons de cette information, 26 avaient auparavant enseigné dans l’établissement qui les a recrutés (ou, pour le dire autrement, seuls 14 n’avaient jamais enseigné dans leur établissement de recrutement). En retenant notre définition des " locaux ", ce n’est donc pas un candidat sur cinq (cf. les statistiques présentées par Alain Chenu) qui est recruté localement, mais ce sont les deux tiers d’entre eux qui se trouvent dans ce cas de figure. Apparaissant auparavant très nettement minoritaire, le recrutement " local " devient très largement majoritaire.

Qu’en est-il désormais si l’on retient pour définir le localisme un critère apparemment nettement plus large qui engloberait au moins l’une des deux conditions suivantes : le fait d’avoir soutenu sa thèse dans un établissement, le fait d’y avoir enseigné. En fait, on obtient exactement les mêmes résultats que précédemment (26 personnes avaient déjà enseigné dans l’établissement qui les a recrutés ou y avaient soutenu leur thèse ; 14 étaient dans le cas contraire). On le voit, le principal facteur qui pèse favorablement sur les chances de recrutement ultérieur n’est sans doute pas tant le fait de soutenir sa thèse dans un établissement particulier, que celui d’avoir enseigné sur place, et donc d’avoir pu se faire en quelque sorte adopter par ses futurs collègues.

Pour reprendre l’une des plus belles formules du durkheimisme, il semble donc exister une force qui, dans le cadre de procédures de recrutement nationales, pousse les commissions de spécialistes à recruter les candidats qu’ils auront auparavant côtoyés localement. Cette force qui contraint ainsi les agissements étant mise en évidence grâce à l’outil statistique (même si, bien entendu, le quantitativiste regrettera toujours de ne pas disposer d’effectifs plus étendus...), il peut être intéressant de se poser la question suivante : la force précédente étant apparue, comment se fait-il que certains recrutements échappent à son emprise ? On peut tenter d’apporter des éléments de réponse en focalisant l’analyse sur les deux futurs " conjoints " que constituent d’une part le candidat et, d’autre part, le département de sociologie (ou la commission de spécialistes qui en constitue en grande partie l’émanation).

Les " quelques " candidats qui ont échappé à l’attraction du recrutement local présentent-ils tout d’abord des caractéristiques communes ? Bien entendu, étant donné la faiblesse de notre échantillon de candidats extérieurs, on ne pourra s’en tenir ici qu’à des indications.

Un premier groupe de " déracinés " est composé de docteurs diplômés de grands établissements d’enseignement supérieur qui, traditionnellement, ne recrutent pas ou très peu de jeunes docteurs. Dès lors, ces derniers n’ont d’autre choix que de se porter sur un marché du travail ouvert. Parmi les candidats recrutés comme maître de conférences sans jamais avoir enseigné auparavant dans l'établissement qui les accueille, on trouve ainsi quatre docteurs de l’EHESS Paris. On relève toutefois que cette année comme les précédentes, ceux qui s’exportent le plus facilement sont plutôt insérés dans des réseaux de sensibilité bourdieusienne et que les établissements universitaires qui les accueillent sont souvent identifiés comme présentant cette même sensibilité. Par ailleurs, notons que l’on aurait tort d’en déduire que les docteurs de l’EHESS se présentent tous sur le marché du travail sans bénéficier eux-mêmes de la prime qui est accordée aux candidats connus des départements et des commissions. En effet, une enquête récemment menée auprès de docteurs de l’EHESS en sociologie  faisait ressortir tout le poids d’une expérience d’enseignement pour être recruté dans l’établissement où l’on avait auparavant exercé dans le cadre d’un statut précaire. Sur les 10 maîtres de conférences en sociologie qui ont répondu à cette enquête EHESS, 8 ont obtenu un poste dans une université où ils avaient précédemment enseigné, généralement comme ATER (tel était le cas pour 6 d’entre eux).

Autre type d’établissement d’enseignement supérieur producteur de docteurs, les IEP – et celui de Paris en particulier – semblent permettre une insertion professionnelle à des candidats pourtant dépourvus d’insertion locale au sens précédemment défini. Un docteur diplômé note ainsi pour désigner l’établissement qui l’a recruté et pour marquer son étrangeté : " Je n’en connaissais même pas l’existence... ".

Enfin, certains candidats ont tenu à nous préciser que leur parfaite extériorité n’était qu’apparente. Ainsi, ce candidat qui a soutenu sa thèse dans une autre ville que celle où il a été recruté précisait-il sur le questionnaire qu’il nous a retourné : " non, je n’avais pas enseigné dans l’établissement qui m’a recruté mais j’avais été ATER dans un autre établissement de cette ville et j’avais donc eu des contacts avec un professeur de l’établissement où j’ai été recruté comme mcf. Sans ces contacts... ? ".

De façon similaire à l’interrogation précédente, les établissements qui ont recruté des candidats " en externe " présentent-ils des traits communs ?

On relève chez plusieurs d’entre eux l’impossibilité matérielle de recruter leurs propres étudiants, leurs anciens ATER ou chargés de cours lorsque la formation en sociologie ne constitue qu’une mineure dans les enseignements dispensés, ou lorsqu’elle est trop récente. On peut ainsi ne pas disposer de candidats locaux de façon structurelle (au moins pour une période donnée, il faudra parfois attendre plusieurs années pour en avoir). Plusieurs candidats ont ainsi mentionné qu’il n’existait pas de candidat local (au sens d’Alain Chenu) l’année de leur recrutement, le département de sociologie de leur établissement étant trop récent pour délivrer des thèses. Si certains établissements ne recrutent pas les docteurs qu’ils ont formés et sont donc amenés à recruter des candidats extérieurs, c’est tout simplement parce qu’ils n’en forment pas (tel est le cas des départements de sociologie trop récemment créés pour avoir accueilli des soutenances de thèse , mais aussi des IUT ou des IUFM). En revanche, ces mêmes établissements font bien souvent appel à des chargés de cours et l’on observe qu’ils les recrutent bien souvent comme maître de conférences. (L’indicateur du localisme proposé par Alain Chenu nous semble donc minorer mécaniquement la tendance au recrutement " en interne ").

Si les IUT et les IUFM sont donc structurellement contraints à recruter des "extérieurs" au sens où ils n'auront pas soutenu leur thèse dans ces établissements, on semble noter chez ceux-ci une sensibilité locale qui s’exprime ici de façon strictement géographique. Ainsi, avoir soutenu sa thèse dans l’université de la ville où est également implanté l’IUFM peut favoriser un recrutement. Sans doute s’agit-il là d’un souhait des établissements lié au désir de présence sur place des futurs recrutés. Peut-être cet avantage des locaux est-il également en partie lié à la présence de collègues des candidats dans les commissions de spécialistes des IUFM. Cela viendrait prolonger la tendance que l’on observe à recruter ses collègues non statutaires au sein de l’établissement où l’on enseigne et où ils ont eux-mêmes exercé. On le voit, les logiques "localistes" sont sans doute beaucoup plus fortes et plus complexes que ne le laissaient supposer les chiffres jusqu'ici disponibles.

Cet essai sur les recrutements ne pose pas seulement le problème de l’équilibre toujours difficile à trouver entre recrutement local et recrutement extérieur. Il peut sans doute contribuer à éclaircir certains débats récemment apparus dans le cadre de l’ASES.

Sur les 26 nouveaux maîtres de conférences qui avaient déjà enseigné dans l’établissement qui les a ensuite recrutés sur un poste statutaire, 23 nous ont précisé quel avait été leur statut durant leur phase de précarité professionnelle, du moins vécue comme telle. Fait marquant, 13 d’entre eux – soit plus de la moitié – ont été ATER dans l’établissement qui les a ensuite recrutés comme maître de conférences.

Voici quelques mois, des ATER protestaient vigoureusement auprès de l’ASES contre le sort ingrat qui leur était réservé et contre l’incertitude dans laquelle les tiendrait leur statut . Il ressort des questionnaires que nous avons recueillis que le statut d’ATER, en dépit de son caractère provisoire, représente non seulement la " voie royale " pour être recruté comme maître de conférences à l’université – ce qui n’est déjà pas si mal – mais que, par ailleurs, celui-ci permet souvent de poser une option sur l’établissement où l’on sera ensuite recruté par voie de concours. Malgré tous leurs défauts, ces emplois permettent de s’insérer localement et, ainsi, d’augmenter très sensiblement ses chances de recrutement sur un poste stable .

Comparativement, le monitorat semble beaucoup moins efficace pour s’implanter localement puisque 3 candidats seulement avaient été moniteurs dans leur établissement ; par ailleurs, tous ont ensuite enchaîné avec un poste d’ATER avant de pouvoir être recrutés sur place. De la même manière, on ne trouve que deux PRAG et un PRCE, ceux-ci faisant peut-être les frais, pour accéder à un poste de maître de conférences localement, de leur statut perçu par leurs collègues comme " déjà satisfaisant ". On trouve également deux anciens maîtres de conférences associés. Enfin, 8 des " locaux " ont exercé à un moment ou un autre des fonctions de chargé de TD ou chargé de cours comme vacataires (trois ayant occupé successivement ces fonctions et celles d’ATER). La position la plus précaire à l’université peut donc elle aussi ouvrir les portes d’un recrutement local futur en favorisant sans doute l’interconnaissance et la reconnaissance.

Les réactions ayant accompagné les réponses à notre enquête nous semblent mériter également une brève présentation.

Les réactions les plus vives ont sans doute été celles des candidats qui ont été recrutés à l’extérieur avec, bien souvent, non pas un sentiment de triomphe mais celui d’être " passés au travers ", d’avoir eu beaucoup de chance.

Plusieurs maîtres de conférences nouvellement recrutés ont accompagné leur réponse d’un courrier et d’un mot d’encouragement tel celui-ci : " J’avais été surpris par le faible nombre de recrutements locaux indiqué dans le bulletin n°24 de l’ASES. A partir de la même liste, j’arrivais à un nombre de 13 personnes en prenant un critère un peu plus large, plus informel, celui d’une implantation locale (par l’enseignement, par un ancien statut d’étudiant par exemple ). Ce nombre est sans doute inférieur à celui que vous allez pouvoir établir. Je ne disposais que d’informations partielles (...).

Je pense en tout cas qu’il est effectivement utile de produire une certaine connaissance sur cette question. Bonne chance pour ces recherches sur un sujet délicat que certains ne souhaitent pas approfondir, l’opacité dans laquelle se déroule ce concours leur paraissant confortable ".

Un autre collègue nous écrivait : " Très bonne idée qu’une définition plus fine du localisme, pour de nouvelles définitions des procédures, c’est ce que l’on peut souhaiter.

S’il en était besoin, je me tiens disponible pour un questionnaire plus détaillé ou un entretien ".

D’autres encore nous ont proposé de les appeler ou nous ont fait des suggestions pour étendre encore notre enquête.

Si certains maîtres de conférences recrutés à l’extérieur disent avoir souffert de la concurrence des locaux avant de réussir à s’imposer (l’un d’entre eux a écrit sur le questionnaire : " Le poste était néanmoins destiné à des candidats locaux. Ces derniers ont été disqualifiés par le CNU (19). Je suis contre le localisme. J’en ai souffert "), il convient de rappeler également que certains locaux en font eux aussi les frais et ce, quand bien même ils sont recrutés. Ainsi, comme nous l’a exposé par téléphone l’un d’entre eux, être recruté localement signifie aux yeux de certains collègues avoir bénéficié d’un passe-droit et n’être qu’un candidat médiocre. Au sein même des départements où ils exercent ensuite, il ne serait pas rare que l’on fasse " payer " leur recrutement à ces nouveaux collègues en leur rappelant au besoin tout ce qu’ils doivent à l’indulgence de la commission. On pourrait s'interroger aussi sur le prix de soumission payé par les locaux, qui mérite d'être apprécié à sa juste valeur.

Cette enquête permettra, nous l'espérons, d'alimenter le débat sur le localisme ainsi que sur les différents statuts qui permettent d’accéder à la profession d’enseignant-chercheur en sociologie. Notre expérience comme membre de plusieurs commissions de spécialistes nous a permis d’apprendre que l’on y entend souvent évoquer l’équilibre souhaitable entre recrutements locaux et recrutements extérieurs. Pour cela, il convient sans doute de savoir quelle est la part de chaque type de recrutement à l'échelle nationale et si l’on pense qu’il conviendrait désormais de favoriser tel ou tel type de recrutement. Pour répondre à une telle question, chacun sera libre de retenir la définition que suggérait ici même Alain Chenu voici quelques mois, ou celle que nous pensons pouvoir proposer pour éclairer différemment ce débat. En effet, il n’est sans doute pas indifférent de considérer qu’un cinquième des recrutements soit local, ou que tel soit le cas des deux tiers d’entre eux.

Les données que nous avons présentées peuvent aussi avoir l’intérêt de rassurer certains collègues récemment recrutés localement, que l’on persuade parfois d’avoir bénéficié d’un passe-droit. Si le recrutement local relevait effectivement du passe-droit, nos chiffres tendent à montrer que celui-ci serait sans doute assez général et la dette qui aurait été ainsi contractée envers les collègues ne serait peut-être pas si lourde.

Il nous semble que l’analyse durkheimienne en terme de force qui s’imposerait aux départements de sociologie et aux commissions de spécialistes qui en émanent permet d’éclairer largement certaines pratiques qui règnent actuellement parmi nous. Cela devrait-il changer ? Chacun d’entre nous pourra répondre librement. Pour notre part, et au vu des éléments précédents, un changement nous semble peu probable si ne nous sont pas imposées de nouvelles règles administratives qui viendraient contrecarrer les forces sociales trop souvent méconnues ou tues qui jouent actuellement librement.

Alain Quemin

 

 

 

 

 

 

 

***

 

TRIBUNE LIBRE

A propos des lettres de recommandation dans les dossiers de candidature à un poste de maître de conférences en sociologie

Antonio Monaco
IUFM de Lorraine

A la lecture des dossiers de candidature à un poste de maître de conférences, j’ai été surpris par la présence de lettres de recommandation. Sur 11 dossiers que j’avais à examiner, 4 présentaient cette pièce. Cela m’a mis très mal à l’aise et m’a poussé à réagir en proposant ici quelques éléments de discussion. Mon intention est d’insister sur les problèmes que soulève cette pratique. Si on l’accepte sans précaution, on introduit - à mon avis - un nouveau critère de jugement très inéquitable entre les candidats et on biaise davantage les procédures d’examen et de sélection (je signale que la commission dans laquelle j’ai siégé n’a tenu aucun compte de ces lettres, d’un commun accord).

Pour se faire recruter, la démarche de tout candidat est bien entendu de témoigner au mieux de la qualité de ses travaux. Certains tentent de mettre des atouts supplémentaires de leur côté en sollicitant des attestations de la part d’enseignants ou de chercheurs ayant une très grande notoriété. Ces derniers leur accordent ainsi leur appui en raison sans doute des responsabilités ou des devoirs dont ils se sentent investis vis-à-vis d’eux (liens noués lors de collaborations de travail, etc.). Sans faire ici la liste de toutes les " bonnes " raisons (aux yeux de leurs auteurs) qui conduisent à produire ces documents, plusieurs arguments critiques peuvent être évoqués et m’incitent à penser qu’il est préférable de s’en passer dans un dossier de candidature.

Tel que les textes (B.O.) le prévoient, le dossier d’un candidat me semble suffisant pour renseigner sur sa position scientifique et sur ses prestations. Beaucoup de données, normalement à fournir, le permettent : rapport du jury de soutenance, indications sur les publications, les enseignements, les responsabilités collectives, les travaux de recherche et autres. Le dossier a par ailleurs déjà fait l’objet d’un examen de qualification (CNU) sur l’aptitude à exercer le cas échéant. Pourquoi rajouter alors des attestations et exiger d’autres cautions ? Dans le cadre de la fonction publique, ne faut-il pas garantir des conditions égalitaires de concours ? A ma connaissance, les candidats ne sont pas avertis de la " nécessité " ou de l’obligation de présenter ce document. Il n’est pas légitime de les distinguer sur la base de ce critère.

Une lettre de recommandation pose également des problèmes dans l’ordre des valeurs.

Elle constitue, potentiellement, un moyen d’inflexion du jugement des membres d’une commission. Elle est certes plus visible et mieux appréhendable que les échanges confidentiels entre des personnes qui soutiennent une candidature et certains membres de la commission, mais elle a bien plus de portée (vœux exprimés en direction de tous les membres et valeur symbolique très importante). Si on lui accorde un crédit, dans le même temps, on accorde aux membres les plus autorisés de la discipline (ceux qui en impriment les grandes orientations scientifiques et qui en sont les représentants illustres), le privilège de la définition des jugements professionnels.

Je m’explique sur tous ces points en soulignant que la recommandation provient de chercheurs qui ont une importante autorité scientifique. Non seulement, ils louent de cette façon les mérites du candidat, mais ils font également part de leur souhait vis-à-vis de la commission. La lettre de recommandation instaure un rapport à plusieurs facettes :

- subordination du jugement des rapporteurs à un jugement provenant d’une autorité reconnue comme supérieure (et qui se perçoit peut-être comme telle : la lettre suppose que son rédacteur et son utilisateur croient un peu en sa portée...). A ce titre, on peut considérer la lettre comme un moyen d’exercice du pouvoir dans le champ universitaire, et dans certains cas comme une ingérence dans la procédure et le travail des rapporteurs et commissions. Son contenu et sa forme s’apparentent au modèle du rapport qu’une commission doit établir ; elle suggère explicitement au rapporteur l’avis à prendre en lui donnant toutes les garanties de la validité du jugement. Le travail de sélection - ou au moins de dépistage, de tri…- est déjà fait par des personnalités dont il est, a priori, difficile de mettre en doute la pertinence du verdict.

- soumission du candidat à son rédacteur dans le cadre d’une relation de tutelle qui implique une dépendance souvent plus forte que dans le cas d’une démarche personnelle faite par un enseignant-chercheur auprès de certains membres de la commission (dans ce cas, le candidat n’est pas nécessairement mis au courant, et par ailleurs le vœux exprimé ne fait pas office de modèle de rapport que la commission doit établir, l’engagement du chercheur ne se pare pas ici des mêmes atours de la " puissance " et le force moins à envisager en contrepartie le paiement d’une " dette " de la part du candidat).

- placement du rapporteur dans une situation institutionnelle délicate, surtout lorsqu’il n’a pas la stature scientifique du rédacteur de la lettre. S’il acquiesce sur la base de ce document (quelle qu’en soit la pondération, même aussi minime soit-elle), il est pour une part dépossédé de son rôle, puisque son jugement dépend d’un autre point de vue que la commission n’a pas sollicité. En procédant de la sorte, il tend par ailleurs à avaliser les principes dits du mandarinat à l’université. S’il en vient à exprimer un avis contraire, il peut éprouver une certaine gêne à mettre en doute le point de vue d’une personne investie d’une autorité très largement supérieure – d’où peut-être l’hésitation à le faire.

Enfin, en laissant se développer les lettres de recommandation, ne risque-t-on pas de renforcer davantage les tendances au conformisme et/ou à l’allégeance ? Est-ce qu’on ne tend pas à déplacer encore plus " vers le haut " les modes de contrôle des normes propres à un milieu ? La lettre n’est-elle pas en effet une sorte de caution de " bonne tenue " du candidat, le garant d’une certaine conformité et de ses bonnes dispositions (plus encore : un certificat d’excellence de conduite) ? Tous les candidats ne sont pas nécessairement en mesure d’obtenir ce document de la part de leur directeur de thèse ou de laboratoire. Les raisons sont nombreuses et ne renvoient pas toutes à la qualité des travaux ; par exemple : mésententes courantes, conflits même mineurs, manque de connivence, absence d’un sentiment d’obligation ou d’un intérêt vis à vis du candidat… Certains postulants font un travail énorme en sociologie sans recueillir forcément de l’estime ou être louangés dans le cadre où ils se trouvent momentanément placés. Si on départage les candidats selon le critère de la lettre de recommandation, on désavantage ceux qui en sont dépourvus sur une base aussi problématique.

Pour toutes ces raisons (la liste n’est sans doute pas close), la lettre de recommandation ne me semble pas être une pièce valable (et à réclamer) pour évaluer les dossiers et classer les candidats.

Antonio Monaco

LES DESS EN SOCIOLOGIE

Compte-rendu de deux réunions
Monique Legrand
Université de Nancy 2

L'ASES a organisé, en 1998, deux réunions (les 17 janvier et 5 décembre) sur le thème de la professionnalisation des sociologues dans le cadre de la filière DESS.

Depuis quelques années le nombre de DESS dirigés par des enseignants de sociologie est en nette progression : alors que de 1974 (date de lancement) à la fin des années 1980 une dizaine de DESS ont été créés, aujourd'hui l'ASES en recense une quarantaine (cf. enquête ASES 1997).

On connaît le contexte de développement de ces diplômes. L'importance du nombre d'étudiants en sociologie ne permet plus à une majorité d'entre eux d'exercer les métiers d'enseignant-chercheur à l'Université ou de chercheur dans les institutions de recherche fondamentale. La généralisation d'un état de crise dans les sociétés occidentales, et ses effets comme la résurgence des situations d'injustice et d'inégalité sociales, déclenchent une demande sociale croissante de connaissances, mais aussi de compétences opératoires fiables.

En revanche, nous disposons de peu d'informations sur la nature de l'offre de formation professionnelle en sociologie. C'est pourquoi l'ASES a effectué un recensement et a invité les enseignants à débattre des nombreuses questions que pose le développement non concerté des DESS.

Ceux-ci sont en effet un des lieux stratégiques de réflexion sur la formation, et sur la discipline. L'importance du nombre de participants, la diversité et la richesse des échanges, les divergences d'opinions en témoignent.

Notons dans un premier temps quelques constats.

Diversité de l'offre de formation

Le panorama des DESS en France est hétérogène à plusieurs niveaux : public étudiant, relation avec le milieu professionnel, thèmes, durée, place du stage, type de débouchés, place de l'enseignement de la sociologie, etc. Cela renvoie à des histoires et des modèles différents qu'il ne s'agit pas de réduire ou de restreindre à une forme idéale, mais qu'il importe d'analyser, voire d'encadrer par quelques principes de base.

Domaines de spécialisation

Certains secteurs sont bien couverts par les divers DESS comme la gestion, les ressources humaines, l'action sociale, les politiques de l'emploi, la culture, le développement urbain, la communication, l'entreprise, les organisations; d'autres domaines seraient à explorer tels que ceux de la santé ou du marketing.

Quelques DESS forment à la maîtrise d'outils conceptuels et techniques strictement sociologiques, tels que "ingénierie de l'enquête", "sociologie appliquée à la gestion locale", "interventions sociologiques", etc.

Place du stage

Si la formation pratique est fondamentale, elle s'avère toutefois fort variée : le stage s'effectue soit en parallèle à la formation à l'université rendant ainsi possible une véritable pédagogie par alternance, soit après plusieurs mois de sessions théoriques. Le stage est laissé à l'initiative de l'étudiant, ou encore négocié par les enseignants. Sa durée est variable (de deux à six mois). Il peut enfin être l'occasion d'une mise en situation réelle d'exercice professionnel (réponse à une commande) ou n'être qu'un moment d'observation.

Mixité des publics

Le mélange d'étudiants issus directement de maîtrise avec des professionnels en formation continue est souvent considéré comme une condition nécessaire (absence de dotation budgétaire pour les DESS) et enrichissante sur un plan pédagogique. Par contre, l'hétérogénéité des formations disciplinaires de base semble poser des questions quant au contenu même des formations. La diversité des recrutements renvoie en fait à des orientations différentes quant à la fonction des DESS : doivent-ils être thématiques (et donc pluridisciplinaires) ou disciplinaires? Nous reviendrons plus loin sur cette question.

Place du DESS dans le cursus

Concernant l'articulation des DEA et des DESS, il semble qu'il y ait peu de réflexion globale au plan local. Ce que regrettent beaucoup de participants. Dans certains cas, les deux diplômes peuvent paraître concurrents, même si leurs objectifs sont nettement distincts.

Certains souhaiteraient que le DESS soit précédé d'une formation pré-professionnalisante, telle que les IUP ou les MST.

Rapport à la profession et labellisation

Les pratiques sont dans ce domaine également variées allant d'une coopération étroite (construction commune du contenu du diplôme, avec participation de professionnels et offre de stages) à une intervention mineure de professionnels dans l'enseignement. Beaucoup de participants soulignent pourtant l'utilité d'une forte proximité avec le milieu professionnel, garant non seulement de la crédibilité et de la reconnaissance du diplôme, mais aussi d'opportunités d'emploi pour les étudiants. Il y a aussi un besoin de travailler avec des praticiens de la sociologie pour préciser les exigences qui font qu'une formation produit des sociologues reconnus

Après le DESS ?

Si certains DESS forment à des métiers de sociologues, il s'avérerait utile de concevoir des espaces "post-stage" ou "post-diplôme", c'est-à-dire des lieux d'échanges sur l'exercice professionnel susceptibles de favoriser le maintien de la neutralité et de la distance sociologiques rendues difficiles par la dépendance institutionnelle. Il est à noter que depuis peu de tels lieux se créent à l'initiative des diplômés (voir par exemple "Socio-juniors" à Bordeaux, "Senac" à Lille, "Afodel" à Nancy, "Trapezes" à Grenoble, etc.).

Le paysage concernant les DESS est donc très diversifié, voire désordonné ; il est surtout peu lisible. Des débats, il ressort - au-delà des constats - quelques points forts d'interrogations visant à améliorer la visibilité des orientations fondatrices de la professionnalisation en sociologie.

Diversité du recrutement et réactions différentielles

Selon les DESS, la sélection privilégie ou non les étudiants en sociologie. Il ressort de l'enquête que la majorité des DESS recrute plutôt des personnes d'horizons disciplinaires variés (géographie, économie, travailleurs sociaux, urbanistes, ingénieurs divers...). Seuls six DESS comptent plus de 60 % de sociologues dans leurs effectifs. Cet état n'est pas le fruit du hasard mais s'explique par un positionnement différent quant à la fonction et à la place de la discipline.

Si l'on met à part les enseignants qui évoquent la moindre qualité des étudiants de sociologie, on observe deux lignes de force : ceux pour qui les DESS en sociologie doivent s'adresser à une variété de profils disciplinaires et professionnels, et ceux pour qui les DESS sont destinés en priorité aux sociologues.

D'un côté, il faut partir de "baquets culturels" pour faire de l'application de la sociologie et former des "convertis", car la sociologie doit irradier l'ensemble des pratiques professionnelles et favoriser la compréhension des situations complexes. Il s'agit de donner aux divers professionnels les outils conceptuels de la discipline afin de les aider à mieux appréhender les contextes de travail. Il est alors question de la formation à des compétences sociologiques auxquelles tous peuvent - et doivent - être formés. Il s'agit également, non pas de faire reconnaître une profession, mais d'œuvrer pour que les qualités spécifiques des sociologues soient reconnues. Dans cette perspective, les non-sociologues peuvent découvrir le regard sociologique à la condition qu'ils aient été confrontés antérieurement à des situations complexes dans leur milieu de travail ou qu'ils éprouvent la nécessité d'ouvrir leur champ d'analyse.

Mais, d'un autre côté, on prône la nécessité, face à une concurrence disciplinaire réelle, d'affirmer non seulement une compétence sociologique mais aussi un label de sociologue. Il s'agit ici de promouvoir - ou de faire reconnaître - des métiers qui sont spécifiques à la sociologie mais qui ne sont pas vus comme tels. Le DESS peut alors être conçu comme un moyen de traduire une demande sociale en une définition - ou en une consolidation - d'une compétence propre qui s'exerce dans le cadre d'une profession particulière : celle de sociologue. De plus, les partisans de cette position, considèrent qu'il est irréaliste de penser faire découvrir ce qu'est la discipline, en peu de mois, à des personnes non sensibilisées initialement à la sociologie. Cela pose la question de la crédibilité de la discipline.

Par ailleurs, force est de constater que, dans les DESS spécialisés dans un domaine - ne s'adressant donc pas majoritairement à des sociologues - la part de l'enseignement de la sociologie est minime ( dans certains cas elle ne dépasse pas 10 %; en moyenne elle avoisine 30 %). N'y a-t-il pas là une anomalie ? Aussi, devrait-on pouvoir affirmer que, si le public n'est pas majoritairement sociologue, il faudrait d'autant plus renforcer l'enseignement de la discipline. Si certains étudiants, n'ayant pas d'expérience professionnelle antérieure, insistent, peut-être vaudrait-il mieux les orienter vers un DEA?

Etiquette de sociologue ? : DESS thématique ou disciplinaire ?

Au-delà du recrutement, la question fondamentale porte sur la fonction sociale des DESS et le type de socialisation professionnelle privilégié par les enseignants. On observe également deux positions.

D'un côté il y a, à travers les DESS, une socialisation plutôt scientifique visant à un renforcement des qualités et des compétences de sociologues, et par conséquent à une meilleure reconnaissance de la discipline. Les DESS constituent une formation spécialisée dans des domaines précis et ne visent pas à une socialisation au(x) métier(s) de sociologue. La sociologie, jeune discipline, a tout à gagner à être une composante parmi d'autres. Cette position correspond très largement aux premières vagues d'habilitation de ces diplômes en sociologie.

D'un autre côté, on assiste à l'émergence, dans le milieu des années 1990, de DESS qui s'affichent avant tout comme des diplômes professionnalisant. Les DESS ont alors une fonction de socialisation professionnelle considérée comme nécessaire par leurs responsables. Il s'agit non seulement de faire reconnaitre la compétence de sociologue par la détention d'un savoir technique et culturel scientifiquement fondé, mais également de promouvoir une "sociologie praticienne" fondée sur la mise en œuvre de cette compétence dans des emplois spécifiques, reposant sur des éléments de déontologie, et constituant une référence identitaire professionnelle. Cette position s'explique aussi par la volonté de répondre à une demande sociale croissante de sociologie de la part des acteurs locaux, et par le souci d'en finir avec le brouillage disciplinaire qui a pour effet que chacun peut se revendiquer sociologue.

Les deux positions sur la fonction sociale des DESS illustrent le développement historique de la discipline et renvoient à une réflexion déjà ancienne sur les dynamiques professionnelles qui la traversent. Sont-elles pour autant contradictoires? Lors des deux réunions, les débats ont plutôt montré que les deux orientations peuvent être poursuivies de façon complémentaire et cohérente. Du reste, l'objectif de l'ASES n'est-il pas d'œuvrer à une meilleure valorisation de l'étiquette sociologue à tous les niveaux : l'enseignement (y compris secondaire), la recherche fondamentale, la compétence sociologique dans des métiers de sociologues?

Monique Legrand.

***

LISTE DES DESS EN SOCIOLOGIE

réponses au recensement de l'ASES-1997

- Développement culturel et administration culturelle. J.Bonniel. Lyon 2.

- Pratique sociale de l'insertion. S.Ebersold. Strasbourg.

- Démographie et données sociales pour les entreprises, les collectivités et les organisations. M.Lamy. Amiens.

- Ingénierie de l'éducation et de la formation. E.Charlon. Lille

- Management social des organisations. H.Lassere et G.Scheer. Lyon 2.

- Développement local et formation. M.Blanc et P.A.Dupuis. Nancy 2.

- Conseil en organisation et conduite des innovations technologiques et sociales. H.Bertrand, R.Bercot et J.C.Combessie. Saint-Denis et Amiens.

- Ingénierie et expertise des politiques sociales. D.Legall. Caen.

- Ville et conflits. S.Jonas. Strasbourg.

- Politique d'emploi et développement social. J.Y.Menard. Rennes.

- Action gérontologique et ingénierie sociale. P.Pitaud. Marseille.

- Politiques sociales locales. F.Colly et L.Costes. Evry.

- Analyse du travail, organisation, gestion de l'emploi. P.Casella et F.Eynard de Vernay. Nanterre.

- Ingénierie de l'innovation. F.Abaléa. Rouen.

- Politique locale et développement. J.L.Nahel. Rouen.

- Développement culturel. R.Weil. Rouen.

- Ingénierie de l'enquête en sciences sociales. J.C.Rabier. Lille.

- Organisation du travail et conduite du changement. J.C.Rabier. Lille

- Sociologie appliquée : enquête, diagnostic, expertise sociale. C.Lamoureux. Nantes.

- Interventions sociologiques : évaluation, diagnostic, expertise, pronostic. M.Legrand et J.Y.Trépos. Nancy-Metz.

- Sociologie appliquée à la gestion locale. D.Filâtre. Toulouse.

- Sciences de la production et des organisations. J.Sebag et J.P.Durand. Evry.

- Images et société. J.Sebag et J.P.Durand. Evry.

- Consultant culturel : projet culturel et environnement social. M.Segalen. Nanterre.

- Sociologie appliquée au développement local. G.Herreros. Lyon 2.

- Développement social et rapports sociaux entre hommes et femmes. N.Lefeuvre et J.Martin. Toulouse.

- Politique d'entreprise en développement social et emploi. R.Sainsaulieu. IEP-Paris.

- Dynamique des organisations et accompagnement du processus de changement. P.Rivard et P.Tripier. Versailles-St.Quentin.

- Maîtrise d'Ouvrage Urbaine. A.Huet. Rennes 2.

- Ingénierie des ressources humaines. J.M.Morin. Paris V

- Ingénierie de la sécurité. M.Hirschhorn et L.Gani. Paris V.

- Stratégies qualité à l'horizon européen. F. Mispelblom. Evry.

- Management des hommes et des équipes. Evry.

- Management des ressources humaines. Lille.

- Développement social urbain et formation des managers sociaux. Evry.

- Aménagement et développement local. Nanterre.

- Communication des organisations publiques et privées. Versailles St.Quentin.

- Sécurité des transports. Versailles St-Quentin.

- Conseil et études appliquées. Bordeaux 2

- Analyse pluridisciplinaire des situations de travail. Aix en Provence.

 

 

 

 

 

 

 

 

***

Quelques thèses contestables sur les bienfaits de l’application des sciences sociales, distincte de la science sociale pure et de la science sociale appliquée.

Pierre Tripier
Université de Versailles - St-Quentin

Peu de temps avant de mourir dans les circonstances que l’on sait Condorcet trace pour les sciences nouvelles dont il pressent l’éclosion, un programme et un modèle : " La marche des sciences physiques que les passions et l’intérêt ne vient pas troubler, où l’on ne croit pas que la naissance, la profession, les places donnent le droit de juger ce que l’on n’est pas en état d’entendre ; cette marche plus sure ne pouvait pas être observée sans que les hommes éclairés cherchassent dans les autres sciences à s’en rapprocher sans cesse ; elle leur offrait à chaque pas le modèle qu’ils devaient suivre d’après lequel ils pouvaient juger de leur propre effort, reconnaître les fausses routes où ils auraient pu s’engager ; se préserver de la crédulité et d’une aveugle défiance, d’une soumission trop entière même à l’autorité de la lumière et de la renommée " (Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (1796/1802 p.331)

Quelle magnifique ode à la fermeture de la communauté scientifique sur elle-même et quelle belle invitation au constant effort de singer (en vain, j’essaierai d’expliquer pourquoi) non seulement le modèle classique de la physique, celui qu’énoncera Laplace dans son théorème de la causalité universelle, mais aussi les critiques et aménagements portés à ce modèle par le principe de complémentarité de Bohr.

Le problème c’est que nous, sociologues , avons quelque difficulté à recourir à l’expérience cruciale comme les physiciens classiques et à la modélisation qui permet de calculer des probabilités affectés de possibilités comme les physiciens des particules.

En effet, un regard un peu affûté sur l’expérimentation montre que celle-ci doit être parfaitement artificielle pour réussir : c’est la nécessité de repérer et contrôler les contingences secondaires pour pouvoir être menée à bien qui rend l’expérimentation nécessairement hypothético-déductive,.

La nature particulière des expérimentations cruciales qui ont constitué les grands moments de la physique du XVIIe au XIXe Siècle ont été récemment révélés par une équipe de recherche américaine qui s’est donné pour tâche de les refaire selon les notes et documentations laissées par Oerstedt, Ampère, Maxwell, Faraday, Joule etc. Dans un premier temps les expériences, menées comme elles avaient été décrites par leurs auteurs dans des documents officiels, ne donnèrent aucun des résultats attendus.

C’est seulement quand, utilisant des détails de notes et de correspondances où les savants en question donnaient leurs trucs à quelques familiers que la reconstitution des expériences pu être faite. Ces trucs et bricolages avaient pour effet de neutraliser les effets secondaires inattendus et ainsi éprouver la thèse pour laquelle l’expérience avait été faite. Ainsi aucun de ces grands savants n’ignorait la complexité des interactions qu’ils allaient provoquer mais leur art d’expérimentateur consistait en grande partie à la réduire de façon à faire apparaître la seule relation linéaire qui les intéressaient.

Par ailleurs, pour des raisons que j’ignore, notre science s’est davantage développée, comme nous le rappelle Mackenzie, du côté de la boue de la république romaine plutôt que de l’élégante simplicité des ombres sur la caverne platonicienne. Dans l’éternel conflit Platon Aristote la sociologie a opté massivement pour le disciple, surtout paraît-il ces dernières années avec son " tournant descriptif ", D’où une certaine répugnance à styliser la réalité, ce qui est le pain quotidien de nos collègues économistes et, en conséquence, une difficulté à modéliser.

Si l’on accepte ces prémisses ce serait faire part d’un aveuglement manifeste et d’une méconnaissance complète de la vie collective que de vouloir prendre la physique (classique ou quantique) comme guide et exemple. Est-ce à dire que la sociologie est assez forte pour servir de modèle à elle-même comme nous le laissent croire certaine histoires de idées sociologiques publiées ces dernières années et qui représentent notre discipline comme une île perdue dans un océan?

Loin de suivre cette vision îlienne il conviendrait de regarder plutôt vers l’art de la guerre pour mieux comprendre le type de modèle dont notre science pourrait s’inspirer avec profit.

Sans argumenter sur ce point qui demanderait de longs développements, je propose de mettre à l’épreuve de notre pratique sociologique, c’est-à-dire de notre connaissance de certains processus collectifs, les phrases suivantes de Clausewitz :

" Dans la guerre, tout est très simple; mais la chose la plus simple est difficile. Les difficultés s’accumulent et entraînent une friction que personne ne se représente correctement s’il n’a pas vu la guerre. (..) en guerre, tout baisse de niveau par suite d’innombrables contingences secondaires qui ne peuvent jamais être examinées d’assez près sur le papier, de sorte que l’on reste en deçà du but. (..)

La notion de friction est la seule qui corresponde de manière assez générale à ce qui distingue la guerre réelle de celle que l’on peut lire dans les livres. La machine militaire, c’est-à-dire l’armée et tout ce qui en fait partie, est au fond très simple et paraît en conséquence très facile à manier. Mais il faut se souvenir qu’aucune de ses parties n’est faite d’une seule pièce, que tout s’y compose d’individus, dont chacun conserve sa propre friction sous tous ses aspects.. (..) Les dangers qu’entraîne la guerre et les efforts physiques quelle exige aggravent le mal à tel point que l’on peut les considérer comme ses principales causes.

Ce frottement excessif que l’on ne peut, comme en mécanique concentrer sur quelques points, se trouve donc partout en contact avec le hasard : il engendre alors des phénomènes imprévisibles, (..)

L’action en guerre est un mouvement qui s’effectue dans un milieu aggravé par les difficultés. Tout comme on est incapable, dans l’eau, d’exécuter un mouvement aussi simple et naturel que la marche, on est incapable en guerre d’assurer la marche des choses, même à une allure moyenne, avec des forces ordinaires. Voilà pourquoi le véritable théoricien apparaît comme un professeur de natation qui fait faire sur terre ferme les mouvements qu’il faut exécuter dans l’eau. (..)

Le général doit connaître la friction pour pouvoir la vaincre quand c’est possible, et ne pas s’attendre à trouver dans ses démarches une précision que cette friction elle-même rend impossible." (ibidem pp. 129 à 133)

En somme Clausewitz indique que toute action se déroule dans la complexité . A cause des " innombrables contingences secondaires qui ne peuvent jamais être examinées d’assez près sur le papier, " l’action à mener est difficile à anticiper. L’anticipation suppose l’expérience, l’existence, dans la mémoire de celui qui agit, de situations analogues. C’est ce qui arrive à " celui qui a connu la guerre ". Cependant " celui qui a connu la guerre " ne doit pas, à l’évidence, seulement compter sur son expérience. A quoi serviraient les milliers de pages écrites par Clausewitz sur les différentes campagnes napoléoniennes avant de produire sa synthèse magistrale dans " De la Guerre ", à quoi lui servirait-il de discuter des auteurs aussi divers que Machiavel ou son mentor Scharnhost si la seule expérience suffisait? C’est dans la tension entre la théorie et l’expérience, c’est dans la théorie filtrée et aménagée par l’expérience et la reconnaissance du terrain sur lequel se déroule l’action guerrière que peut se concevoir l’action.

Mais Clausewitz nous apprend plus, il nous apprend que la justesse de nos " interprétations de la situation " ne peuvent pas avoir lieu en théorie, elles ne peuvent exister qu’en pratique. La théorie, comme la démarche empirique citée plus haut, néglige les innombrables contingences secondaires qui constituent la vraie situation.

En somme le " tournant descriptif " est le plus mauvais parti possible celui où toute l’audace se perd, où le sociologue se contente d’être complètement exotérique, où son apport à la connaissance est celle d’un déménageur : il transporte des réalités d’un lieu obscur à un lieu illuminé.

Mais il ne met son activité ni à l’épreuve de l’action ni à celle de la conceptualisation stylisée.

C’est la raison pour laquelle je plaide ici pour une application des sciences sociales, non pour une science sociale appliquée. Si la sociologie appliquée consiste à prendre le tournant descriptif, à jouer les déménageurs, elle ne peut aboutir qu’à une familiarité contingente d’un certain type de terrain . Plaider pour l’application des sciences sociales, c’est d’abord leur reconnaître une certaine cumulativité, mais situer cette cumulativité dans la fabrication de " formes intelligibles " dont la connaissance permet non seulement d’analyser une situation grâce à une métonymie, mais aussi faire des suppositions sur certaines des parties non visibles de cette situation. Bref anticiper grâce à la connaissance disciplinaire. Mais pour pouvoir bien anticiper il faut aussi " laisser respirer le terrain ", ne pas se contenter de ce que l’on appelle théorique et qui en fait est seulement livresque.

C’est la raison pour laquelle, dans le DESS que Pierre Rivard a monté avec mon aide nous nous sommes efforcés de tenir trois orientations en même temps :

donner aux étudiants des méthodes et des façons de faire dérivées de l’ethnologie compréhensive : comprendre une situation c’est d’abord comprendre comment ceux qui sont dans cette situation l’analysent et quelles conséquences ils tirent de leur analyse;

fournir nos étudiants en modèles d’analyse sociologique qui vont des trois modes d’autorité légitime de Weber aux formes de conquête du pouvoir par Machiavel, aux sources du risque systémique pour Perrow, aux modes d’affrontement armé de Sun Tzu, à l’analyse des idéologies par Ansart, aux formes de défense rhétorique des professions par Hughes et Becker ...etc ;

leur donner le moyen de connaître et d’éprouver les outils de gestion les plus répandus dans les entreprises, des méthodes de résolution de problème à la conduite de projet, à l’évaluation de compétences, à l’application de méthodes de contrôle interne et de certification qualité.

Mais notre principe est que ces orientations ne seraient rien si elles n’étaient pas relayés immédiatement sur le terrain. Ceci suppose que nous sélectionnions nos étudiants en réservant notre contingent annuel (20 étudiants) à ceux qui ont une mission d’accompagnement du changement organisationnel. Nos enseignements étant bloqués le vendredi et le samedi matin, cette mission peut s’accomplir en même temps que l’enseignement se déroule. L’étudiant ayant trois moniteurs et un maître de stage peut, à tout moment, faire le pont entre ce qu’il vit dans l’entreprise et ce que lui enseignent ses cours

Pierre Tripier

A propos des DESS : une question stratégique

Alain Chenu
Université de Versailles - St-Quentin

Le nombre des DESS auxquels peuvent accéder les titulaires d’une maîtrise de sociologie s’est fortement accru au cours des années quatre-vingt-dix. La première édition (1989) de Sociologie contemporaine (J.-P. Durand et R. Weil, eds, Vigot) en recensait 9, démographie exclue, la seconde (1997) en compte 31. Cette progression témoigne de la capacité de la sociologie à entrer comme composante dans des formations professionnalisantes très diverses. Le paysage qui se dessine en termes de diplômes et d’emplois souffre cependant d’un manque certain de lisibilité. Les sociologues et les collègues des disciplines voisines impliquées dans la mise en place de ces DESS n’ont pas suivi une stratégie collective nationale du genre de celle des psychologues, qui ont élaboré une courte liste de registres de spécialisation - psychologie de l’enfant, psychologie clinique, psychologie sociale principalement - et ont inscrit leurs DESS dans cette palette limitée.

Les DESS auxquels on peut accéder avec une maîtrise de sociologie se répartissent pourtant eux aussi en un nombre restreint de domaines :

¾ Le plus massivement représenté est celui de la sociologie de l’entreprise et de la gestion des ressources humaines.

¾ Quelques DESS se situent dans le champ de l’encadrement et de l’évaluation du travail social.

¾ D’autres dans celui des politiques urbaines.

¾ Et enfin quelques uns dans celui des politiques culturelles et de la gestion du patrimoine.

On peut s’étonner de l’absence ou quasi absence - non définitive j’espère - de deux ou trois autres domaines, santé et politiques de santé, sociologie du marketing et des comportements de consommation, sociologie de l’éducation - dans ce dernier cas on peut penser que le terrain est occupé par les " sciences de l’éducation ", dont la sociologie est une composante.

Je crois qu’il serait utile que l’émiettement actuel des appellations des DESS soit réduit, que les diplômes existants soient répartis dans une liste courte et bien lisible de domaines, et que les liens entre formations soient renforcés domaine par domaine.

Une question stratégique qui se pose - et qui pourrait déboucher sur l’adoption d’une ligne au sein de l’ASES - est la suivante : va-t-on favoriser l’émergence éventuelle d’une profession de sociologue consultant (côté exercice libéral) et de chargé d’études sociologiques (côté exercice salarié en entreprise), ou est-il préférable que la sociologie figure comme compétence parmi d’autres dans diverses formations ? La première stratégie s’apparenterait à celle des médecins ou des psychologues et tendrait à terme à obtenir des pouvoirs publics la protection d’un titre de sociologue. La seconde serait voisine de celle des mathématiciens ou des physiciens : ces spécialistes de disciplines très générales ne s’offusquent pas de ce qu’il n’existe pas de diplôme d’ingénieur mathématicien ou d’ingénieur physicien ; ils se positionnent comme représentants d’une discipline savante et enseignante et ne cherchent pas à ce que cette discipline soit organisée comme profession autonome en dehors du monde académique.

Dans la réponse que je proposerai à cette question, je partirai de trois observations connexes.

La première est qu’il y a plus de trente ans que la question de la professionnalisation est agitée dans des réunions de chercheurs et d’enseignants-chercheurs en sociologie ; en 1964 notamment, Jean-René Tréanton avait présenté devant la Société française de sociologie un projet de diplôme d’expert-sociologue. Certes Rome ne s’est pas faite en un jour et rien ne dit que l’expert-sociologue soit mort avant d’avoir vécu, il est possible qu’il ait besoin d’un long stade embryonnaire. Mais l’absence persistante - ou du moins la présence inconstante et parcimonieuse - des professionnels dans les assemblées où des membres de l’académie discutent de ce qui devrait se faire hors de l’académie me semble tout de même mériter réflexion. Pour des universitaires qui aimeraient que leur vie ait un sens, dans un contexte où le nombre des nouveaux bacheliers s’inscrivant annuellement en DEUG de sociologie se situe entre cinq et dix mille, oeuvrer pour la science fondamentale, ou pour la seule culture générale désintéressée, constituent des légitimations insuffisantes. Evoquer la professionnalisation, l’organisation de débouchés hors de l’enseignement et de la recherche, apparaît comme un impératif moral, même si l’on connaît mal ces débouchés. Avec un tel impératif on peut s’arranger de deux manières, en développant une professionnalisation vraie, en étroite liaison avec de vrais professionnels, ou en développant une rhétorique professionnelle de façade. Mon hypothèse est que parmi les DESS existants on rencontre les deux formules ; les responsables des formations les plus en prise sur des débouchés effectifs évitent de ternir leur image en se liant avec ceux qui pratiquent une professionnalisation " Canada dry " ; d’où une difficulté chronique à nouer des coordinations entre ces responsables. Je ne veux pas dire par là qu’il ne sert à rien d’appeler à une meilleure coordination, comme je le faisais à l’instant ; mais il ne faut pas sous-estimer les obstacles.

Ma deuxième observation est que parmi les DESS existants, très peu font apparaître le mot " sociologie " dans leur intitulé. Pourquoi ? Soit parce que la sociologie n’est qu’une composante minoritaire dans ces formations, soit parce qu’elle ne constitue pas un label " vendeur ", les deux explications n’étant pas incompatibles. Même si je n’ignore pas que certains sociologues se revendiquant comme tels trouvent en entreprise des emplois bien rémunérés, je suis persuadé qu’actuellement une stratégie identitaire tendant à déployer vigoureusement la bannière de notre discipline aurait surtout des effets négatifs. Lors du quarantième anniversaire de la licence de sociologie, j’avais indiqué que les nouveaux bacheliers s’inscrivant en DEUG de sociologie était aussi souvent issus des filières technologiques que ceux entrant en IUT, mais que leur âge moyen était plus élevé (La lettre de l’ASES, n° 25, sept. 1998, p. 18). La sociologie joue au sein de l’université de masse le rôle d’une discipline assez accueillante pour des étudiants qui sont loin de faire partie de l’élite scolaire. Il serait préférable que les IUT jouent leur rôle plutôt que de refouler vers l’université un public qui aurait besoin d’un encadrement rapproché comportant de nombreuses heures de travaux dirigés ; les IUT ne jouant pas leur rôle, je trouve finalement positif que la sociologie soit une des disciplines refuges qui participent de l’ouverture des études supérieures à des jeunes qui autrement devraient mettre un terme prématuré à leur formation. Mais ces caractéristiques du recrutement de la filière sociologique, même tempérées par une forte motivation chez beaucoup d’étudiants et de collègues, ne sont pas sans effets au plan des luttes de classement qui se déploient dans le champ des débouchés professionnels. Soit la sélection à l’entrée d’un DESS est massive, et les sociologues " purs " se retrouvent très peu nombreux dans la formation ; soit elle est moins sévère et si les sociologues " purs " sont majoritaires, une plus forte labellisation de la filière et de ses débouchés dominants aura probablement pour effet de rendre plus patent un positionnement défavorable par rapport aux formations concurrentes - science politique, sciences économiques, etc.

Troisième observation : c’est en nombre infime que les sociologues " purs " réussissent aux concours de recrutement de l’enseignement secondaire tels que le CAPES et l’agrégation de sciences économiques et sociales. Pour des disciplines savantes générales telles que les mathématiques, la physique, la philosophie, l’histoire, la géographie, les CAPES et agrégations constituent pour les étudiants et pour les filières universitaires des débouchés-types qui vertèbrent toute la filière, même si beaucoup des étudiants qui réussissent ces concours sont passés par des classes préparatoires avant de fréquenter l’université. Depuis quarante ans, la sociologie est une discipline savante générale appuyée sur une filière universitaire autonome ; depuis trente ans elle figure aux programmes de l’enseignement secondaire en tant que composante clé des " sciences économiques et sociales " ; et cependant l’enseignement de SES est généralement assuré dans les lycées par des économistes, des historiens, des politistes secondairement teintés de sociologie, plutôt que par des sociologues secondairement teintés d’économie, et la part de ces derniers a probablement diminué au fil du temps. Pour une discipline savante, participer de la transmission de la culture générale en formant des enseignants du secondaire est une forme essentielle d’organisation de ses débouchés professionnels. La sociologie passe largement à côté de cette organisation-là. Un tel hiatus fait symptôme.

Les DESS - ou les " mastaires " - doivent-ils former des professionnels labellisés comme sociologues, ou des professionnels multicartes à compétence sociologique ? Pour l’avenir proche, ma réponse est clairement : formons des multicartes, dans le cadre de promotions à recrutement pluridisciplinaire. Le terreau des liens créés, au niveau des formations à bac + 5, entre différentes disciplines universitaires et entre ces disciplines et les mondes professionnels me paraît fertile. Il est plus fécond, pour des disciplines jeunes, que le cadre légitimiste des concours de recrutement de l’enseignement secondaire. La sociologie, en prise plus que toute autre discipline sur l’étude des transformations du monde contemporain, dispose d’atouts majeurs sur ce terreau, notamment à bac + 4 et bac + 5. Si elle les joue seule, elle s’expose de face aux effets d’étiquetage liés à son rôle de discipline refuge aux niveaux bac + 1 à bac + 3. Commençons par oeuvrer dans des DESS pluridisciplinaires à ce que les qualités des sociologues soient mieux reconnues. Pour ce qui est de la protection de la plaque de sociologue, on verra plus tard, lorsque les concurrents déloyaux auront trouvé un réel intérêt à l’apposer sur leur porte.

Alain Chenu

INTERNET ET SOCIOLOGIE

Philippe Cibois
Université de Versailles - St-Quentin

Comment commencer cette nouvelle rubrique ? Par un rappel de choses simples sur les aspects pratiques, ensuite viendra une promenade guidée puis quelques adresses.

Matériels et logiciels nécessaires

Ce dont il faut disposer pour commencer : un ordinateur Mac ou PC relié au réseau téléphonique, un accès à un fournisseur de services.

1) Pour l'univers Mac, le Imac est maintenant la référence ; dans l'univers PC, un modèle muni d'un Pentium devient nécessaire, un modèle inférieur (486 par exemple) se révèle vraiment trop lent et fait perdre tout intérêt à l'usage d'internet. Cependant, si on ne désire utiliser que le courrier électronique (Mail) des modèles anciens peuvent convenir ainsi que des modems moins rapides que les actuels. L'ordinateur doit être relié au réseau téléphonique par un modem qui est souvent vendu maintenant sous forme de composante du système pour les derniers modèles (dans les catalogues, on trouve par exemple dans la liste des composantes : "fax/modem 56000 bauds", ce qui correspond à la norme actuellement en vente).

2) l'accès à un fournisseur de services : il faut prendre un abonnement à l'un des nombreux fournisseurs du marché : AOL, , club-internet, francenet, imaginet, wanadoo, etc.

Les deux problèmes précédents ne se posent pas si votre université vous fournit un appareil relié au réseau, mais vous n'aurez pas votre courrier chez vous si vous ne disposez pas et d'un appareil relié au réseau et d'un fournisseur d'accès.

Le courrier électronique

Une fois muni par votre fournisseur d'accès de votre adresse sous la forme de votre nom relié à celui de votre fournisseur par le signe @ (voir plus loin la recherche sur ce signe), vous pouvez envoyer du courrier dans le monde entier à toute personne ayant elle aussi une adresse électronique. Cette fonction de mail a beaucoup d'intérêt car elle cumule l'immédiateté de la liaison téléphonique, la sécurité de l'écrit dans une boite aux lettres, mais aussi un style informel qui s'apparente plus au post-it qu'à la lettre rédigée dans les formes.

Les sites internet

C'est cet aspect, dans son utilité pour un sociologue qui va être développé ici. Il s'agira, par l'intermédiaire d'un logiciel Netscape ou Explorer, d'aller visiter des sites internet dont l'adresse se présente souvent sous la forme élémentaire www.truc.terwww signifie world wide web ou réseau mondial, truc est l'institution spécifique et ter pour terminaison peut désigner la nationalité du site (fr, ca, uk, etc. pour France, Canada, Royaume-Uni, ...), ou sa fonction (com pour commercial, gouv, pour instance gouvernementale, edu, pour instance éducative aux usa, org pour organisation non lucrative). On rencontre des adresses sans le préfixe www mais il arrive aussi qu'il soit oublié. Les adresses étaient autrefois précédées de http:// qui indiquaient un mode de fonctionnement. Cette indication devient inutile car les logiciels de navigation la proposent eux-mêmes et, de plus en plus, on clique sur des adresses plutôt qu'on ne les écrit.

Une première exploration

Soit donc une première promenade : quand l'intitulé du fournisseur d'accès est stabilisé, il propose en général un certain nombre de sites dont des moteurs de recherche comme yahoo (www.yahoo.fr) ou altavista (www.altavista.com). Cliquons sur yahoo et regardons le résultat : on nous propose une rubrique Sciences humaines : cliquons dessus, puis à l'intérieur de celle-ci sur la rubrique sociologie, allons-y, puis à Enseignement et formations, puis à Ecoles, universités et facultés. On nous propose maintenant : Genève, Grenoble 2, Neuchatel, Nice, deux adresses pour l'université du Québec à Montréal et enfin Paris IX Dauphine. Comme l'adresse de Nice nous propose des programmes d'enseignements, allons-y.

Nous sommes maintenant dans le site du département de sociologie et d'ethnologie de l'université de Nice. Plusieurs rubriques sont possibles dont par exemple, 9 modules de premier cycle avec leur programme d'enseignement. Voilà une objectif de recherche : comparer les programmes d'enseignement de la sociologie, dans les universités francophones d'abord, dans les autres ensuite.

Autre propositions : quelques liens intéressants dont les revues sociologiques. Allons voir la revue société : elle nous entraine à l'Uqam, université du Québec à Montréal, son directeur est Michel Freitag, on lit dans le texte de présentation que la revue veut "débattre des enjeux normatifs qu'implique le passage à une nouvelle postmodernité". Malheureusement, la liste des numéros parus indique que le n°15 est à paraitre à l'hiver 1996. Effectivement, en bas de page on peut lire que la dernière mise à jour du site est du 29 février 1996. Première difficulté, une certain nombre de sites ne sont pas mis à jour. Passons à une autre revue : l'Electronic journal of sociology. Il est à jour : en 1999 est déjà paru un article sur "Postmodernism and the Dada movement". Le résumé nous apprend que dans cet article "The writings of Baudrillard and Lyotard are deconstructed". Les déconstructeurs sont déconstruits par le dadaïsme.

Des banques de données généralistes sont aussi proposées :

Musée éthnologique de Genève : on y trouve mention de l'Anthropology web ring, groupe de sites ayant des intérêts communs entre lesquels on peut circuler facilement.

Base de données sociologiques : elle est hébergée par l'université Paul Mendès-France de Grenoble et permet d'interroger la base SIGSOC : je constate que des ouvrages que je pratique s'y trouvent sans difficulté.

La théorie des cohérences humaines : curieusement on y fait part du mariage de Havas on line qui rejoint AOL et Compuserve. Le site a du changer de signification.

Institut de sociologie critique. Il est hébergé par Montpellier 3 : il semble tourné vers les pays de langue espagnole et n'a pas été mis à jour depuis un an.

D'autres liens sont proposées : 28 dont la BNF et la Bibliothèque du Congrès. Dans les Ecoles, universités et facultés, on peut essayer de visiter l'UFR de sociologie de Rouen, mais son adresse ne correspond plus. Si on essaye avec celle de Nantes, cela bloque le logiciel. Par contre à l'Université du Québec à Montréal, on peut trouver des plans de cours, pour le baccalauréat de sociologie, la maitrise et le doctorat. L'université Laval est plus cérémonieuse : on y est accueilli à chaque niveau par le mot de bienvenue du directeur. Celui du premier cycle assure : "A titre de directeur des programmes du premier cycle de sociologie, je suis en mesure de témoigner de la qualité exceptionnelle de nos programmes". Il est difficile de s'en rendre compte : le résumé du module SOC 20705 "auteurs contemporains et enjeux théoriques" dit simplement que "A travers des auteurs contemporains, un professeur expose chaque année des enjeux, des débats ou des tendances de la théorie en sociologie". Voilà qui évite les mises à jour annuelles.

53 minutes se sont écoulées depuis le début de cette promenade qui avait simplement pour but de montrer comment on peut passer d'un site à l'autre. Examinons maintenant quelques adresses utiles qui peuvent aider un sociologue à voir ce qui se passe ailleurs que chez lui.

Adresses intéressantes :

Liste des universités françaises : on peut utiliser le site www.education.gouv.fr puis Le système éducatif puis Les universités mais cette liste ne semble pas à jour puisque seulement 55 sites sont répertoriées. Dans un site d'université comme : www.uvsq.fr/presuniv/webunivs.html on trouve 75 sites universitaires répertoriés.

Liste des universités italiennes : www.repubblica.it/universita/struttura/struttura.html le site de Trente, lieu actif de sociologie est à visiter (version anglaise pour certaines rubriques).

En allemagne : www.uni-koeln.de/wiso-fak/fisoz vous fait rencontrer le Forschunginstitut für Soziologie avec la photo de tout le corps enseignant

En Belgique www.ulb.ac.be/prog/soco/index.htm vous mène à l'Université libre de Bruxelles aux programmes de cours de la Faculté de sciences sociales.

Aux Etats-Unis, www.socsciresearch.com est le Research ressources for the social sciences, avec le soutien de Mc Graw Hill. Aux USA également, le site (sans www) : urbanlegends.miningco.com n'est pas un site sociologique mais est spécialisé dans les rumeurs (appelées légendes urbaines aux USA). Avec les liens on peut trouver beaucoup de choses, les derniers canulars de fausses alertes de virus comme "win a holliday" (hoax : /h o u k s/ en anglais, canular, mot dérivé de la formule cabalistique hocus pocus, elle même dérivation de "hoc est enim corpus meum" de la formule de consécration de la messe). On trouvera aussi une sous rubrique : //urbanlegends.miningco.com/library/weekly/aa021898.htm
qui est consacrée au problème de la rumeur du 90# (qui permettrait de pirater la ligne de quelqu'un sous prétexte de faire un essai technique) qui est une rumeur avec un fond de vérité : le texte renvoie à d'autres sites sur la question. Le site est rationnel, voire positiviste : à propos de la rumeur des tourbillons dans un lavabo qui se vide, dont le sens de rotation varierait en fonction de l'hémisphère nord ou sud, le site montre que la force de coriolis est négligeable et ne cherche pas l'origine sociale de la rumeur (plaisanterie d'ingénieur prise au sérieux ensuite).

Un exemple de recherche : le signe @

D'où vient ce signe appelé at, arrobas, arrobace, etc. : comment internet peut nous aider à répondre à la question ou à une question analogue. Premier réflexe, utiliser un moteur de recherche : dans Yahoo on fait la recherche sur le mot "arrobas". Plusieurs sites sont proposés, dont celui de Jérémie Arrobas, chanteur compositeur, que nous ignorons. Un site français et un canadien répondent à la question :

babel.alis.com/glossaire/arrobe.fr.htm

www.olf.gouv.qc.ca/service/pages/p10cab17.htm

Ce dernier site nous dit que " Ce symbole qui paraît nouveau à certains est pourtant en usage depuis très longtemps dans la langue commerciale anglo-américaine pour indiquer, sur un bon de commande ou une facture, par exemple, le prix unitaire d'un article; il se lit [at], puisque cette préposition anglaise sert, entre autres, à indiquer la valeur relative de quelque chose. Ainsi, " deux lampes à 15 dollars pièce " s'écrit dans un document commercial en anglais : 2 lamps @ $15, ce qui se lit à haute voix " two lamps at fifteen dollars ". Mais la préposition at, équivalant ici encore au à français, peut aussi indiquer la situation de quelque chose ou de quelqu'un, un endroit, un point dans l'espace (comme dans Jane is at the office, ou dans He works at home) : c'est sans doute la raison pour laquelle on s'en est servi pour établir les adresses électroniques, entre, d'une part, le nom de l'internaute, et, d'autre part, le nom de l'ordinateur hôte et le type d'organisation ou le pays d'origine qui le situent dans l'espace cybernétique. Le symbole @ indique donc que tel internaute est à tel endroit."

Quant au site français il ajoute "qu'il s'agit de la ligature latine de ad ("à" en français) où le a et le d cursifs de l'onciale (ad penché vers l'avant) ont fini par se confondre." Option confirmée par le numéro spécial des cahiers Gutenberg (N°22, sept.92) consacré à "Ligatures & caractères contextuels" : on y verra aussi que le "&" ("et commercial") a pour origine la sténo de l'antiquité (les fameuses "notes tironiennes" mises au point par Tiron, l'affranchi de Cicéron) et que la graphie actuelle "&" est attestée dès les manuscrits carolingiens. Les numéros des cahiers Gutenberg sont disponibles sur le site universitaire suivant :

www.univ-rennes1.fr/pub/GUTenberg/publications/publis.htm mais les fichiers sont compactés zip et en postcript (et supposent un utilitaire pour les lire et les imprimer).

Sites officiels

Quelques sites officiels pour terminer et d'abord celui de la 19e section du CNU où l'on trouvera ce qui est publié ici comme information sur la sociologie mais avec une mise à jour régulière :

www.univ-lille1.fr/cnu19

Merci à Alain Chenu et à l'université de Lille 1 pour cette belle réalisation : à quand un site ASES ? Il suffit d'un volontaire, l'hébergement dans une université ne posera pas de problème.

Autres sites publics :

www.bnf.fr site de la bibliothèque de France ;

www.insee.fr,

www.cnil.fr, pour tout savoir sur la Cnil,

www.ladocfrancaise.gouv.fr (sans cédille sous le c)

www.journal-officiel.gouv.fr pour surveiller le JO

La suite

La suite de cette rubrique, c'est vous qui voudrez bien l'écrire avec vos sites préférés, vos découvertes mais aussi vos questions, de débutant ou d'utilisateur chevronné : quelqu'un saura bien répondre.

Philippe Cibois

cibois@francenet.fr

Vie de l'ASES

Compte-rendu du conseil d'administration
du 25 septembre 1998

Présents : Y.Boulhabel, F.Cardi, A.Chenu, Ph.Cibois, L.Costes, C.Dardy, C.Déchamp-Le Roux, F.Farrugia, D.Filâtre, S.Guth, M.Hirschhorn, MC.Vanbremeersch.

1) Réflexions et échanges sur la réunion de la matinée "quelle politique de la recherche pour l'Université ?"

L'information sur le rapport Attali a été faite, mais le débat n'a pas eu lieu. Toute une série de questions sont posées :

- celle de l'équivalence internationale des diplômés dans le cadre des universités transfrontières. Quel marché, quelle concurrence ?

- celle des PRAG, exerçant à la fois dans les lycées et les universités. Vers les collèges universitaires ?

- quelle situation pour les enseignants chercheurs non-membres d'un labo CNRS ? et pour ceux qui n'ont que peu d'étudiants thésards ?

- quel devenir pour les différentes formations ? Quid des DESS, des IUP ? Et les passerelles.

- un nouveau statut pour les enseignants ?

- faut-il anticiper ou réagir une fois les choses annoncées et bientôt mises en place ? Et quel avenir pour le rapport Attali ?

2) Discussion technique à propos du questionnaire destiné à la refonte de l'Annuaire.

3) Prochaines rencontres

- des responsables de DESS : le 5 décembre

- sur les sociologues et leurs revues : le 16 janvier 99

- Assemblée Générale : le 20 mars 99. Débat sur la recherche et son avenir, organisé en ateliers.

- Réunions en province :

Toulouse : Toulouse, Pau, Bordeaux (D.Filâtre)

Sud-Est : Aix et Nice (J.-C.Primon)

Grand-Est : Dijon (M.Dion)

Françoise Cardi, secr. général

 

ANNUAIRE DE L'ASES

Un formulaire de mise à jour de l'annuaire de l'ASES a été envoyé en novembre dernier par Suzie Guth (Université de Metz, Département de sociologie, Technopole Metz 2000, 7 rue Marconi, 57070 METZ) à tous les membres de l'ASES.

Si vous ne l'avez pas reçu, si des collègues autour de vous ne l'ont pas eu, il devient extrêmement urgent de le demander à Suzie Guth et de le lui renvoyer.

On peut par la même occasion recevoir l'annuaire dès sa parution en joignant un chèque de 80F à l'ordre de l'ASES.

L'annuaire n'est pas l'annuaire des membres de l'ASES mais l'Annuaire de l'enseignement et de la recherche en sociologie, c'est à dire qu'il est ouvert à tous les enseignants-chercheurs de la discipline. Il a à cette fin bénéficié d'une aide de la direction des enseignements supérieurs.

***

RÉCAPITULATIF DES RENCONTRES PUBLIQUES DE L'ASES

Janvier 99 Les sociologues publient : où, comment ?

Sept. 98 Quelle politique de la recherche pour l'Université ?

Mars 98 Quarante ans d'enseignements de la sociologie, bilans et perspectives

Janvier 98 Les DESS de sociologie

Sept. 97 Chargés de cours, Ater, moniteurs, doctorants,... Quelle politique pour les statuts précaires ?

Mars 97 Actualité de la réforme du Deug (Bayrou)

Théorie sociologique et sociologie générale

Janvier 97 Enseigner les méthodes : observation, questionnaire, entretien

Sept. 96 Réforme du Deug ? Comment la prendre en charge.

Mars 96 Les débouchés des DEA et des docteurs (selon des sociologues non-universitaires)

Janvier 96 Campagne de recrutement 96 : nouvelles règles du jeu, nouveaux enjeux.

Sept. 95 Le bilan de la campagne d'habilitation des DEA : critères d'évaluation et processus de décision. Débouchés des DEA, avenir des docteurs en sociologie.

? Sociologie hors les murs (Lettre de nov 95)

mars 94 L'afflux, l'accueil et le devenir des étudiants de premier cycle en sociologie

octobre 93 L'habilitation à diriger des recherches : quelles exigences ?

février 92 la préparation à la recherche en sociologie et démographie (discussion du rapport Chapoulie/Dubar)

octobre 90 enseignement-recherche

mai 90 DESS

déc. 89 Journée sur les DEA

***

LETTRE DE L’ASES :

au sommaire des précédents numéros

Lettre n°25 : septembre 1998

La fondation de la sociologie française. La seconde institution de la sociologie par Francis Farrugia. L'organisation sociale de la sociologie depuis 1945 par Alain Chenu. "Souvenirs d'un vieux mandarin" par Henri Mendras

Recrutements de 1998. Informations sur le CNU par Alain Chenu. Tribune libre par Georges Ubbiali

Dossiers SES. Formation par la recherche par Gérard Boudesseul. De la sociologie aux SES par Nicole Pinet

Pédagogie. Mais que font-ils donc pendant les cours ? par Yankel Fijalkow et Charles Soulié

Vie de l'ASES.

Lettre n°24 : janvier 1998

Quelle politique pour les statuts précaires. Pour un code de bonne conduite. Comptes-rendus de la rencontre du 27 septembre 1997.

Recrutements de 1997. Les nominations d'enseignats-chercheurs en sociologie-démographie 1997 par Alain Chenu.

Vie de l'ASES. Informations

Lettre n°23 : mai 1997

A propos de la réforme du Deug. L'usine à gaz de M. Bayrou par Philippe Cibois, Analyse des nouveaux arrêtes, rencontre avec le directeur scientifique SHS, table ronde de l'ASES.

Travaux de l'ASES sur l'enseignement : des méthodes (l'observation et ses protocoles d'analyse, le questionnaire et son traitement, l'entretien et l'analyse de son contenu) ; de la théorie.

Tribunes libres : de Frédérik Mispelblom et Serge Dufoulon.

Lettre n°22 : décembre 1996

Recrutement : bilan et questions. Position de l'ASES, les nouveaux recrutés

L'évaluation du secteur Sciences humaines et sociales par Catherine Rollet

Tribune libre : Bruno Péquignot, collectif (recrutement), Nicole Pinet, Jean Copans.

Lettre n°21 : septembre 1996

Réforme du Deug ? Comment la prendre en charge ?

Frederik Mispelblom : Enseigner dans le DEUG : le savant est aussi un politique.

Philippe Cibois : Pour un Deug généraliste

Daniel Filâtre : Après trois ans d’expérience du Deug rénové, faut-il une autre réforme ?

Lettre n°20 : juillet 1996

Alain Chenu : CNU 1996, un bilan

Philip Milburn : chronique d’une grève annoncée

Philippe Cibois : morale provisoire pour l’Université

Si vous souhaitez adhérer à l’ASES

Remplissez le bulletin ci-dessous et retournez-le à :

Michèle DION (ASES)

46 bd Richard-Lenoir

75011 PARIS

La cotisation annuelle de 150 F (chèque à l’ordre de l’ASES)

inclut le service de La Lettre de l’ASES

 

Si vous êtes déjà membre de l'ASES, vous avez reçu à l'occasion de la préparation de l'AG annuelle une invitation à renouveler votre adhésion pour 1999

 

 

 

 

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

 

Association des Sociologues Enseignants du Supérieur

 

Adhésion pour l’année 1999

 

NOM Prénom

Fonctions professionnelles

Etablissement

Adresse pour l’envoi du bulletin

Signature

 

Pour recevoir un reçu fiscal, veuillez cocher cette case o